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[VIDEO] - "J'épands le lisier avec mon camion Camtrac"

Agriculteur dans le Calvados, Frédéric Calbris a transformé un camion routier en automoteur d'épandage. 

A la tête d'une exploitation de polyculture-élevage de 75 hectares au Theil-Bocage dans le Calvados, Frédéric Calbris connaît bien la problématique de l'épandage de la fumure organique depuis son installation sur la ferme familiale. S'il a depuis abandonné l'élevage bovin laitier, il doit maintenant épandre le digestat de son unité de méthanisation, active depuis 2012. L'agriculteur réalise trois apports sur ses céréales, à l'aide d'une rampe à sabot de grande largeur. Après avoir fait épandre par des entreprises de travaux agricoles (l'ensemble tracteur et tonne pouvant atteindre 65 tonnes), l'agriculteur a investi dans une tonne de 20 000 litres, équipée d'une rampe à sabots de 24 mètres, attelée à un tracteur de 220 chevaux pour limiter le tassement de sol. Mais pour l'agriculteur, cette solution n'est pas parfaite. "Un véhicule automoteur qui porte la charge me paraît plus efficace qu'un engin qui tracte une charge, explique l'agriculteur. Ayant été démonstrateur et chef de produit chez un constructeur de pulvérisateurs, j'ai toujours gardé en tête les intérêts des automoteurs." Il s'intéresse alors aux automoteurs d'épandage de type Holmer, Vredo, ou encore Vervaet. "Seulement, ces automoteurs d'épandage proposent des charges à l'essieu élevées et sont chaussés larges, ce qui ne pose pas problème lors de l'apport en début de végétation, mais devient plus problématique à mesure que la culture se développe. Qui plus est, leur tarif est élevé et aucun n'accepte des rampes de 24 mètres."  

Vers un automoteur à huit roues

L'idée mûrit alors de concevoir son automoteur sur la base d'un camion routier. Il consulte plusieurs marques de camions spécialisés et trouve une réponse positive auprès d'Astra, marque de CNH Industrial. Ce dernier développe des camions pour le génie civil conçus pour afficher un poids total jusqu'à 70 tonnes, une marque de robustesse pour Frédéric Calbris. L'agriculteur porte ainsi son choix sur un modèle huit roues motrices animé par un moteur Cursor C13 délivrant 500 chevaux. "De base, le camion coûte environ 125 000 euros, explique l'agriculteur. J'ai déniché une citerne Joskin de 20 000 litres et acheté pour 80 000 euros une rampe à patins Fliegl de 24 mètres de large. Le carrossier Cornu a réalisé tous les aménagements, à la l'exception du télégonflage réalisé par la société Normair". 

Trois circuits de télégonflage

"Sur ce camion, nous avons trois circuits différents, explique Simon Payen, dirigeant de Normair. Il y a un circuit pour les quatre roues avant, un autre pour les deux roues arrière gauche et un dernier pour les deux roues arrière droites. Au champ, lorsque l'on atteint un certain dévers, une partie du poids se reporte sur les roues dans la pente. Aidé d'un inclinomètre, le télégonflage regonfle les roues arrière impactées par l'augmentation de charge, afin de respecter les abaques des pneumatiques. Par exemple, si l'on penche à gauche, les roues arrière gauche et les roues avant montent automatiquement en pression. En plus du compresseur de 800 l/min, les bonbonnes d'air à l'arrière des roues accélèrent le regonflage des pneus." 

Réceptionné Maga

Affichant un poids à vide de 27 tonnes pour un PTAC de 32 tonnes, l'automoteur bénéficie d'une boîte robotisée 2x16 vitesses, d'un relevage avant pour y atteler une balayeuse, d'un circuit hydraulique load sensing 250 l/min à 200 bars et d'un autoguidage greffé à la colonne de direction, "sans toucher à celle-ci pour une question d'homologation". Sur ce dernier point, Frédéric Calbris a fait le choix de le faire réceptionner en tant que Maga, une façon de se délester des contraintes réglementaires (permis, respect des poses, chronotachygraphe, contrôle technique, carburant gasoil, etc.) qui vont de pair avec les camions routiers. L'engin ne peut donc pas dépasser 25 km/h sur la route. Frédéric Calbris réfléchit à une homologation Maga à 40 km/h. 

Un coût de revient d'environ 400 000 euros

Ainsi équipé, l'automoteur affiche un coût de revient d'environ 400 000 euros, 100 000 euros moins cher qu'un automoteur équivalent classique. L'agriculteur n'a pu réellement commencer à travailler avec qu'à la fin du moins de mars. "Je n'ai pas pu le tester dans des conditions extrêmes humides, reconnaît-il. Chaussé en 710/45 R22.5, le camion ne génère pas de tassement. Mais j'ai atteint une fois les limites, attelé à l'enfouisseur à dents de 9 mètres de large, sur un terrain rendu glissant par un épandage de fumier préalable. Des conditions pour lesquels l'ensemble tracteur/tonne aurait patiné depuis longtemps: peut-être ne fallait-il pas y aller ! Il faut dire que le profil des pneumatiques est un compromis et n'est pas optimal pour la traction. Des pneumatiques en 26.5 de 1,35 mètre permettraient d'améliorer l'empreinte au sol et la traction. " Côté confort, l'agriculteur apprécie la cabine du camion, qui affiche une grande surface vitrée arrière pour la visibilité. Pour rentabiliser son investissement, l'agriculteur réalise de la prestation. Outre les 3 500 à 4 000 m3 de l'exploitation, il aimerait épandre 10 000 à 12 000 m3 en prestation chaque année : "aujourd'hui, je suis arrivé à 8 000 m3". 

Vers une gamme d'automoteurs ?

Frédéric Calbris a baptisé son camion Camtrac, un nom qui pourrait devenir une marque s'il perçoit un marché pour son concept. L'agriculteur réfléchit à de nombreuses évolutions et déclinaisons. "J'aimerais pouvoir monter une rampe plus large, de l'ordre de 27-28 m, une largeur semblable aux rampes de pulvérisateur." À capacité égale, l'agriculteur estime pouvoir trouver des cuves moins longues, engendrant un porte-à-faux plus réduit. Une cuve de 16 000 litres pourrait également être proposée, en combinaison à une cuve traînée de 10 000 litres. D'autres accessoires (benne, épandeur de fumier) peuvent être montés en lieu et place de la tonne. Outre le châssis 8x8, un train roulant 8x6 ou 6x6 est envisageable, donnant ainsi accès à d'autres puissances moteur (460 ou 540 ch).

Lire aussi : Normair - un télégonflage Isobus

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