"Je me suis équipé de l'autoguidage RTK pour moins de 1 000 euros"

Conseiller agronomique au CerFrance du Maine-et-Loire, Maxime Emprou a, il y a trois ans, autoconstruit des systèmes d’autoguidage pour équiper deux tracteurs de l’exploitation familiale. Située à Nort-sur-Erdre en Loire-Atlantique, la structure de 179 hectares, mixant élevage laitier et cultures, "n’était pas assez grande pour justifier l’investissement dans un autoguidage RTK* disponible sur le marché", justifie le fils d’agriculteur. À la recherche de solutions économiques, Maxime découvre le logiciel libre et ouvert AgOpenGPS, mis au point par un agriculteur canadien. En open source*, le logiciel est constamment enrichi et mis à jour par de multiples contributeurs. Les évolutions sont en accès libre gratuitement. À l’aise avec l’informatique et l’électronique, Maxime Emprou décide de sauter le pas, s’appuyant sur les conseils délivrés sur un forum international, une page internet (www.aogwiki.fr), et des communautés sur les réseaux sociaux (Telegram, Facebook). "À l’époque, on construisait son PCB* à l’aide de plans, se souvient le conseiller agronomique. Aujourd’hui, les PCB s’achètent tout faits à un prix réduit."

Au fur et à mesure des évolutions, la solution devient de plus en plus à la portée des novices. "Aujourd’hui, il est possible d’acheter tous les composants sur internet pour moins de 1 000 euros, résume Maxime Emprou. Il en est de même de l’accessibilité au logiciel, qui dispose désormais d’un tutoriel intégré : la configuration s’effectue comme les systèmes commerciaux."

Une précision bien en deçà de 5 cm

Maxime Emprou indique que la précision dépend avant tout de la proximité d’une balise RTK. "Quand on reste à moins de 50 kilomètres d’une antenne, la précision du signal est de l’ordre de 3 cm, assure-t-il. Là où on perd de la précision, c’est au niveau du moteur électrique qui agit sur le volant. Quand l’autoguidage est piloté au niveau de l’orbitrol de direction, comme certains utilisateurs d’AgOpenGPS l’ont fait, on gagne en précision et en réactivité." La précision constatée reste malgré tout très satisfaisante. Pratiquant le non-labour, l’exploitation familiale a pu encore l’expérimenter récemment. "Nous avons semé dans les lignes générées par le décompacteur, cite pour exemple Maxime Emprou. Le délai entre les deux passages (décompacteur et semoir) était important. Malgré tout, en termes de précision, nous étions bien en deçà des 5 cm."

La solution AgOpenGPS de Maxime Emprou ne permet pas pour le moment de sélectionner automatiquement la balise RTK la plus proche. Charge au conducteur de le faire et, en cas de coupure du signal, de choisir une autre antenne.

Un montage relativement facile

Selon le conseiller en agronomie, le montage de l’autoguidage reste accessible. "Le plus délicat est le capteur d’angle mesurant le braquage des roues avant. Selon les modèles et générations de tracteur, il y a ou non l’emplacement prévu pour le fixer. Il faut ensuite faire passer les câbles pour ramener l’information en cabine. Quand le tracteur est précâblé, voire encore mieux pré-équipé pour l’autoguidage, c’est beaucoup plus facile, reconnaît Maxime Emprou. Quant au volant motorisé, aujourd’hui, il se monte principalement des modèles à couronne crénelée qui s’harnachent sur le volant existant. Chez moi, c’est un système plus ancien à courroie. Il existe des plans 3D pour toutes les marques, tous les matériels, tous les volants. Il y a des sites où l'on peut faire imprimer en 3D ce volant motorisé ou des collaborateurs AgOpenGPS qui le construisent en prestation."

Ludovic Vimond