Florian Roux, viticulteur : « Je ramasse toutes sortes de pierres dans les vignes »
En Charente-Maritime, Florian Roux s’est équipé d’une ramasseuse de pierres interrangs. Une stratégie alternative au broyage.
En Charente-Maritime, Florian Roux s’est équipé d’une ramasseuse de pierres interrangs. Une stratégie alternative au broyage.
Viticulteur et prestataire de services à Pons en Charente-Maritime, Florian Roux s’est équipé d’une ramasseuse de pierres Tasias capable d’intervenir dans les vignes en place. « L’objectif initial était de pouvoir traiter toutes sortes de pierres dans les vignes. » Le viticulteur est parti de deux constats pour justifier d’investir dans cette prestation de services. Dans les parcelles contenant du silex, de nombreux entrepreneurs rechignent à broyer les pierres, car le jeu de marteaux fond alors comme neige au soleil. Seconde observation, « le fait de broyer finement certaines pierres calcaires peut engendrer une chlorose », ajoute le viticulteur.
La ramasseuse traînée ne demande que 70 ch
L’extraction des pierres de la parcelle constitue l’alternative au broyage. Celle-ci est plus facile et plus complète, lorsqu’elle est réalisée en amont de la plantation. Pour les vignes en place, c’est plus délicat. « J’ai fini par trouver un modèle du constructeur espagnol Tasias, importé en France par CLM Matériel », explique Florian Roux. L’appareil traîné se compose de dents releveuses, suivies d’une grille qui calibre les pierres. Celles-ci sont poussées par un rotor à trois barres de dents à sécurité ressort qui poussent les grosses pierres contre les grilles, les séparant de la terre fine, avant de les conduire dans la trémie. D’une largeur de 1,52 m, la ramasseuse MX.V-15A-D dispose de dents d’andainage pour augmenter la largeur de travail à 1,80 m. Elle bénéficie d’un timon pivotant doté d’un vérin hydraulique permettant de la déporter latéralement. Entraînée par la prise de force du tracteur, elle ne demande pas beaucoup de puissance. « Je la tracte avec un Fendt 209 F de 90 ch, mais un tracteur de 70 ch suffirait amplement », confie le prestataire, après une saison.
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Les pentes trop importantes constituent la seule limite en termes de traction pour cette machine de 1,6 tonne à vide, pouvant contenir près d’une tonne de pierres : le tracteur fruitier trop léger doit être remplacé par un tracteur standard, plus lourd. « Il faut du poids, sinon on glisse sur les pierres. » Pour décharger, le convoi doit sortir de la vigne afin d’avoir suffisamment de dégagement et vider à même le sol ou dans une benne à plus de 2 m de haut.
Concernant le débit de chantier, l’ensemble tracteur-ramasseuse avance à une vitesse 1,7 à 2 km/h, quand la parcelle n’est pas trop chargée en cailloux. "Mais on peut redescendre à 1 km/h lorsqu’il y a un volume de pierres conséquent, ajoute Florian Roux. Si les vitesses d’avancement sont comparables à celle d’un broyeur de pierres, le volume de la trémie est un facteur limitant. Il faut parfois aller vider alors que l’on n’a pas encore fini la longueur. Au final, un hectare est abattu en cinq heures, comme il peut falloir une bonne journée, si la quantité de pierres est importante, la vigne toute en longueur et/ou le point de déchargement éloigné. J’ai ramassé jusqu’à 70 tonnes de pierres en une journée et demie."
Un retour sur investissement rapide
Au total, depuis le début de la saison entrecoupée de longues périodes humides empêchant la prestation, Florian Roux est intervenu chez une quinzaine de clients et a ramassé des pierres sur plus de 25 hectares. La prestation est facturée 80 euros de l’heure, ce qui devrait permettre de vite rentabiliser l’achat de la ramasseuse (21 000 euros). « Le tarif monte à 85 euros lorsque j’utilise l’andaineur de pierres à dents droites (acheté 3 500 euros) en amont de la ramasseuse », précise-t-il. Cerise sur le gâteau, les viticulteurs se retrouvent avec des pierres qu’ils peuvent utiliser pour encaisser un chemin ou une cour.
Les retours des clients sont positifs. « Certains veulent déjà que je revienne chez eux, pour repasser dans les mêmes parcelles, dont d’autres pierres ont été remontées par du travail du sol depuis la prestation. D’autres veulent que je revienne avec une grille plus fine, que je vais acheter cet hiver. D’autres encore souhaitent que je fasse le même travail dans de nouvelles parcelles », se réjouit Florian Roux.
Un sol bien préparé avant le passage de la ramasseuse
Pour un ramassage efficace et un bon tri des pierres, Florian Roux préconise de passer avec un canadien ou un vibroculteur sans rouleau. « Il ne faut pas rappuyer pour éviter d’enfouir les pierres. La terre doit être sèche et fine, quitte à passer plusieurs fois avec les outils de travail du sol. Moins il y a de mottes herbeuses, moins il y aura de terre dans la trémie, plus le tri sera efficace. »
Broyer ou ramasser les pierres dans une vigne en place
Dans une vigne plantée, il existe deux solutions pour agir sur le taux de pierres dans la vigne : l’extraction et le broyage. Avec chacune leurs avantages et inconvénients.
Les pierres dans l’interrang peuvent poser soucis dans un certain nombre d’applications viticoles. C’est le cas pour le broyage des sarments, la tonte, l’épamprage, le travail du sol et le semis sur l’interrang, etc. Les pierres peuvent générer de la casse et/ou une usure prématurée. L’une des solutions consiste à s’équiper de pièces renforcées au carbure, moyennant un surcoût qui va du double au quadruple d’une pièce standard. Qui plus est, les pierres peuvent dans certaines conditions faire sauter la pastille au carbure.
Broyer les pierres permet de réduire de manière drastique la granulométrie des cailloux et de garder l’épaisseur de sol. Cette granulométrie dépend de la vitesse d’avancement et des réglages du broyeur de pierres. Les constructeurs proposent des appareils à partir de 68 cm de gabarit et 45-50 cm de largeur de travail, quand les plus gros atteignent 1,50 à 2 m en interrang et jusqu’à 3 m en l’absence de vigne. Côté tarif, étant donné les besoins de puissance et les faibles vitesses de chantier, ou encore en fonction de la densité de pierres, de la profondeur de travail et la granulométrie souhaitée, les prix peuvent énormément varier (de 150 à 1 000 €/ha constatés). Certains entrepreneurs prennent également en compte la nature des pierres à broyer, refusant bien souvent, pour raison d’usure extrême des marteaux du broyeur, de traiter galets et silex. Pour ces derniers, le broyage a également comme méfait la formation d’éclats tranchants aux conséquences négatives pour les pneumatiques des tracteurs, véhicules tractés et machines à vendanger amenés à travailler dans la parcelle.
Prendre en compte la nature et la quantité de pierres
En broyage, la nature des pierres est également à prendre en considération d’un point de vue agronomique. Dans les sols riches en calcaires actifs, c’est-à-dire dont le calcaire se dissout facilement, le broyage fin augmente la surface d’attaque des pierres et donc la libération de calcium qui modifie de manière importante le pH du sol, empêchant la vigne d’absorber le fer. Cela se corrige par des apports de composts, une ou plusieurs applications de chélate de fer, de sulfate ou de nitrate.
L’autre solution consiste à exporter les pierres au moyen d’une ramasseuse de pierres. S’il existe un certain nombre de constructeurs de ramasseuses de pierres de plein champ, ils sont beaucoup moins nombreux lorsqu’il faut intervenir en interrang, voire inexistants en vignes étroites. Ces appareils travaillent sur une faible profondeur (8-10 cm maximum) et nécessitent plusieurs passages en amont pour avoir une terre fine et sèche. Ils disposent de grilles de différents maillages, afin de trier les pierres plus ou moins grosses. Dans les vignes riches en pierres, il peut être judicieux de ne pas choisir une grille trop fine. Sinon, la profondeur de sol peut diminuer de manière importante, avec le risque d’exposer davantage la culture à la sécheresse. De plus, une extraction exagérée de pierres dans l’interrang génère une différence de niveau avec le cavaillon et un risque de déchaussage pour la vigne.