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Comment s’équiper pour distribuer des betteraves fourragères ?

La distribution des betteraves fourragères peut s’effectuer avec le matériel existant sur l’exploitation. Mais pour limiter les risques liés à la tare terre, un équipement de nettoyage peut faire la différence.

Appréciée pour ses qualités nutritionnelles, la betterave fourragère est souvent boudée par les éleveurs, soit du fait de l’absence d’ETA ou de Cuma équipées pour la récolte, soit par crainte des contraintes liées à sa distribution. Pourtant, lorsque les conditions sont réunies pour l’arrachage, il existe des solutions pour distribuer les betteraves, sans nécessairement investir dans du matériel coûteux. « Quand elles sont utilisées en faible quantité en complément dans la ration, comme c’est souvent le cas, il est préférable d’utiliser le matériel de distribution présent sur l’exploitation, estime Christian Savary, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de Normandie. Les betteraves sont ainsi chargées dans la mélangeuse, la distributrice ou le godet distributeur. » Ces solutions ne sont réellement satisfaisantes qu’à la condition de disposer de racines suffisamment propres et sans cailloux. « Il faut avoir la possibilité d’implanter les betteraves dans des terres pas trop collantes et sans cailloux, mais aussi de pouvoir récolter dans de bonnes conditions. Cela fait donc beaucoup de conditions que bon nombre d’exploitations ne peuvent pas réunir », observe le conseiller.

« La problématique cailloux est très présente en France avec, par exemple, des terres à silex dans le Nord ou granitiques en Bretagne », avertit Olivier Gros, directeur de Juraccessoire. La découpe des betteraves est aussi un aspect à ne pas négliger. « Des betteraves entières ou trop partiellement découpées compliquent leur préhension par les vaches et elles se retrouvent souvent dispersées sur la table d’alimentation. Dans le pire des cas, elles peuvent provoquer des étouffements », détaille le dirigeant. Si certains bols mélangeurs peuvent recevoir des couteaux spécifiques pour les betteraves, la coupe reste partielle et la problématique de la tare terre n’est pas réglée. De même pour les godets distributeurs à vis intégrant un coupe-betterave, dont le fonctionnement est en plus très sensible à la présence de pierres.

Nettoyer et hacher en distribuant les betteraves

Les éleveurs soucieux de bien valoriser leurs racines dans la ration et de limiter les contaminations liées à la terre et aux cailloux, ont donc intérêt à se tourner vers des matériels spécifiques assurant le nettoyage et le hachage. Les godets nettoyeurs hacheurs distributeurs montés sur le relevage arrière ou le chargeur frontal du tracteur, mais aussi sur les valets de ferme ou les chargeurs télescopiques, sont les plus répandus.

Ces appareils peuvent toutefois montrer leurs limites dans les gros élevages par manque de débit. Les exploitants disposant d’un bol mélangeur ou d’une mélangeuse automotrice peuvent souhaiter incorporer la betterave dans le mélange. Pour charger la mélangeuse ou l’incorporateur d’une unité de méthanisation, mais aussi pour étaler une couche de betteraves broyées lors de la confection d’un tas d’ensilage, il est possible de s’équiper d’un godet hacheur offrant davantage de débit, comme le proposent Juraccessoire ou l’anglais KW Farm. Dans ce cas, il faudra disposer de betteraves suffisamment propres ou les nettoyer auparavant avec, par exemple, un godet de nettoyage à cage rotative que l’on immerge dans un bac d’eau, un équipement présent chez Juraccessoire. Ce godet nettoyeur peut aussi intéresser les utilisateurs d’automotrice qui chargent les betteraves à la fraise.

Broyer à poste fixe pour les gros troupeaux ou la méthanisation

Autre solution pour les gros élevages, le broyage à poste fixe offre davantage de débit. Juraccessoire, Emily ou encore l’irlandais Cross commercialisent des broyeurs de ce type qui ne craignent pas les pierres. Ces installations servent également à alimenter des unités de méthanisation. Juraccessoire se distingue avec une version nettoyeuse broyeuse qui est aussi déclinée en version traînée derrière le tracteur. « En version broyage seul, 3 m3 de betteraves sont absorbés en cinq minutes, alors qu’en combinant nettoyage et broyage, il faut compter douze minutes pour traiter le même volume », indique Olivier Gros.

En chiffres

12 000 à 25 000 euros HT (selon le volume et l’équipement) pour un godet nettoyeur hacheur distributeur

25 000 à 50 000 euros HT pour un broyeur ou nettoyeur broyeur à poste fixe (selon débit et équipements choisis)

Un nettoyeur de betteraves mobile

Les laveurs épierreurs hacheurs de betteraves du constructeur irlandais Cross sont montés sur une remorque, permettant une prestation de ferme en ferme. « Ces machines offrent un gros débit de chantier, de l’ordre de 50 tonnes par heure pour le premier modèle. Des ETA se sont montrées intéressées, mais n’ont pour l’instant pas concrétisé leur investissement, par crainte de ne pas pouvoir le rentabiliser avec leur clientèle. Un modèle plus accessible débitant 20-25 t/h serait plus adapté au marché français. Mais pour l’instant, dans le catalogue Cross, les machines de ce débit n’épierrent pas », indique Bertrand Plessis, de la société Oria Agriculture, qui importe la marque Cross.

En Belgique, des éleveurs de la laiterie des Ardennes profitent de la prestation d’un entrepreneur équipé d’un matériel Cross. Pour des chantiers de lavage et épierrage, sans broyage, les betteraves lavées étant restockées en silo, le débit de la machine varie entre 40 et 60 t/h avec une tare terre compris entre 7 et 20 %. 16 000 litres d’eau sont nécessaires pour traiter 120 tonnes de betteraves. Le chantier, qui doit intervenir le plus rapidement après la récolte pour faciliter le nettoyage, impose deux bennes pour réceptionner et déplacer les betteraves lavées, une benne pour la récupération de la boue et des pierres, et un engin de manutention pour remplir la trémie de la machine. Début 2022, la prestation était facturée 7 à 8 euros la tonne lavée. « A posteriori, nous nous sommes rendu compte que le lavage des betteraves avait un impact sur leur conservation en tas, en accélérant la pourriture. Les betteraves lavées en fin de cycle peuvent aussi est être couvertes d’un film de terre peu visible, mais qui impacte leur appétence. Pour que cette méthode soit réellement satisfaisante, il faudrait une machine plus petite, de manière à se rendre régulièrement dans les élevages pour préparer de petites quantités de betteraves. Le constructeur belge VDW a une solution de ce type », indique Valery Samyn, ingénieur conseil à la laiterie des Ardennes.

Trois constructeurs de godets polyvalents

Les godets nettoyeurs hacheurs distributeurs de betteraves fourragères se montent sur le relevage ou le chargeur frontal du tracteur. Les plus petits modèles conviennent aux valets de ferme, tandis que les gros sont adaptés aux chariots télescopiques et aux chargeuses.

L’offre en godets nettoyeurs hacheurs distributeurs se limite essentiellement à trois constructeurs. Le français Juraccessoire a la gamme la plus étoffée avec des modèles de différentes dimensions (1,50 à 2,70 m de large et 700 à 2 700 l de capacité) pour assurer une distribution latérale compatible avec la largeur du porteur. Le constructeur jurassien collabore avec le belge VDW pour le développement et la fabrication de ces outils. Deux conceptions de godets cohabitent dans la gamme Juraccessoire. Les modèles dédiés spécifiquement à la distribution des betteraves utilisent un rotor ajouré pour le nettoyage, avec un bac de récupération de la terre et de cailloux en dessous. Une fois nettoyées, les betteraves sont acheminées sur le côté du godet où, après ouverture d’une trappe, elles tombent dans un rotor de broyage associé à un contre-couteau, dont la position détermine la finesse de broyage. Le broyeur est protégé des gros cailloux par un système d’escamotage hydraulique du contre-couteau.

Différentes méthodes de nettoyage

La seconde catégorie de godets du constructeur, adaptée aussi bien aux betteraves qu’aux pommes de terre, emploie quatre rouleaux de nettoyage à rotation synchrone, dont le mouvement dans un sens assure le nettoyage et dans l’autre sens, l’acheminement vers le broyeur latéral. Un bac récupère également la matière en dessous des rouleaux.

Deuxième constructeur proposant un godet à trois fonctions, le belge Robert décline son modèle HB en trois volumes de 1 m3, 1,6 m3 et 2,5 m3. Il utilise un tapis à chaîne plate pour mettre en mouvement les betteraves et les nettoyer, un fond à claire-voie laissant passer la terre qui est évacuée dans un bac sur le côté de l’appareil. De l’autre côté, les betteraves sont hachées par un rotor accompagné d’un contre-couteau monté sur charnière, une sécurité à ressort autorisant le dégagement des grosses pierres.

Le nettoyage à l’eau complexifie le chantier

Chez l’Irlandais Tanco, le seul modèle i60 Cleanfeed de 1,2 m3 utilise un nettoyeur à deux pales rotatives associées à un fond à claire-voie. Le broyeur latéral est doté d’un fond escamotable laissant passer les pierres. Tanco propose en option un dispositif d’aspersion d’eau pour améliorer le nettoyage. Cette solution est également proposée par Juraccessoire, mais comme le confie Olivier Gros, directeur de Juraccessoire, « le nettoyage à sec est la plupart du temps suffisant. L’ajout d’eau complique le chantier et la gestion des déchets. Il peut se justifier pour des exploitations ayant une fabrication fermière au lait cru, qui sont très exigeantes sur les butyriques ».

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