Avec une machine à vendanger tractée, l'investissement réduit de moitié
Les machines à vendanger tractées véhiculent beaucoup d’idées reçues, mais affichent aujourd’hui des performances similaires aux automotrices, pour un prix divisé par deux.
Les machines à vendanger tractées véhiculent beaucoup d’idées reçues, mais affichent aujourd’hui des performances similaires aux automotrices, pour un prix divisé par deux.
« Quand on a un budget serré et que l’on ne souhaite pas utiliser la multifonction des porteurs, il n’y a aucune raison de ne pas opter pour une machine à vendanger traînée », plante Jacques Servoles, directeur du département vignes larges chez Pellenc. Et pour cause. Les dernières générations de machines tractées ont tout des grandes, sauf le prix, qui est moitié moins cher. Un argument qui ne laisse pas de marbre, à l’heure où les trésoreries se tendent. Beaucoup de viticulteurs sont réfrénés par la peur de voir des performances amoindries par rapport aux machines autoportées. « J’ai 128 hectares, illustre Fabrice Vergé, viticulteur coopérateur à Moussolens, dans l’Aude. Je pensais que les tractées n’étaient pas pour moi, qu’elles étaient réservées aux petites exploitations. » Étant donné le contexte actuel, le viticulteur a été contraint d’étudier toutes les économies possibles. Quand est venue l’heure de renouveler sa machine, ce poste s’est présenté comme un levier.
Un coût total de 175 euros par hectare pour une machine neuve
« Reprendre une autoportée neuve coûtait trop cher, poursuit le viticulteur. On m’a proposé une version tractée et après une démonstration j’ai franchi le pas en achetant une Pellenc Grapes’line 80. » Une décision qu’il ne regrette aucunement. Son débit de chantier est meilleur qu’avec son ancienne machine, il vendange ses 128 hectares en une trentaine de jours, « sans forcer ». Fabrice Vergé se dit épaté par l’autonomie des bennes de trois tonnes, mais aussi satisfait de l’étanchéité, de la qualité de récolte et de la facilité d’entretien. Ce dernier lui revient à environ 25 euros par hectare et par an, auquel il faut ajouter les 150 euros par hectare et par an d’emprunt pour se faire une idée du coût total. Cela représente, pour lui, plus de 15 000 euros par an d’économies si l’on compare à l’achat d’une automotrice. Le viticulteur prévient toutefois : la façon de conduire change radicalement. « On passe d’une situation où l’on supervise tout, à une autre où l’on ne voit véritablement la machine qu’en début de rang, témoigne-t-il. Mais c’est juste une habitude à prendre. » Il a d’ailleurs partiellement résolu le problème en faisant installer par le constructeur trois caméras : une pour le remplissage des bacs et deux à l’arrière.
Jacques Servoles voit de plus en plus de viticulteurs qui, comme Fabrice Vergé, passent à la machine traînée. Certains gros domaines, même, préfèrent acheter deux tractées neuves pour le prix d’un seul autoporteur et gagner ainsi en flexibilité lors des vendanges. « Chez nous, les têtes de récolte sont exactement les mêmes sur les deux types de machines, relate le cadre de chez Pellenc. Après un premier achat de tractée, les viticulteurs y reviennent systématiquement. » Bien entendu, il concède quelques inconvénients. En fonction de l’état du terrain, par exemple. Sur un sol travaillé où il y a des mottes, le porteur est peu sensible car plus large, alors que la tractée « danse » légèrement. Selon le tracteur employé, la machine traînée tourne aussi bien qu’une automotrice. « Maintenant, on peut braquer dès que la roue arrière du tracteur passe le bout de rang, l’outil tourne tout seul », assure Jacques Servoles. Virer à gauche est en revanche plus compliqué et demande une manœuvre. Mais l’entretien est lui aussi plus économique qu’avec un porteur, d’environ 30 %. « Pour moi acheter aujourd’hui une machine automotrice seulement pour les vendanges, c’est un petit plaisir que l’on se fait, estime le professionnel. C’est entendable si on a les moyens ou si on valorise fortement ses vins. »
Un débit de chantier légèrement plus faible qu’une automotrice récente
Les différences entre les deux types de machines, Alexis Laroche, viticulteur à Chantillac, en Charente, les connaît bien. La Cuma du Beaupuy, dont il est vice-président, a eu de plus en plus d’hectares à récolter, au point de devoir s’équiper d’une deuxième machine à vendanger pour épauler la Pellenc 780. « Sachant que nous avions un tracteur vigneron dans la Cuma et que l’on pouvait économiser 100 000 euros, nous avons opté pour une tractée Grapes’line 80 », expose-t-il. Ainsi il mène, durant la campagne, un coup l’une et un coup l’autre. Pour lui, l’inconvénient majeur de la machine traînée réside dans la vidange des bacs, plus compliquée. Le chauffeur doit anticiper le positionnement de la benne, car il a une moins bonne visibilité. De même, il trouve l’automotrice plus confortable et plus reposante que d’être confiné et de trois-quarts dans le Fendt 210 Vario F. Mais aussi plus réactive en bout de rang, « surtout quand on est dans des endroits un peu exigus ». À l’inverse, le viticulteur estime la qualité de travail de la Grapes’line aussi bonne que sur la 780. En ce qui concerne la vitesse, la différence est relativement minime, « peut-être 0,5 km/h de moins avec la tractée ». Cette dernière avale environ 120 hectares dans la saison, contre 160 pour l’automotrice. Alexis Laroche apprécie également les fonctionnalités que l’on trouve maintenant sur les machines traînées, comme l’autoguidage ou l’assistance de motricité. « Quand on est dans le rang, elles se débrouillent toutes seules », témoigne-t-il. Les coûts de vendange sont mutualisés entre les deux machines, et reviennent au final à près de 220 euros par hectare.
La polyvalence rentabilise les porteurs
Le prix d’une machine automotrice est à relativiser si l’on décide de l’utiliser pour plusieurs travaux.
La polyvalence est un bon moyen pour rentabiliser l’achat d’une machine à vendanger automotrice. La prétailleuse et la cellule de pulvérisation sont les équipements auxquels on pense en premier, mais il est possible d’atteler aux porteurs des rogneuses, palisseuses ou encore des broyeurs ou un épandeur à compost. De cette façon, le coût de l’investissement est réparti sur plusieurs postes et pas seulement sur les vendanges. Selon les calculs de l’IFV, l’utilisation d’un pulvérisateur 4 rangs tout au long de la saison permet d’optimiser d’environ 40 % le coût du porteur par rapport à un emploi de la tête de récolte simplement. Le chiffre monte même à 50 % quand on y ajoute la prétaille, le relevage, le rognage et l’épandage. Un argument qui fait mouche auprès des viticulteurs. À l’instar de Lionel Rouyrenc, viticulteur à Cruzy, dans l’Hérault. « Lors du passage en Gaec avec mon frère et mes parents, notre ancienne Grégoire G70 de 2004 est devenue trop petite pour nos 74 hectares, raconte-t-il. Nous avions d’abord pensé à une occasion, et puis nous avons été conquis par la GL6 lors d’une démonstration. Nous n’avions pas dans l’idée d’utiliser la polyvalence, mais au vu du prix, nous sommes arrivés à la conclusion que cela s’imposait pour l’amortir et la rentabiliser. »
Un chantier de rognage deux fois plus rapide
Rapidement, le groupement familial achète une prétailleuse, puis une rogneuse. La cellule de pulvérisation, elle, n’est pas disponible sur le modèle. Lionel Rouyrenc se dit satisfait de cette stratégie. Déjà parce que cela lui permet de rogner deux rangs à la fois, et donc de doubler quasiment le débit de chantier. Mais aussi parce qu’il peut laisser les outils attelés toute la saison sur le porteur, ce qui libère le tracteur et lui procure davantage de flexibilité dans son organisation. « De plus avec la régulation automatique du régime moteur, on ne consomme pas beaucoup plus qu’avec un tracteur sur ces travaux », précise le viticulteur. Il faut toutefois garder en tête que le châssis est plus lourd que celui d’un tracteur vigneron, ce qui accroît le risque de tassement des sols. Et, dans le cas de la cellule de traitement, cela peut rendre l’accès aux parcelles encore plus compliqué lors des printemps humides et sur les sols travaillés…
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