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L'impact de la leptospirose sur la reproduction des truies est sous-estimé

La leptospirose est une maladie bactérienne, responsable de troubles de la reproduction variés et non spécifiques, dont l’importance sur le terrain est probablement sous-estimée. La contamination s’effectue principalement par l’urine d’animaux infectés.

La contamination par les leptospires s’effectue principalement par contact avec l’urine des animaux infectés, par contact direct ou via l’environnement infecté.
La contamination par les leptospires s’effectue principalement par contact avec l’urine des animaux infectés, par contact direct ou via l’environnement infecté.
© D. Poilvet

La leptospirose chez le porc est peu (ou mal) connue. Penser qu’elle est systématiquement synonyme d’élevage mal tenu, sur paille ou ayant une mauvaise maîtrise des rongeurs est une idée fausse. Cette pathologie qui se traduit par des troubles de la reproduction peut atteindre des élevages sur caillebotis intégral à l’hygiène et à la biosécurité irréprochables. « Sa prévalence est peut-être relativement faible en France, mais à l’échelle de l’élevage touché, elle peut avoir des conséquences importantes », relève Pascal Hourcq, vétérinaire Breizhpig. La leptospirose est une maladie bactérienne, liée au genre Leptospira, dont les sérovars les plus fréquents en France chez le porc sont par ordre d’importance Brastislava, Copenhageni et Icterohaemorrhagiae.

Une contamination par les porcs et les rongeurs

Les rongeurs constituent le principal réservoir de leptospires, qu’ils hébergent de façon asymptomatique.

 

 
Pascal Hourcq, vétérinaire Breizhpig. « La leptospirose peut être suspectée pour tout type de troubles de la reproduction, en particulier les retours en chaleurs irréguliers, les avortements en fin de gestation et l’observation d’avortons autolysés, signe que l’infection a eu lieu plusieurs jours avant l’avortement. »
Pascal Hourcq, vétérinaire Breizhpig. « La leptospirose peut être suspectée pour tout type de troubles de la reproduction, en particulier les retours en chaleurs irréguliers, les avortements en fin de gestation et l’observation d’avortons autolysés, signe que l’infection a eu lieu plusieurs jours avant l’avortement. » © A. Puybasset
« Ils sont susceptibles d’introduire la bactérie dans les élevages porcins. Mais ce sont les porcs malades ou porteurs sains, guéris ou n’ayant jamais exprimé de signes cliniques qui constituent la principale source de contamination », précise le vétérinaire. Les leptospires se multiplient dans les reins et sont éliminés par les urines. « La contamination s’effectue principalement par contact avec l’urine des animaux infectés, soit directement par aspersion lors des mictions, soit indirectement par l’environnement souillé par les urines. » Elle pénètre dans l’organisme via les muqueuses ou par voie cutanée, au niveau de griffures ou de lésions, mêmes légères, ou de macérations sur un sol humide. « En favorisant les contacts entre animaux, le logement des truies en groupe constitue un facteur de risque supplémentaire.

 

 

 
En favorisant les contacts entre animaux, le logement des truies en groupe constitue un facteur de risque supplémentaire.
En favorisant les contacts entre animaux, le logement des truies en groupe constitue un facteur de risque supplémentaire. © D. Poilvet
C’est probablement pour cette raison qu’a été constatée une recrudescence de cas suite à la mise aux normes bien-être des truies gestantes de 2013. »

 

L’infection est aussi possible par ingestion (par exemple d’une eau de boisson contaminée). Le sérovar Bratislava peut également se transmettre par voie génitale, lors de l’insémination ou de la mise bas. « Il est particulièrement adapté à l’espèce porcine. Une fois introduit dans l’élevage, il peut persister longtemps dans le troupeau par contamination des porcs entre eux. En revanche, le porc n’est pas un hôte naturel du sérogroupe Icterohaemorrhagiae. La contamination initiale se fait plutôt via les urines des rongeurs. »

Des signes cliniques peu spécifiques

La leptospirose s’exprime le plus fréquemment sous sa forme chronique, qui se traduit par des troubles de la reproduction : une baisse des taux de fertilité ou une variabilité élevée entre bandes, des retours en chaleur, des avortements à différents stades de la gestion, des mises bas avant termes ou des mort-nés. Ces signes cliniques ne sont pas spécifiques de la leptospirose et sont le plus souvent liés à d’autres causes infectieuses (voir tableau ci-dessous) ou techniques (notamment dans le cas de retours en chaleur cyclés).

« L’exclusion de ces différents facteurs fait partie intégrante du diagnostic de leptospirose, d’autant plus qu’elle est relativement délicate à mettre à évidence par les analyses de laboratoire. » La technique de référence est le test sérologique de micro-agglutination (MAT), qui consiste à mesurer les taux d’anticorps dans le sang des truies prélevées. « Il apporte surtout une aide au diagnostic clinique mais est insuffisant pour démontrer un lien de causalité. »

Éviter les litières et sols humides

La prévention des risques de leptospirose passe par la mise en place d’un plan de lutte efficace contre les rongeurs. « Cependant l’absence de rongeurs ne garantit pas l’absence de leptospires. 

 

 
Avec une litière régulièrement renouvelée, un sol sec et propre, des salles bien ventilées, on crée des conditions défavorables à la survie des leptospires dans l'environnement.
Avec une litière régulièrement renouvelée, un sol sec et propre, des salles bien ventilées, on crée des conditions défavorables à la survie des leptospires dans l'environnement. © D. Poilvet
Il faut aussi veiller à l’hygiène des sols, litière ou béton. Avec un sol sec et propre, une litière régulièrement renouvelée, des salles bien ventilées, on crée des conditions défavorables à la survie des leptospires dans l’environnement. » En présence d’humidité et de chaleur, la bactérie peut survivre plusieurs semaines sur le sol ou dans l’eau.

 

Concernant les traitements, plusieurs antibiotiques sont efficaces sur les leptospires, mais leur action est ponctuelle et n’empêche pas les réinfections. « En cas de troubles récurrents, mieux vaut privilégier le recours au vaccin, disponible en France depuis fin 2018. »

Deux sérovars plus fréquents chez le porc

La bactérie Leptospira responsable de la leptospirose se caractérise par sa forme spiralée et mobile. Elle regroupe en réalité plusieurs variants classés en sérovars (200 environ), eux-mêmes regroupés en 23 sérogroupes. Cette maladie existe dans de nombreuses espèces animales (notamment le chien, le cheval… ). Elle est transmissible à l’homme, c’est une zoonose. En France, les sérovars les plus fréquemment rencontrés chez le porc sont Bratislava (présent dans 85 % des prélèvements pour sérologie en 2017 selon une étude du laboratoire MSD Santé animale), suivi de Copenhageni du sérogroupe Icterohaemorrhagiae (19 % de séroprévalence). Le sérovar Pomona, le plus courant dans le monde mais aussi le plus pathogène en porc n’est pas présent en France.

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