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Limaces : bien évaluer le risque avant de traiter

En 2024, les limaces ont donné naissance à quatre générations au lieu des deux habituelles, conséquence de conditions exceptionnellement humides. Le risque limace est donc grand cet automne mais il est nécessaire de l’évaluer pour décider d’intervenir et optimiser l’éventuelle application d’un anti-limaces.

Epandage d'anti-limaces avec un quad équipé de deux épandeurs centrifuges.
Attention au choix de l'anti-limaces car il ne faut pas que le produit se brise au moment de l'épandage, indique Christophe Launey de De Sangosse.
© MC.Bidault

Quelles sont les solutions chimiques à disposition pour lutter contre les limaces ?

Le risque limaces reste d'actualité en ce début d'automne 2024. Les populations sont plus nombreuses, les conditions plutôt humides, il y a donc de grandes chances d'en rencontrer dans les parcelles. Le métaldéhyde et le phosphate de fer sont aujourd’hui les deux seules matières actives autorisées pour les contrer. « Il est important de les pérenniser car il n’y en aura pas d’autres dans les dix ans qui viennent. Pour cela, il faut éviter l’utilisation systématique d’anti-limaces et évaluer le risque sur ses parcelles », indique Christophe Launey, responsable développement grandes cultures chez De Sangosse, lors de la matinée technique organisée le 1er octobre par la chambre d'agriculture de la Charente. Aujourd’hui, 33 % des surfaces en grandes cultures sont traitées avec un anti-limaces en France.

Quelles sont les conditions favorables au développement des limaces ?

Pour adapter la stratégie de lutte, il faut quantifier la population de limaces présente sur la parcelle avant l’implantation de la culture. Qu’elles soient grises ou noires, leur activité est optimale quand les conditions leur sont favorables, c’est-à-dire entre 13 et 18 degrés et à un taux d’humidité de 75 %. Elles sortent généralement la nuit et causent des dégâts importants dès lors qu’elles ont trouvé un garde-manger à leur convenance. « Les jeunes limaces grises peuvent manger la moitié de leur poids en une nuit, soit deux plantules de blé au stade une feuille ou cinq à six plantules de colza », indique Christophe Launey.

Comment évaluer efficacement le risque limace sur ses parcelles ?

Il existe trois moyens d’évaluer le risque limace. L’observation à l’œil nu est possible par temps humide, le soir ou le matin, mais cela reste subjectif. On peut aussi intercepter les limaces dans des sacs d’engrais, planches en bois, ou cartons, mais cela ne permet pas de quantifier le risque avec précision. Pour cela, il faut utiliser des pièges qui créent les conditions idéales pour inciter les limaces à rester en surface afin de les identifier, les compter et évaluer leur stade. Christophe Launey explique que le kit de piégeage de De Sangosse, seul outil standardisé et validé par l’Inrae, se compose de quatre sacs couvrant une surface d’un mètre carré. Les sacs sont à positionner dans la parcelle à au moins 10 m les uns des autres et au moins 10 m de la bordure. Un kit de piégeage ne coûte qu’une vingtaine d’euros indique le responsable de chez De Sangosse, qui insiste : « l’évaluation est le nerf de la guerre, il faut quantifier les populations de limaces ».

Quels sont les seuils de risque limace en céréales et en colza ?

À l’automne (comme au printemps), le piégeage doit débuter deux à trois semaines avant de commencer les semis. Le comptage peut ensuite se faire une fois par semaine. Le piégeage se poursuit jusqu’au stade limite de sensibilité de la culture, généralement quatre feuilles. La décision d’intervenir va dépendre des seuils de nuisibilité. La grille Acta/De Sangosse fixe les seuils sur céréales à 10 limaces au mètre carré en pré-semis et 5 à 10 limaces au mètre carré du semis à la levée. Ils sont fixés sur colza à 5 limaces au mètre carré en pré-semis et une limace au mètre carré du semis à la levée.

Comment optimiser l’application de l’anti-limaces ?

Privilégier les interventions contre les limaces avant la levée de la culture

Le piégeage et donc la quantification du nombre de limaces vont permettre de décider d’intervenir ou non, de la dose à apporter, et de la localisation de l’apport, en plein ou sur la ligne de semis. Une étude menée auprès des agriculteurs piégeurs de l’Observatoire De Sangosse a permis de mettre en évidence une baisse de 31 % du nombre de passages d’anti-limaces, de 6 % de leur dose à l’hectare et une réduction de 38 % de la facture d’anti-limaces, révèle Christophe Launay. Il faut privilégier les interventions préventives, en général avant la levée de la culture, car l’anti-limaces ne pourra remédier aux dommages déjà causés aux cultures. Il faut ensuite choisir un appât de qualité, attractif, appétent, résistant à la casse et à l’humidité.

Utiliser le bon anti-limaces pour une application en plein

La plupart des applications d’anti-limaces se font en plein et en surface, souvent avec un épandeur centrifuge type Delimbe ou Spando (développé par De Sangosse). Il faut dans ce cas, utiliser des anti-limaces adaptés : épandables en grandes largeurs, de masse unitaire et de densité élevée pour ne pas générer de poussière ni de casse, de calibration parfaite pour que le produit soit distribué sur toute la largeur de travail.

Une application localisée est préférable quand le risque d'attaques de limaces est grand

Les applications peuvent se faire aussi en localisé pour apporter l’anti-limaces sur ou dans la ligne de semis. Les objectifs sont d’éviter les attaques souterraines et de mettre l’anti-limaces au plus près des graines ou des futures plantules, notamment quand des dommages directs sont redoutés. L’application localisée peut se faire avec un semoir à céréales pneumatique ou mécanique, pouvant être équipé d’un micro-granulateur. Pour constituer des mélanges homogènes avec la céréale (ou le colza) et éviter les phénomènes de décantation dans la cuve pendant le semis, l’anti-limaces doit être de petite taille mais de densité élevée. L’application localisée peut se faire aussi au semoir monograine qui permettra, lui, trois types de localisation : au niveau de la graine, autour de la graine et en surface ou en surface sur le rang.

Le service Limacapt de De Sangosse

Le service Limacapt, qui sera proposé à partir de cet automne aux agriculteurs, repose sur l’utilisation d’un capteur connecté qui va détecter et compter les limaces. Positionnée dans la parcelle, Limacapt prend des photos (caméra infrarouge) toute la nuit grâce à son capteur autonome (panneau photovoltaïque) et analyse les données. Le calcul du risque limaces prend en compte l’activité limaces, le stade de la culture, les interventions culturales réalisées ou à venir et les prévisions météorologiques. Limacapt fournit un conseil pour intervenir à bon escient sur les limaces.

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