Patrick Bénézit, FNB : les 4 dossiers prioritaires du nouveau président
Patrick Bénézit a été élu président de la Fédération nationale bovine (FNB), ce mardi 14 février. Dans un entretien accordé à Réussir, l'éleveur cantalien, aussi secrétaire général adjoint à la FNSEA, fait le point sur les gros dossiers qui vont occuper le début de son mandat.
Patrick Bénézit a été élu président de la Fédération nationale bovine (FNB), ce mardi 14 février. Dans un entretien accordé à Réussir, l'éleveur cantalien, aussi secrétaire général adjoint à la FNSEA, fait le point sur les gros dossiers qui vont occuper le début de son mandat.
Patrick Bénézit prend la tête du nouveau bureau de la FNB, « avec près de 90% des suffrages », a annoncé l'association spécialisée de la FNSEA dans un communiqué publié le 14 février 2023. Il succède à Bruno Dufayet, qui ne souhaitait pas briguer un troisième mandat. Dans un entretien pour Réussir le 16 février, le président fraîchement élu dévoile quatre axes de travail prioritaires, dont l'établissement de contrats conformes à la loi Egalim 2.
1. Le combat pour garantir des prix de vente plus rémunérateurs aux éleveurs
Dans la même ligne que son prédécesseur, Patrick Bénézit compte poursuivre le combat pour défendre les prix payés aux éleveurs de bovins viande, qui ne sont toujours pas à la hauteur des coûts de production. « Bien que les écarts se soient resserrés dans certaines catégories d'animaux, les objectifs sont encore loin d'être atteints. L'estimation des revenus 2022 expertisée au niveau du GEB-Institut de l'Élevage le démontre », déplore l'éleveur cantalien.
Pour le nouveau président de la FNB, une des seules voix pour enrayer la décapitalisation, mécanique qui semble devenir hors de contrôle, c'est de faire en sorte que les éleveurs aient des perspectives. « Si l'ensemble de la filière se rend compte de la nécessité d'agir, le passage à l'acte semble encore bien compliqué », rapporte Patrick Bénézit, évoquant la sortie « d'indicateurs maison » dans les contrats. Ce dernier appelle les acteurs de l'aval à se remettre dans l'esprit de la loi Egalim, avec la prise en compte réelle des indicateurs de coûts de production de référence diffusés par l'Idele.
« C'est par la rémunération et le prix qu'on parviendra à renouveler les générations ».
2. Les accords de libre-échange en ligne de mire
Alors que la Commission européenne a réaffirmé son intention d'accélérer en 2023 la ratification des accords de libre-échange de l'UE (Chili, Mexique, Mercosur, Nouvelle-Zélande...), le bureau nouvellement élu ne compte pas baisser sa garde sur ce dossier. « Nous demandons à la puissance publique de se montrer cohérente dans ses choix politiques, au moment même où Bruxelles discute une batterie de directives pour atteindre la neutralité climatique à l'horizon 2050 dans le cadre du pacte vert pour l'Europe » , reprend Patrick Bénézit.
3. Plus de transparence pour les consommateurs
Cette cohérence, Patrick Bénézit la demande aussi pour l'étiquetage de l'origine des viandes déjà préparées en restauration hors foyer. « La volonté de transparence portée par la loi Egalim 2 ne s'est toujours pas concrétisée, le décret d'application n'étant toujours pas sorti », précise-t-il. Le président de la FNB annonce d'ailleurs lancer des contrôles dans les chaînes de restauration, les engagements de certaines ayant été « très bafoués ».
Un autre combat concerne les dénominations animales pour les produits contenant des protéines végétales, dont le dossier est suspendu au Conseil d'État depuis juillet dernier. « Il n'y a pas de débat, les termes spécifiques à la viande doivent être protégés », plaide-t-il.
4. L'accès à un recours clair et efficace pour l'assurance sur prairies
Par ailleurs, Patrick Bénézit prend la tête du bureau de la FNB en plein débat sur le nouveau dispositif d'assurance récolte. Dans le cas des prairies, le projet de décret relatif aux modalités de réévaluation des pertes communiqué le mercredi 15 février est loin de donner satisfaction à l'association spécialisée de la FNSEA. « Le décret tel qu'il est proposé ne donne pas le droit à un recours clair et efficace en cas de contestation de l’évaluation réalisée par indice satellitaire », rapporte-t-il. Ce dernier attend des dispositions concrètes concernant le maillage de fermes de référence, sur lequel les recours pourront s'appuyer quand le système indiciel ne fonctionnera pas.
« Ce sont 13 millions d'hectares de prairies qui se jouent ici, car tous les agriculteurs - assurés et non assurés - sont concernés par ces modalités de recours. Le juste taux des pertes de prairies est un droit aux éleveurs, qui cotisent tous au fonds de solidarité nationale », rappelle Patrick Bénézit.