Marché de la volaille : Le groupe LDC veut redonner sa valeur à la dinde
LDC met en place pour sa dinde une stratégie de reconquête des consommateurs qui passe par une différenciation de la production et par toujours plus d’élaboration de la viande.
LDC met en place pour sa dinde une stratégie de reconquête des consommateurs qui passe par une différenciation de la production et par toujours plus d’élaboration de la viande.
« Le groupe LDC abat actuellement entre 330 000 et 350 000 dindes par semaine, en intégrant les difficultés de mises en place liées à l’influenza aviaire en Pays de Loire et Bretagne », avance Laurent Girard, directeur général de la Société bretonne de volailles (SBV) et référent dinde à l’échelle du groupe. Ce niveau bas représenterait quelque 55 % des mises en place nationales, ce qui place LDC loin devant ses challengers.
« Nous avons six sites d’abattage et découpe, poursuit-il, Volabraye et Volailles de Blancafort en Loir et Cher, Celvia Dinde dans le Morbihan, SNV dinde dans l'Orne, LDC Dinde en Sarthe, Arrivé-Maitre Coq en Vendée. Nous recherchons en permanence des gains de compétitivité qui peuvent passer par la réorganisation d'outils" , insiste-t-il.
Miser sur les atouts de la dinde
Le leader a acté une érosion assez régulière du marché, d’environ 3 % à 5 % par an, mais ne se résout pas pour autant à la suivre sans réagir. « Il n’y a pas d’accélération récente du phénomène de baisse, estime Laurent Girard. Pour lui, il existe bien une compétitivité de la viande de dinde moindre par rapport à celle du poulet, mais pas seulement. « Pour les consommateurs, la dinde a une image plus floue que le poulet. Ils visualisent bien un poulet, mais pas une dinde. »
Par ailleurs, la profession a peu communiqué sur les qualités nutritionnelles de cette viande, plébiscitée par le monde médical et sportif pour sa capacité à apporter de bonnes protéines et pour son faible apport calorique. « Aujourd’hui, presque tout le monde fait du sport. Il faut que nous poursuivions la communication nutrition-santé que nous avions engagée en 2019, avec l’interprofession. » À l’époque, LDC avait lancé l’étiquetage Nutri-score sur ses escalopes (notées A) et mené une campagne de communication TV.
Pour Christian Perrot, responsable filière dinde chez SBV, la dinde a un atout historique incontestable. « C’est une volaille qui a une place à part dans les métiers de la boucherie. On peut la piécer et la décliner en une grande variété de morceaux, alors que le poulet c’est historiquement du filet et de la cuisse. Sa déclinaison en portion explique sa forte présence dans la consommation hors domicile. La dinde apporte un service à travers sa transformation. »
En résumé, la dinde est un « super produit » mais elle pâtit d’une valorisation insuffisante qu’il faut regagner.
Produire différemment la dinde
La reconquête des consommateurs passe par la différenciation. « Nous avons besoin de faire redécouvrir la dinde au grand public. La question à se poser est comment. Se lancer dans une production un peu différente permettra de donner une image à une production qui n’en a pas et répondra aux attentes sociétales, en matière de bien-être animal (lumière naturelle, enrichissements, moindre densité), étaye Laurent Girard. Cela apportera aussi du confort de travail aux éleveurs. On a besoin d’éleveurs contents de faire de la dinde. »
« On souhaite apporter une vraie différenciation par le modèle d’élevage , précise Laurent Girard. C’est une voie qu’on va explorer, mais cela ne concernera qu’une partie du marché. » Ce mode de production donnera accès à la catégorie des produits de « qualité et durables »qui doivent composer la moitié des repas en restauration collective publique depuis janvier 2022 (janvier 2024 en restauration collective privée). Ce produits éligibles sont peuvent être d’origine label rouge, AOP, IGP, STG, HVE niveau 2, commerce équitable, ou élevage fermier.
Outre la différenciation par le mode d’élevage, la présence dans les rayons devrait s’appuyer sur l’innovation apportée par le service rendu, par le bon grammage, par le bon conditionnement, et par les produits classiques ou nouveaux. « Nous comptons beaucoup sur la charcuterie que nous développons ici à Bignan. C’est une alternative à la charcuterie de porc, qui intéresse des consommateurs pour des raisons variées (religieuses, nutritionnelles, gustatives, éthiques…) », détaille le directeur de SBV. « Nous visons aussi le marché des aides culinaires, grâce à des qualités technologiques (moins de pertes en eau), complète Christian Perrot. L’élaboration de toutes les parties de la dinde sera la clé de son succès ».
Le dispositif de LDC en Bretagne
En Bretagne, l'abattoir Celvia de Saint-Jean-Brévelay (56) abat 95 000 dindes par semaine (pour 105 000 de capacité). Réalisant la découpe primaire et secondaire (escalope, sauté…), tous les sites du groupe sont spécialisés par débouché, avec des moyens de conservation et de conditionnement adaptés (congélation, mise en barquette, conditionnement sous vide, sous atmosphère contrôlée…). La Bretagne est orientée pour l’industrie agroalimentaire (PAI) et la restauration hors domicile (RHD).
Celvia Élaborés fabrique du jambon et des panés en face de l’abattoir de dinde, et à 5 km se trouve un nouvel atelier qui produit des lardons à bas de viandes de poulet et de dinde.
Construit à Bignan surle site de Ronsard Bretagne, cet outil qui triplera la production (3 000 tonnes par an d’objectif) fait partie du plan de restructuration lancé après le rachat de Ronsard. Trente-cinq millions d’euros sont investis dans la nouvelle activité Celvia Charcuterie avec un objectif de 4 500 tonnes par an, hors l’atelier lardons.