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Le CESE livre ses préconisations pour assurer l’avenir de l’élevage

Anne-Claire Vial, Présidente de l’ACTA, est membre de la Commission Territoires, Agriculture et Alimentation du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Elle a été la co-rapporteuse de l’Avis « Relever les défis de l’élevage français pour assurer sa pérennité » présenté ce 16 janvier 2024.

L’élevage est un sujet d’intérêt national. Il est en danger et il faut un électrochoc.
L’élevage est un sujet d’intérêt national. Il est en danger et il faut un électrochoc.
© François d'Alteroche

Pourquoi fallait-il se saisir de cette question de l’élevage ?

Anne-Claire Vial, Présidente de l’ACTA, est membre de la Commission Territoires, Agriculture et Alimentation du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Anne-Claire Vial - Le dernier recensement agricole a révélé que les élevages représentent près des deux tiers des disparitions d’exploitations en 10 ans. De plus, en 2022, pour la première fois depuis plusieurs années, le solde commercial des produits de l’élevage et de l’abattage s’est retrouvé déficitaire (-0,8 Md€) dans un contexte de diminution de la production et d’augmentation de la consommation. On importe donc davantage. En parallèle, certains proposent des solutions aussi radicales que de diviser par deux le nombre de vaches pour lutter contre le réchauffement climatique. Ces constats nous ont semblé extrêmement inquiétants.

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Pendant un an, nous avons auditionné beaucoup de monde (1) et eu une approche scientifique et exhaustive de l’ensemble des problématiques, ce qui a permis de travailler dans une ambiance sereine au sein de la Commission. Et la journée participative du 6 septembre dernier, qui a donné la parole à de nombreux éleveurs, a montré aussi que des jeunes voulaient faire ce métier. Cela nous a confortés dans nos travaux.

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L’axe 1 des préconisations porte sur la Recherche. Pourquoi faut-il la renforcer ?

A-C V - Nous sommes aujourd’hui dans un monde où la Recherche doit être co-construite. L’élevage est un sujet d’intérêt national. Il est en danger et il faut un électrochoc. Nous préconisons de construire un métaprogramme pluriannuel, associant recherche publique, instituts techniques, développement agricole, entreprises, associations et éleveurs, pour prioriser les sujets sur lesquels nous n’avons pas suffisamment d’informations, les étudier rapidement et trouver les solutions qui manquent à l’élevage. Pour cela, il est important d’impliquer les premiers concernés dès le début des travaux, dans une démarche « d’éleveurs innovateurs », avec une rémunération pour leur engagement. Si des éleveurs amènent au débat des points qu’ils ont déjà expérimentés, ils pourront orienter la Recherche vers des solutions réalistes et applicables.

Deux autres préconisations me semblent importantes : l’idée de réévaluer la méthode de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), conçue pour l’industrie et appliquée à l’élevage sans tenir compte de la globalité des systèmes et celle de construire un diagnostic scientifique et technique de la durabilité d’un élevage, pour évaluer sa résilience dès l’installation et tout au long de son existence.

« Nous avons travaillé sur les chemins pour aller vers des élevages plus vertueux. »

Que recommande le CESE sur les politiques publiques ?

A-C V - L’axe 2 préconise d’abord de « préparer la nouvelle PAC de 2027 ». Cela veut dire évaluer les dispositions actuelles et voir quelles mesures devraient être mises en place pour accompagner les éleveurs dans des transitions vertueuses. Un élément important de cette préconisation est le point 2 « Bâtir une démarche pluri-acteurs à l’échelle des territoires reposant sur des programmes d’actions régionaux… ». Les Régions peuvent jouer un rôle important pour accompagner les éleveurs sur leur territoire (innovation, installation, refinancement d’abattoirs…), avec des débats menés sur le terrain sous l’égide des Chambres d’agriculture. Autre sujet important, le fait de ne pas importer de produits issus de modèles d’élevage que l’on ne souhaite pas chez nous (clauses miroirs). On entend souvent dire qu’il n’est pas possible de faire bouger les choses, mais cela est faux. La France doit porter le sujet au niveau européen.

En quoi ce travail a permis une approche différente de la question de l’élevage ?

A-C V - Le CGAAER a rendu un rapport indiquant qu’il n’y avait pas de consensus possible sur l’élevage. De notre côté, nous n’avons pas cherché à définir des types d’élevage et à les opposer, mais à trouver un consensus sur les chemins à prendre pour aller vers des élevages plus vertueux, et à donner un avis sur les méthodes pour avancer plutôt que sur les solutions.

Notre axe 3 sur la communication en est un bon exemple. Il faut faire en sorte que les réalités de l’élevage soient mieux perçues par la population, au travers d’actions auprès des scolaires, l’accueil sur les élevages, les réseaux sociaux, l’étiquetage…

Lire aussi | Réconcilier l’élevage avec l’opinion publique

(1) Personnes en responsabilités au sein de l’ADEME, Anses, AVSF, CNIEL, Eliance, FNCIVAM, FNPL, FranceAgriMer, France Génétique Elevage, IDELE, INRAe, IFIP, INTERBEV Bovins, ITAVI, des éleveurs...

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