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Les tiques ont tendance à davantage impacter la santé des bovins

Les tiques sont impliquées dans la transmission de plusieurs maladies graves des bovins. Si aucune solution n’est infaillible, certaines pratiques permettent de favoriser l’immunité des troupeaux.

Les tiques sont plus fréquemment mises en cause en tant que vecteur de maladies dans les troupeaux bovins depuis une dizaine d’années. Le changement climatique pourrait y être pour quelque chose. Les tiques aiment l’humidité et la chaleur, et les hivers doux sont favorables au maintien de leur activité sur une plus longue période de l’année.

Elles sont en revanche très sensibles aux chaleurs estivales. Les périodes de canicule plus fréquentes et/ou plus intenses sont rédhibitoires pour leur survie.

La modification des pratiques d’entretien du tour des pâtures et des broussailles d’une part, et le diagnostic plus répandu de maladies qu’elles peuvent transmettre d’autre part, participent certainement à cet état de fait.

« Il n’y a pas pour autant de nouvelles solutions pour protéger les troupeaux des maladies transmises par les tiques », explique Boris Boubet, vétérinaire conseil et directeur du GDS de la Creuse. L’approche préconisée est de « vivre avec elles ». On estime que, globalement, sans qu’il soit possible d’être plus précis, quelques pourcents des tiques sont porteuses de maladies, mais la situation peut être très variable d’une région à l’autre, d’une exploitation ou d’une prairie à l’autre.

Pour lutter contre les tiques, seul le Bayticol a une autorisation de mise sur le marché (AMM) acaricide exclusif. D’autres produits ont une AMM mixte acaricide et insecticide comme le Butox, Deltanil, Dectospot… Leur emploi doit être raisonné et en collaboration avec le vétérinaire. « La prévention des morsures de tiques n’est pas possible car il faudrait distancer les clôtures de quatre mètres en retrait des haies, bois et broussailles », constate Boris Boubet. Ceci supposerait de perdre une surface importante et de devoir entretenir ce couloir.

Faire passer les génisses sur les parcelles à risque

Les « prairies à tiques » — celles dont régulièrement les bovins reviennent mordus par des tiques — sont connues dans chaque élevage. « Entretenir la végétation en bordure de ces parcelles est utile. Cela permet de réduire la concentration des populations de tiques », conseille Boris Boubet. Pour que les troupeaux puissent s’immuniser contre les maladies que les tiques sont susceptibles de leur transmettre, il faut les exposer à leur morsure de façon raisonnée.

Pour ce faire, il est préconisé de placer dans ces parcelles les génisses en première année de pâture et les génisses non gestantes en deuxième saison de pâture par temps doux et humide pendant quelques semaines. Ces dernières sont plus aptes à rencontrer les tiques. « Quelques-unes d’entre elles risquent de déclarer une fièvre. Mais le lot pourra développer une immunité », souligne Boris Boubet.

À l’inverse, « les vaches gestantes ne doivent pas passer dans les « prairies à tiques » au risque sinon d’un avortement », rappelle le vétérinaire. Jusqu’à l’âge de six mois, les veaux ne déclarent pas de forme clinique des maladies : ils sont protégés ce temps par les anticorps de leur mère acquis via le colostrum.

Attention à l’introduction d’un animal qui n’est pas immunisé

Cette stratégie pour installer et maintenir l’immunité du troupeau est efficace mais elle n’est pas une garantie à 100 % de ne pas rencontrer de cas de maladies. « Il faut avoir en tête que l’immunité s’entretient, et que tous les individus ne développent pas la même. » L’un des risques les plus importants vis-à-vis des maladies transmises par les tiques porte sur un bovin introduit dans le troupeau, classiquement un taureau de monte naturelle, qui a été élevé dans une zone où il n’a pas été confronté à ces pathologies.

Un protocole peut être construit avec le vétérinaire pour tenter de protéger l’animal avec un traitement le temps qu’il développe son immunité.

Ixodes ricinus est la plus courante des espèces de tiques

Différents stades de la tique Ixodes ricinus  : larve, adulte mâle et adulte femelle (de g. à d.). Les larves ne transmettent pas de maladie. Les nymphes et les adultes femelles font des repas de sang durant deux à dix jours.

 

Il existe une quarantaine d’espèces de tiques en France métropolitaine, et cinq d’entre elles mordent les grands mammifères. Ixodes ricinus, qui tient son nom à sa forme en grain de ricin, est de loin la plus abondante (hors pourtour méditerranéen). Elle a besoin pour vivre d’une forte hygrométrie, d’environ 70 %. Elle vit dans les forêts de feuillus, et aussi dans les pâtures cernées de haies, sous-bois ou broussailles. Ces tiques passent une partie de leur temps postées sur la basse végétation dans l’attente de mordre un mammifère qui passe à leur portée. Mais elles doivent régulièrement descendre au sol pour s’hydrater.

Dermacentor reticulatus également connue sous le nom de « tique des cornes » est l’autre espèce la plus connue des éleveurs. Quand elle tombe en grappes sur le chignon d’un bovin, elle provoque une hypersensibilité décalée : les tiques ne sont plus là mais la vache souffre quelques jours plus tard de fortes démangeaisons et elle se gratte la tête jusqu’au sang. Les trois autres espèces que l’on peut rencontrer sont Ixodes hexagonus (la « tique du hérisson »), Dermacentor marginatus (qui peut être assez active par temps plus sec que les autres espèces), et Rhipicephalus sanguineus (la « tique du chenil »).

 

Un repas de sang à chaque étape

Les tiques ont tendance à davantage impacter la santé des bovins

La tique met en moyenne trois ans pour passer de l’œuf au stade de larve, de nymphe, puis d’adulte, avec un repas de sang à chaque étape. C’est durant ces repas sanguins que cet acarien transmet aux individus parasités des maladies. Les larves parasitent davantage de petits mammifères, les nymphes ciblent des espèces moyennes (lièvres, blaireaux, renards…) alors que les adultes s’attaquent surtout aux grands ruminants (chevreuils, bovins, ovins). Le temps de repas varie de deux à dix jours.

Les cinq principales maladies qui peuvent être transmises par les tiques aux bovins

La babésiose ou piroplasmose bovine est la plus connue des pathologies transmises par les tiques aux bovins. « En France, Ixodes ricinus transmet la maladie mais seule une faible part des tiques sont porteuses du protozoaire Babesia divergens qui déclenche la maladie. Par contre quand une tique porteuse mord un bovin, elle le contamine très souvent », explique le GDS de la Creuse. Le protozoaire détruit les globules rouges.

L’anaplasmose, ou « piro blanche », est quant à elle provoquée par la bactérie Anaplasma marginale. Elle s’attaque aussi aux globules rouges, mais sans hémoglobinurie. Cette maladie est endémique dans le sud de l’Europe et on rencontre des cas sporadiques en France. Elle peut provoquer des avortements.

L’ehrlichiose granulocytaire bovine est due à la bactérie Anaplasma phagocytophilum. Transmise aussi par la tique Ixodes ricinus, elle s’attaque aux globules blancs, et peut provoquer des avortements.

La fièvre Q, provoquée par la bactérie Coxiella burnetii, cause chez les bovins des troubles de la reproduction, des métrites et des avortements.

La maladie de Lyme ou borréliose affecte aussi les bovins. D’autres maladies plus rares peuvent par ailleurs être transmises par les tiques aux bovins.

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