Les points clés de l'itinéraire cultural du méteil
Quand semer et comment ? Que faut-il amener en fertilisants ? Voici les enseignements de suivis menés dans l'Ain et en Normandie.
Quand semer et comment ? Que faut-il amener en fertilisants ? Voici les enseignements de suivis menés dans l'Ain et en Normandie.
Les proportions au semis de méteil ne font pas les proportions à la récolte. Certains sols ne sont pas favorables aux légumineuses, comme les sols hydromorphes ou compactés, ou avec risque de gel pour le féverole, la vesce et le pois. Les conseillers préconisent d'éviter les parcelles où il y a eu du pois ou de la luzerne, pour éviter aphanomyces (maladie due à un champignon). La féverole est résistante à aphanomyces. Certaines variétés de vesce commune et de trèfle sont résistantes. Les précédents et suivants à privilégier sont le maïs, le sorgho, une céréale à paille, une prairie, une dérobée sans pois. " Le labour est inutile ; un déchaumage suffit ", estime Emilie Vallet, de la chambre d'agriculture de l'Eure. Certains éleveurs sèment en direct le méteil.
Semer en une fois est possible
Théoriquement, il faudrait semer la féverole à 8-15 cm de profondeur, pour éviter le gel. Le trèfle se sème en surface et les autres espèces à 3-4 cm. Mais de plus en plus, les éleveurs sèment toutes les espèces ensemble, en une fois, à 3-5 cm de profondeur. " Les différents essais et observations montrent très peu de différence de rendement entre des semis en deux temps, voire trois temps, et des semis en une fois ", résument les conseillères de Normandie et de l'Ain. Même quand il gèle (-7°C, -12°C), le constat est que la féverole, le pois et la vesce s'en sortent bien.
Pour le trèfle, " dans l'idéal, il se sème en surface dans un deuxième temps. Des éleveurs le font avec un quad, indique Camille Olier, de Acsel conseil élevage dans l'Ain. Mais quelques éleveurs sèment en une fois, le trèfle et le reste du mélange, à 3-5 cm, et cela fonctionne ".
Dans tous les cas, on optimise le résultat en veillant au cours du semis à ce que les différentes graines restent bien mélangées malgré leurs poids différents.
Semer ni trop tôt ni trop tard
Il ne faut pas semer trop tôt la féverole, par rapport au risque de gel, et pour éviter le risque de maladie (ascochytose/botrytis). Pour la féverole, l'idéal est d'arriver au stade trois feuilles en entrée d'hiver ; au-delà elle craint le gel. " En Normandie, les protéagineux semés avant le 15 octobre risquent, suivant la météo, d'être davantage malades ", note Emilie Vallet, de la chambre d'agriculture de l'Eure. Pour les autres espèces, il ne faut pas semer trop tard. En Normandie, il ressort des observations et des suivis que les semis effectués entre la mi-octobre et la mi-novembre donnent de bons résultats. Dans l'Ain, le meilleur compromis se situe autour du 5-15 octobre, entre la possibilité de semer dans de bonnes conditions et le stade optimum pour passer l'hiver.
Il faut bien rouler après le semis pour favoriser le contact entre le sol et la graine, " deux fois plutôt qu'une. Des essais ont démontré une différence de rendement. C'est meilleur quand on roule horizontalement puis perpendiculairement ", indique Camille Olier. Une surface de sol bien aplanie facilite également les opérations de récolte et permet de gérer les hauteurs de travail des outils.
Une densité entre 100 et 200 kg/ha
Pour faire du rendement et de la qualité, il faut une densité de semis élevée, entre 100 et 200 kg de grains par hectare, suivant la composition du mélange et le poids aux mille grains des espèces et variétés choisies. Soit entre 140 et 180 grains au mètre carré.
Le coût des semences étant élevé, les éleveur ont parfois tendance à semer moins dense, ce qui est préjudiciable au rendement. Et les problèmes de disponibilité en semences de légumineuses n'arrangent pas les choses. C'est pour cela que des commandes groupées de semences sont organisées, comme dans l'Ain, " avec 25 à 50 tonnes de semences de féverole, pois, vesce et trèfle, commandées ces dernières années ".
Très peu d'azote minéral, des apports de soufre et de potasse
Il n'y a pas d'intervention sur un méteil destiné à l'ensilage, hormis une fertilisation.
Arvalis rappelle qu'il faut accompagner la fertilité du sol, puisque les méteils sont récoltés. " Les légumineuses sont exigeantes en phosphore et potassium. La fertilisation azotée peut aller de 0 à 50 unités d'azote minéral par hectare, en fonction de la composition du mélange, des effluents épandus, des reliquats azotés... pour assurer le démarrage des graminées. " Les éleveurs font souvent un apport de fumier ou de lisier en sortie d'hiver, mais qui servira davantage au maïs.
Attention à la baisse de MAT
" Beaucoup d'éleveurs continuent d'apporter de l'azote minéral. Un essai a montré qu'il n'y a pas d'écart de rendement entre un méteil fertilisé et un méteil sans azote minéral, expose Emilie Vallet, de la chambre d'agriculture de l'Eure. Et il y a un effet délétère sur la qualité du fourrage. Plus on apporte de l'azote, moins le fourrage est riche en protéines. Car dans ce cas, les légumineuses ne font pas leur travail de captation de l'azote du sol. Il ne faut amener 30 unités d'azote en février que lorsqu'il y a une proportion importante de céréales. "
Dans l'Ain, suite à des essais menés par les éleveurs et encadrés par Acsel conseil élevage, " on préconise d'apporter 30 unités d'azote soufré en sortie d'hiver. Les légumineuses consomment du soufre et les retombées atmosphériques ne suffisent pas. On a constaté que cet azote apporté très tôt en sortie d'hiver a un effet starter sur le méteil, qui démarre plus vite au début du printemps ", expose Camille Olier, d'Acsel.