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Les multiples atouts des compresseurs sans huile

Choisir un compresseur sans huile, c’est éliminer le polluant le plus nocif et le plus coûteux du process d’air comprimé, tout en allégeant la maintenance. Si la machine est plus chère à l’achat que la version lubrifiée, Éric Braux, vigneron en Champagne, ne regrette pas son choix.

Pour sa production de 500hl de vin, Éric Braux a pris un compresseur qui débite en simultané 20,5m3 d'air comprimé par heure et 8m3 d'azote par heure. Il dispose en plus d'une cuve de stockage d'azote de 14m3.
Pour sa production de 500hl de vin, Éric Braux a pris un compresseur qui débite en simultané 20,5m3 d'air comprimé par heure et 8m3 d'azote par heure. Il dispose en plus d'une cuve de stockage d'azote de 14m3.
© J.Gravé

À Bragelogne-Beauvoir, dans la Côte des Bar, les Champagnes Rollin ont la particularité d’élever leurs vins durant plusieurs années avant de les commercialiser. « Chez nous, l’entrée de gamme a 48 mois de cuve », illustre Éric Braux, le vigneron. Et depuis 2018, toutes les cuvées sont élaborées sans sulfites ajoutés. « Nos besoins en azote pour inerter sont donc importants. D’autant que l’on fait des vinifications parcellaires, donc nos cuves ne sont pas toujours pleines avant assemblage », pointe le vigneron. Il y a cinq ans, il refait à neuf son bâtiment de vinification et s’équipe d’un compresseur lubrifié pour satisfaire ses besoins en azote. La machine doit aussi servir à produire l’air comprimé qui alimente la chaîne de dégorgement.

Une fuite d’huile probablement à l’origine d’une contamination bactérienne

Mais dès la première année d’utilisation, il est frappé par le montant des frais d’entretien du compresseur. « Entre le changement des différents filtres et des pièces d’usure, j’en avais pour 2 500 €/an », commente Éric Braux. Le vigneron, qui apprécie disposer d’éléments techniques pour piloter ses choix à la vigne comme au chai, se dit dépourvu par les recommandations du fabricant. « La technicienne me disait d’envoyer de l’azote pendant à peu près cinq minutes pour inerter mes cuves. Quand on travaille sans sulfites, le 'à peu près' n’est pas une notion acceptable », explique Éric Braux. Malgré les précautions qu’il prend, il constate à plusieurs reprises qu’une flore microbienne se développe à la surface de ses vins. « J’ai fait des piquages dans les chapeaux de cuve pour mesurer les taux d’oxygène dans le ciel gazeux. C’était bien trop élevé », indique le vigneron. Une année, il est contraint d’écarter près de 10 hl de vin par suite d’une contamination microbienne. « À 1 000 € l’hecto, ça fait réfléchir », se souvient-il. Il soupçonne une défaillance des filtres qui aurait provoqué une fuite d’huile dans les tuyauteries, propice à la prolifération bactérienne. Il n’en a pas la certitude, mais dans le doute, il préfère se séparer de son compresseur lubrifié. Éric Braux se rabat alors sur un compresseur sans huile fabriqué par la société Hexagone Air Concept, sur les suggestions d’un collègue déjà équipé.

L’équivalent d’une bonbonne d’azote produit par heure

Sur les conseils du fabricant, Éric Braux, qui produit en moyenne 500 hl chaque année, opte pour un compresseur d’une puissance de 11 kW, fonctionnant à une tension de 400 volts. « Notre technologie est basée sur la compression d’air via deux spirales qui effectuent un mouvement orbital l’une par rapport à l’autre. L’avantage de ce système est que les frottements sont très réduits. Donc non seulement l’huile n’est pas nécessaire, mais surtout ça évite les pertes de charge, donc les chutes de débit », explique Benjamin Lechauve, responsable commercial chez Hexagone Air Concept. Le compresseur, qui appartient à la série Alizé, est doublé d’un générateur d’azote par séparation membranaire. Ce dernier produit 8 m3 d’azote par heure d’une pureté de 99,5 % minimum, ce qui correspond aux standards de l’agroalimentaire. « C’est l’équivalent d’une bonbonne », intervient Benjamin Lechauve. Éric Braux dispose en plus d’une cuve de stockage de l’azote de 14 m3, dont le niveau est automatiquement refait dès que le vigneron puise dedans. « Pendant les périodes où je consomme beaucoup d’azote, donc à la fin des fermentations alcooliques quand il faut inerter, la pause déjeuner est suffisante pour refaire les stocks et me permettre de continuer sans interruption », complète le vigneron.

Lire aussi notre astuce "Un circuit pour étanchéifier les garde-vins à partir d'un compresseur "

Une application smartphone connectée au compresseur

L’azote est acheminé jusqu’aux cuves de 20 et 43 hl par la tuyauterie installée précédemment, à l’époque du compresseur lubrifié. Dans le chai, un boîtier raccordé sur un retour de cuve inertée indique le taux d’oxygène dans le ciel gazeux. « Pour maintenir un bon inertage, je fais une chasse par jour pendant deux minutes. L’électrovanne s’ouvre, ce qui permet de récupérer l’air qui flotte dans le ciel gazeux. Dès que le taux d’oxygène devient inférieur à 0,25 %, la vanne se referme », explique Éric Braux. Pour davantage de précision, le vigneron envisage à l’avenir d’apposer une électrovanne par cuve « afin que chacune se gère de façon indépendante ». Il apprécierait également que l’interface située sur le boîtier soit plus ergonomique et intuitive. Ces améliorations sont en cours, assure-t-on chez Hexagone Air Concept. « On est aussi en train de développer une application connectée pour pouvoir suivre depuis son smartphone les informations que l’on retrouve sur le compresseur, comme la pression d’air, le temps de fonctionnement ou encore l’historique des alarmes », complète Benjamin Lechauve.

Des frais d’entretien de 400 €/an environ

Si le compresseur sans huile se révèle plus cher à l’achat que son homologue lubrifié, Éric Braux se dit pleinement satisfait de son investissement. « La machine m’a coûté près de 20 000 €, mais au niveau entretien j’en ai pour 100 €/an plus une vis tous les cinq ans. Donc en gros, ça me coûte 400 €/an », calcule le champenois. Le fabricant, qui assure la révision et le suivi de la machine, est basé à environ une heure de route. Un argument qui pèse aussi lourd dans la satisfaction du vigneron.

Un cadre normatif de plus en plus défavorable aux compresseurs lubrifiés

L’air comprimé produit à partir de compresseurs lubrifiés génère une pollution liquide contenant de l’eau, de l’huile, ainsi que des particules solides, comme la poussière. Pour l’heure, la loi impose aux utilisateurs de traiter les condensats avant de jeter l’eau à l’égout. « La pureté de l’air, tant pour les risques de contamination des produits alimentaires que pour la sécurité des opérateurs, est de plus en plus surveillée », confie Nils Blanchard, responsable commercial chez Elgi. Aux filtres à huile s’ajoutent donc les filtres à air et à odeur. Non seulement le changement régulier de ces éléments induit une hausse des frais de maintenance mais il génère aussi une quantité importante de déchets, pas toujours recyclables. « Un compresseur à vis lubrifié couplé à un générateur d’azote génère trois fois son volume en déchet au cours de sa vie », illustre Benjamin Lechauve, responsable commercial chez Hexagone Air Concept. Une ombre importante au tableau alors que la filière vin, comme de nombreuses autres filières, est de plus en plus vigilante sur son impact environnemental. « Il n’est pas impossible qu’un jour les compresseurs lubrifiés soient exclus des cahiers des charges bio », pointe Nils Blanchard. Si la présence des compresseurs lubrifiés dans les entreprises alimentaires françaises est encore forte, l'évolution du chiffre d'affaires du non lubrifié indique qu'une transition est en cours vers le non lubrifié. Pour les fabricants, la France représente le plus gros marché européen.

 

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