Aller au contenu principal

Les missions du chien de protection

Le rôle du chien de protection est d’assurer la sécurité du troupeau face aux agresseurs externes (loups, nuisibles, voleurs…). Cela demande au chien des compétences particulières et un comportement adapté aux différentes situations.

Grâce à la sélection des chiens de protection commencée par nos ancêtres et poursuivie de nos jours, le caractère prédateur du canin a été mis de côté par les races ciblées. Reste le comportement « défense du territoire », détourné au profit de la « défense du troupeau » chez les chiens de protection. En premier lieu, il est donc indispensable que le chien inspire confiance au troupeau qu’il protège. Pour cela, il doit se montrer calme et paisible, ne doit pas montrer de signes d’excitation et donne continuellement des gages de confiance aux ovins. Le chien se déplace lentement, détourne le regard, garde la tête baissée et doit à aucun moment montrer un comportement de prédateur envers les individus du troupeau. De même, l’éleveur va exiger du chien qu’il soit fixé au troupeau, c’est-à-dire qu’il va avoir envie de rester à proximité immédiate du troupeau sur des longues durées. Après l’éloignement d’une menace, le chien doit revenir de lui-même auprès du troupeau.

Des menaces pas toujours visibles pour le maître

En cas d’intrusion, le chien de protection des troupeaux (CPT) va entrer dans le vif de son rôle, à savoir signaler sa présence et empêcher ledit intrus d’approcher davantage du troupeau. En premier lieu, le chien va aboyer. Gardez en tête que même si vous ne voyez pas l’objet de l’aboiement, cela ne veut pas dire que le chien aboie à tort. Celui-ci n’a pas la même perception de l’environnement que nous autres, grâce à des capacités olfactives, visuelles et auditives différentes des nôtres.

Mise garde, interposition et attaque

L’aboiement est la première étape dans la protection, avant l’interposition et l’agression, si cela devient inévitable. Il va également permettre de mettre les autres chiens de protection, s’il y en a, en état d’éveil face à une menace potentielle. Néanmoins, il faut arriver à juger lorsqu’un chien n’aboie pas à bon escient. En effet, l’effet escompté par un aboiement ne sera plus au rendez-vous, les intrus auront alors l’habitude et ne craindront plus cette mise en garde. Sans compter les conflits qui risquent fort d’apparaître avec le voisinage, lassé par le bruit des chiens. Si l’aboiement ne suffit pas à arrêter l’intrus et que celui-ci poursuit sa progression en direction du troupeau, le chien va alors s’interposer. Il va se déplacer au-devant de l’intrus, avec un langage corporel signalant à ce dernier qu’il s’apprête à franchir entrer dans son « espace de sécurité » et qu’elle met en danger le troupeau par sa présence. À noter que la distance qui définit l’espace de sécurité autour d’un chien et l’intrus est variable d’un chien à un autre.

En troisième et dernier recours, le chien passera à l’attaque, dans le but de faire fuir l’agresseur.

Un chien sûr de lui, mais pas belliqueux

Le comportement recherché aujourd’hui chez les chiens de protection est qu’il soit déterminé face aux intrus mais ne soit pas bagarreur. Il doit passer par les deux premières étapes de dissuasion avant d’aller au contact. Il est demandé au chien de savoir faire preuve de discernement dans la détection et l’évaluation des menaces. Face à des situations et des protagonistes divers, il doit être capable d’adapter son comportement. En effet, le chien de protection travaille la plupart du temps seul, mais dans un environnement potentiellement fréquenté par tous types d’usagers (promeneurs, cavaliers, vététistes, agriculteurs, etc.). Il est donc primordial qu’il soit familiarisé avec les êtres humains et ne se montre pas agressif envers ceux-ci s’ils ne dérangent pas le troupeau.

Les bases de l’éducation doivent être acquises

Le CPT doit se montrer ainsi respectueux envers les humains et se laisser approcher et manipuler par son maître quand celui-ci le décide. Il doit pouvoir lui toucher le ventre, les oreilles, la bouche. Le CPT doit avoir les mêmes bases d’éducation que tous les autres chiens, à savoir : marcher en laisse, accepter l’attache, monter en voiture, répondre à l’appel de son nom, etc. Le maître doit pouvoir diriger un minimum le chien juste à la voix.

Il est également important que le chien se montre sociable et en intelligence avec ses congénères, d’autant plus quand l’éleveur travaille avec une meute de chiens pour protéger son troupeau.

En pratique, comment gérer troupeau et chien de protection ?

Une fois le chien bien accueilli, éduqué, le maître formé, il reste à mettre le premier au travail et le second de s’assurer que le troupeau est gardé efficacement.

Chaque situation de protection va être différente et dépend de trois critères principaux. La topographie de la parcelle (bois, relief, etc.) va parfois empêcher un chien seul d’avoir en visuel l’ensemble du troupeau. Le comportement des ovins va jouer aussi, car plus les animaux sont grégaires et vont avoir tendance à rester groupés, plus le chien pourra garder efficacement le lot. Si la parcelle de pâturage est de petite taille, le troupeau ne pourra pas non plus s’étaler, favorisant le travail du chien. Enfin, la pression de la prédation et le type de prédateurs vont fortement impacter le nombre de chiens nécessaires pour la protection du troupeau. Un seul chien peut être efficace contre des chiens errants tandis que contre des prédateurs sauvages (loups, ours, lynx), il va être nécessaire de mettre en place plusieurs chiens adultes.

Des caractères complémentaires pour plus d’efficacité

Dans la constitution d’une meute ou simplement d’un duo de chiens de protection, il va falloir mettre en place autant que possible des individus avec des caractères complémentaires. Un chien très attaché au troupeau, réactif et vigilant va permettre de donner l’alerte aux autres et ne quittera pas facilement le giron des ovins. À l’inverse, un chien plutôt curieux et aventurier s’éloignera plus aisément du troupeau, créant ainsi un périmètre de sécurité plus large. Il hésitera moins à entrer en contact avec un intrus voire à lancer une poursuite pour mettre ce dernier en fuite. De plus, deux individus avec des caractères aussi différents pourront réaliser le travail demandé sans se gêner ou se concurrencer.

Un chien peut travailler à partir de deux ans jusqu’à huit ou dix ans. Anticipez le renouvellement de votre équipe de protection !

L’arrivée d’un chien adulte dans le troupeau

Dans une situation d’urgence, par exemple des attaques de loups, il va être nécessaire de s’équiper d’un chien de protection adulte. Si le troupeau a déjà cohabité avec un chien, tout devrait bien se passer. Si ce n’est pas le cas, que le troupeau n’a jamais vu de chien de protection, celui-ci n’ayant pas grandi en son sein, l’habituation va demander un peu plus de temps. Essayez de présenter le chien au troupeau dans un espace réduit, en bergerie ou dans un petit parc, où le troupeau ne pourra pas fuir. Attachez le chien au niveau des points de passage tels que l’abreuvoir ou la pierre à sel afin qu’un maximum d’animaux l’identifie et accepte sa présence proche.

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Laurent Loury, sélectionneur ovin
"A cause de la FCO, je vais manquer d’agneaux, de brebis et mes reproductrices sont bloquées sur ma ferme"
Laurent Loury est sélectionneur de brebis Ile de France dans l'Oise. Son troupeau est contaminé par la FCO3, les pertes animales…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre