L’énergie, le carburant des mises bas réussies
La truie doit pouvoir compter sur l’énergie apportée par l’alimentation pour que la mise bas se déroule dans de bonnes conditions et pour produire un colostrum de qualité.
La truie doit pouvoir compter sur l’énergie apportée par l’alimentation pour que la mise bas se déroule dans de bonnes conditions et pour produire un colostrum de qualité.
« Pour une truie, la mise bas équivaut à un marathon. L’effort doit être soutenu pendant plusieurs heures », soulignait Peter Theil, nutritionniste à l’université d’Aarhus (Danemark), lors du séminaire Zinpro organisé à Rennes le 4 avril dernier. Et pour soutenir cet effort, il met l’accent sur la nécessité de maintenir un taux de glucose élevé dans le sang durant toute cette phase critique. Le glucose est un glucide simple apporté par l’alimentation, qui fournit de l’énergie directement assimilable par l’organisme. Il est présent en quantité importante dans le sang juste après un repas, puis diminue plus ou moins rapidement ensuite. Pour une mise bas réussie, le nutritionniste fixe la teneur minimum du glucose sanguin à 2 millimoles par litre de sang. « Un pic jusqu’à 6 millimoles se produit dans les 30 minutes qui suivent un repas. Le taux de glucose se maintient ensuite au-dessus de l’objectif pendant cinq heures, souligne-t-il. Mais ensuite, il diminue et se situe au-dessous de la recommandation. Au-delà de six heures après le dernier repas, la truie est en situation de déficit énergétique. » C’est ce qui explique, selon lui, l’augmentation quasiment linéaire de la durée de la mise bas quand l’intervalle entre le dernier repas et le début de la mise bas augmente. Ce constat explique aussi l’accroissement du nombre de morts nés quand la durée de la mise bas augmente.
Attention à l’excès de protéines, oui aux fibres fermentescibles
Peter Theil avance des pistes alimentaires pour optimiser l’apport de glucose à l’organisme. Il souligne l’impact négatif des rations trop riches en protéines. « L’utilisation de l’énergie apportée par les protéines diminue quand elles sont en excès dans l’aliment », constate-t-il. Le nutritionniste explique ce phénomène par le fait que le processus d’oxydation des acides aminés apportés en excédent, et donc non utilisés par l’organisme, consomme beaucoup d’énergie. « Cette perte d’énergie peut représenter jusqu’à 5 % des apports. Elle est particulièrement préjudiciable aux cochettes. »
En revanche, une ration riche en fibres fermentescibles (contenus notamment dans les pulpes de betteraves et d’agrumes) est bénéfique aux truies, en « étalant » l’apport d’énergie dans le temps. Leur action bénéfique sur le transit intestinal limite aussi les risques de constipation, qui peut bloquer l’expulsion des porcelets.
Un colostrum plus riche en nutriments
L’apport d’énergie aux truies le jour de la mise bas a également un effet positif sur la qualité du colostrum. " Nous avons prouvé, en analysant le bilan carbone de la mamelle de la truie autour de la mise bas par des analyses dynamiques de sang et de lait, que le lactose et la matière grasse contenus dans le colostrum sont produits après le début de la mise bas." Le nutritionniste a également démontré qu’un apport accru de fibres dans l’alimentation des truies avant la mise bas augmente le taux de matières grasses du colostrum, sans qu’il puisse toutefois en expliquer la raison. Ces constats trouvent leurs applications dans la mise en place d’aliments péri mise bas riches en fibres et plus pauvres en matière azotée totale que les aliments de lactation. « Les éleveurs doivent aussi éviter d’ajeûner les truies le jour de la mise bas. La mise à disposition de trois repas est indispensable pour que les porcelets naissent dans les meilleures conditions », conclut Peter Theil