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« L’embouteillage à façon permet d’avoir un matériel de pointe »

Yan Cogné, vigneron en Anjou, fait appel à un prestataire pour mettre en bouteille. Il apprécie son matériel de pointe et son savoir-faire.

Une fois la prestation réalisée, Yann Cogné stocke ses bouteilles de tiré-bouché dans un local dédié de 500 m2.
Une fois la prestation réalisée, Yann Cogné stocke ses bouteilles de tiré-bouché dans un local dédié de 500 m2.
© X. Delbecque

Trois fois par an, c’est le même rituel. Le semi-remorque arrive dans la vaste cour du Vignoble Cogné, dévoile sa chaîne de mise en bouteille et l’opérateur tire ses tuyaux pour la raccorder aux cuves. Avec ses 180 000 cols annuels commercialisés, le domaine, situé en zone IGP à Orée-d’Anjou, dans le Maine-et-Loire, aurait pu rentabiliser une chaîne d’embouteillage depuis longtemps. Yan Cogné le sait bien, et c’est sciemment qu’il passe par un prestataire de services. « Auparavant nous n’avions pas tant de besoins, nous étions dans une Cuma avec un petit groupe d’embouteillage, raconte-t-il. Puis, quand nous avons augmenté le nombre de bouteilles, nous avons commencé à faire appel à un prestataire en complément, et nous avons fini par ne garder que cette solution. » Le vigneron y voit plusieurs avantages. Tout d’abord, il gagne du temps. Lorsqu’il fait appel à l’entreprise, il demande le camion avec la plus grosse ligne, qui traite 5 500 à 6000 bouteilles par heure ; ainsi, il conditionne l’essentiel de sa production en cinq à six jours.

Conditionner l’hiver pour être tranquille pendant la saison végétative

« Si je devais investir, il me faudrait partir sur un modèle de 1 500 bouteilles par heures, 2 000 au mieux. Et finalement, sur l’année, il me faudrait plus de quinze jours pour tout traiter », analyse Yann Cogné. Une fois la majorité de la production mise en bouteille en février, Yan Cogné repart l’esprit tranquille dans ses vignes. Il sait qu’il n’aura pas de mise à faire en urgence au printemps, période où il faut être « à fond » et réactif pour gérer la couverture phytosanitaire et l’entretien du sol. De même, il n’a pas à s’occuper de filtrer les vins, puisque la ligne mobile est équipée d’un filtre à terre suivi d’un filtre à cartouche juste avant la tireuse. « Je ne fais pas de pré-mise, au moins le vin n’est manipulé qu’une seule fois, apprécie-t-il. Je m’occupe simplement du collage, de la stabilisation et d’ajuster le niveau de SO2. »

Le vigneron n’a pas à gérer non plus l’entretien de la ligne d’embouteillage, « d’autant plus que quand on s’en sert peu, les joints sèchent, ce sont de potentiels tracas », dit-il. Il s'occupe en revanche tous les achats de matières sèches. Grâce à la prestation, Yan Cogné peut également compter sur un matériel performant, qu’il n’aurait peut-être pas pu acheter. L’entreprise avec laquelle il travaille, Alain Beteau, a par exemple investi dans l'inertage, intéressant pour ses sauvignons au profil thiolé, mais qu’il n’aurait pas fait seul. « Dès que l’on rajoute le rinçage et l’inertage, ça chiffre ! », lance-t-il. Et de rajouter que, qui dit chaîne de mise en bouteille dit également bâtiment dédié, à financer par la même occasion.

La qualité du travail est assurée, et la responsabilité est du côté du prestataire

Mais au-delà des considérations matérielles, Yan Cogné passe aussi par la prestation pour avoir une qualité de travail professionnelle. Car bien embouteiller est encore un autre métier, selon lui. « Il ne faut pas rigoler avec le bouchage, estime-t-il. Par exemple, quand il m'arrive de boucher à la main pour des échantillons, avec du synthétique j'ai toujours des bouteilles couleuses. » Le prestataire maîtrise parfaitement la hauteur du bouchon, le niveau de vin dans le col, la désinfection ; il récupère régulièrement sur la ligne des échantillons pour le contrôle et la traçabilité, qu’il garde en interne. De plus, il est certifié ISO 9001 et répond aux exigences de l’HACCP, ce qui procure une liberté d’esprit pour Yan Cogné. Sur le bureau du vigneron traînent quelques bouteilles de divers domaines. « Je regarde comment c’est bouché, je fais attention aux détails. Parfois, je vois passer des bouteilles de collègues qui ont leur propre groupe, et c’est mal fait », remarque-t-il. Et en cas de souci quelconque, ce qui n’est encore jamais arrivé, il sait que c’est de la responsabilité de l’embouteilleur.

Un coût moyen de 12 centimes hors taxes par bouteille pour la prestation

Yan Cogné relève bien sûr quelques inconvénients au fait de faire appel entièrement à un prestataire. Déjà, il doit bien anticiper sa mise en bouteille. Dès le mois de novembre ou décembre, le vigneron cale les dates pour le mois de février, pour être sûr d’avoir un créneau à cette période et avec le matériel choisi. Puis, cela représente une avance de trésorerie, qu’il faut être en mesure de gérer sur le plan comptable. Sans compter la place nécessaire pour stocker une majeure partie de la production en tiré-bouché.

En 2015, le domaine a d’ailleurs construit un bâtiment climatisé de 500 m2, qui sert de local de stockage. Les bouteilles y sont entreposées dans des palox de 500 à 600 bouteilles, gerbés sur trois hauteurs et classés en fonction des millésimes. Le dernier point qui joue en défaveur du prestataire, par rapport à un investissement, est le coût de l’embouteillage. Celui-ci revient à environ 12 centimes d’euros hors taxes par col, et peut monter en cas d’inertage ou encore pour les liquoreux.

Les bouteilles sont habillées au long de l’année selon les besoins

Dans la pratique, le prestataire arrive à deux personnes. Un cariste qui amène les palettes de bouteilles vides et les palox pour le bout de chaîne, et qui surveille la cuve branchée. Et un technicien qui gère la filtration et met les bouteilles vides sur la chaîne, par lots, grâce à une pince à dépalettiser. Du côté de l’entreprise Cogné, trois ouvriers sont en bout de chaîne pour mettre en palox le tiré-bouché, et Yan Cogné s’occupe de filmer et ranger les palox une fois pleins. Le camion, en arrivant, se branche sur l’eau et sur l’électricité. « Il faut être équipé en 380 V de 32 A », prévient le vigneron. Dès février, il met en bouteille une grosse partie du sauvignon (65 000 bouteilles) mais aussi le chardonnay, rosé, le moelleux et les rouges de l’année précédente passés en barrique, ce qui représente des cuvées de 5 000 à 15 000 cols.

En mai, il embouteille de rouge de l’année, qui est trop jeune en février. Et fin juillet, une fois que les travaux à la vigne se sont calmés, il tire le reste du sauvignon (20 000 bouteilles). Le domaine possède sa propre étiqueteuse et habille les bouteilles au fur et à mesure en fonction des besoins. Quant au bag-in-box, Yan Cogné louait auparavant la machine, mais il a fini par en acheter une pour plus de tranquillité. Preuve qu’il n’est pas réfractaire à l’investissement !

Des clients allant de 10 000 à 400 000 cols par an

L’entreprise Alain Beteau embouteille plus de 12 millions de bouteilles par an. Parmi ses clients vignerons, elle compte aussi bien des petites exploitations qui font 10 000 cols par an que des gros faiseurs pour lesquels elle embouteille 300 000 à 400 000 cols par an. « Leur point commun est de venir chercher de la technicité, une maîtrise que l’on n’a pas forcément en interne, explique Yves Luneau, le directeur. Ces vignerons doivent déjà exercer plein de métiers différents. S’ils peuvent se dégager de celui-ci pour être meilleurs ailleurs, ils le font. » Certains viennent également chercher des options très spéciales comme l’inertage, le bouchage vis ou couronne, le marquage des bouteilles

Passer par un prestataire est très facile et ne demande pas de formalité supplémentaire que le règlement d’une facture. C’est le prestataire qui endosse la responsabilité de la mise de façon automatique. À la demande du client, l’entreprise peut établir par écrit un cahier des charges. « C’est le cas notamment quand on travaille avec le négoce ou avec la grande distribution », illustre le dirigeant. Le prestataire propose soit un service d’embouteillage type tiré-bouché, soit une prestation cinq opérations : filtration, mise, étiquetage, capsulage et conditionnement en cartons.

Avantages

Pas d’investissement

Expertise

Matériel de pointe

Inconvénients

Coût élevé

Moins de flexibilité

Besoin de stockage

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repères

EARL Vignoble Cogné

Superficie 50 hectares
Appellation IGP val de loire
Salariés 5 ETP et 4 saisonniers
Production 3 500 hl en moyenne
Commercialisation 1/3 vrac et 2/3 bouteilles (180 000 cols) en circuit vente directe (60 %), export (20 %) et cavistes/grossistes (20 %)

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