Daniel Platel, conseiller viande bovine à la chambre d’agriculture de la Somme
« Le vêlage à deux ans est une opportunité pour les élevages intensifs des Hauts-de-France »
Le vêlage à deux ans est-il accessible à tous les éleveurs de bovins viande ?
Cette pratique demande une conduite technique exemplaire, un haut niveau génétique, et une alimentation riche et abondante. Il y a des élevages où la priorité n’est pas le vêlage à deux ans : ceux qui ont beaucoup d’herbe à valoriser.
Sur notre département, la Somme, le vêlage à deux ans peut prendre de l’ampleur progressivement. Car les éleveurs disposent de moins en moins d’herbe, et les génisses restent en bâtiment à partir du sevrage ou bien à partir de juillet, et quand elles arrivent à l’âge de 25 mois elles sont très développées pour ne pas dire grasses. C’est souvent un gâchis alimentaire, une source de charges évitables et une perte de temps.
Les éleveurs sont souvent sceptiques sur les résultats zootechniques obtenus avec un premier vêlage à deux ans. Qu’en pensez-vous ?
Le vêlage à deux ans marchera bien chez les éleveurs qui sont passionnés de technique. C’est un challenge, et comme pour toute nouvelle technique, il faut se faire la main et cela ne réussit pas forcément parfaitement la première année. Mais les essais scientifiques comme celui de Jalogny et le retour d’expérience d’éleveurs locaux montre que le vêlage à deux ans fonctionne. Ce qui compte, ce n’est pas seulement le poids de carcasse des vaches, mais la quantité de viande vendue ramenée à l’UGB.
Peut-il améliorer la rentabilité des élevages ?
Le vêlage à deux ans n’a d’intérêt selon moi que s’il permet d’améliorer l’EBE, ce qui est le cas quand on augmente le nombre de vêlages à nombre d’UGB constant. Jusqu’à présent, on avait des primes ABA en plus. Il faudra étudier l’effet de la nouvelle prime à l’UGB avec la prochaine PAC. Mais quoi qu’il en soit, il faut continuer à être productif pour payer les charges et surtout dégager un revenu. Le vêlage à deux ans s’inscrit dans cette ligne.
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Les éleveurs laitiers de la région ont passé le cap il y a trente ans alors que beaucoup étaient sceptiques. mais bien encadrés techniquement, c’est devenu une évidence pour eux. Les Anglo-Saxons, et nos voisins belges sur leur race Blanc bleu pratiquent cette technique. Il est temps de se réveiller et de faire tourner l’outil de production plus vite.
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