Le tracteur autonome et électrique Monarch à l’épreuve des vignes
Le constructeur américain Monarch a réalisé une campagne de démonstrations en France : l’occasion de démystifier ce tracteur électrique autonome.
Le constructeur américain Monarch a réalisé une campagne de démonstrations en France : l’occasion de démystifier ce tracteur électrique autonome.
Après avoir présenté pour la première fois son tracteur électrique autonome MK-V au Sitevi, Monarch le met à l’épreuve du terrain avec une campagne de démonstrations à travers toute la France. Les viticulteurs présents constatent ainsi les capacités de ce tracteur atypique.
Dépourvu de cabine fermée, ce tracteur développe 40 ch (30 kW) de puissance nominale et 70 ch (52 kW) de puissance de pointe. Il abrite une batterie de 110 kWh lui procurant une autonomie de 8 à 14 heures, selon les travaux. Compter 5 à 6 heures pour un rechargement complet, sur une borne de charge de 32 ampères.
Doté de quatre roues motrices, le Monarch dispose d’une prise de force arrière de 40 ch au régime de 540 tr/min. Le circuit hydraulique fermé affiche un débit de 45 l/min et alimente jusqu’à trois distributeurs double effet, ainsi que le relevage de 1 150 kg de capacité. D’un poids de 2,6 tonnes, 2,8 tonnes avec les masses avant, le tracteur Monarch affiche une capacité de traction limitée à 2,5 tonnes.
D’une largeur minimale de 1,23 m, cet engin, capable de réaliser tous les travaux, ne blêmit pas, attelé à un cultivateur sept dents, et l’emmène sans broncher. Le débit de chantier est loin d’être ridicule et les seuls sons entendus sont les bruits de roulement et ceux de l’outil. Si le rayon de braquage n’est pas le point fort du MK-V, les demi-tours s’effectuent avec aisance et fluidité dans la parcelle du domaine de la Galinière (Châteauneuf-le-Rouge, Bouches-du-Rhône) qui accueille la démonstration.
Toute l’intelligence est dans le toit
Doté d’un volant, d’une pédale d’accélérateur et d’une autre pour le frein, le MK-V ne perturbe pas les non férus de technologies, qui pourront le déplacer facilement d’une parcelle à une autre. Il n’empêche que ce tracteur est bardé de technologies qui lui permettent de travailler en toute autonomie. Néanmoins, d’un point de vue réglementaire, la Mother regulation (1) l’empêche, pour l’instant, d’évoluer seul dans la parcelle sans opérateur à proximité.
Pour assurer son fonctionnement en toute autonomie, le toit intègre une antenne GPS RTK. L’arpentage peut s’effectuer de deux façons : en détourant la parcelle ou en réalisant un passage en manuel dans tous les rangs (ou un rang sur deux). Le toit loge pas moins de six caméras combinées au besoin à des phares à LED pour les garder fonctionnelles lors de travaux nocturnes. Quatre de ces caméras servent au guidage du tracteur, ainsi qu’à détecter les obstacles (véhicule, animal, humain, etc.) qui gravitent autour de l’engin. Dans cette situation, un coup de klaxon est donné dans un premier temps, avant un arrêt complet si l’obstacle ne bouge pas. Les deux dernières caméras ont pour fonction d’enregistrer des images de la vigne (3 par seconde). Moyennant un abonnement de 200 euros par mois, ces images géolocalisées sont conservées dans le cloud et peuvent être retrouvées pour éventuellement déterminer quels pieds sont concernés par une attaque de maladies et où ce foyer a débuté. Monarch collabore avec d’autres sociétés, afin de proposer différentes applications : détection de pieds morts ou manquants, analyse de feuillage, comptage de fruits, identification des zones à traiter, etc.
Coté tarif, Monarch annonce un coût de 114 000 euros, à mettre en perspective avec les prix des tracteurs neufs aujourd’hui qui siphonnent jusqu’à 80 litres de GNR par jour. Le plein en électricité est bien moins cher et assure un retour sur investissement rapide, d’autant plus si on considère les heures de main-d’œuvre qu’il permet d’économiser.
Un réseau et un service en construction
L’homologation du tracteur MK-V, qui devrait aboutir d’ici la fin de l’année, devrait donner le coup d’envoi de la commercialisation et des premières livraisons au premier trimestre 2025. « Le tracteur Monarch MK-V fait déjà l’objet de 200 réservations en Europe, dont 140 en France », explique Jean-Philippe Fejoz, directeur des ventes Europe. Monarch va s’appuyer sur un réseau de concessionnaires agricoles, soutenu par un SAV européen de Monarch en cours de recrutement.