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Le sorgho d’Alep, une vivace émergente difficile à contrôler en vigne

Le sorgho d’Alep est une adventice vivace émergente difficile à contrôler du fait de son rhizome. Plutôt présente au Sud de la France, elle gagne les vignobles septentrionaux à la faveur du réchauffement climatique.

Le sorgho d’Alep (Sorghum halepense) est une adventice vivace originaire d’Asie occidentale et Afrique du Nord. « C’est une plante qui apprécie les conditions chaudes que l’on observe dans les vignes du Bassin méditerranéen et du Sud-Ouest, même si depuis quelques années, à la faveur du réchauffement climatique, on la trouve également en Vallée du Rhône, en Bourgogne ou en Alsace », remarque Guillaume Fried, botaniste, chargé de projet recherche à l’Anses. Son expansion est facilitée par le travail du sol qui fragmente le rhizome de cette plante. En Languedoc-Roussillon, un réseau de parcelles viticoles suivi par l’Anses montre que désormais près d’un quart des parcelles serait concerné.

Cette évolution doit conduire les vignerons à la vigilance et l’observation afin d’adapter le mode d’entretien des vignes si cette espèce est présente.

 

Caractéristiques

Physiologie

Le sorgho d’Alep est une espèce vivace de la famille des poacées (graminées), à rhizomes courts et puissants. La plante adulte mesure de 50 cm à 2 m. Les tiges sont robustes, dressées avec des nœuds couverts de poils fins et courts. Les feuilles sont larges (jusqu’à 4 cm) et peuvent mesurer 60 cm de long ; elles sont planes, scabres, à bord coupant avec une nervure médiane épaisse et blanche qui facilite la reconnaissance de la plante. L’inflorescence se présente en panicule pyramidale étalée, de 15 à 40 cm de longueur, avec une couleur rouge violacée à maturité et des rameaux scabres disposés en verticilles.

Lire aussi : Le chardon des champs s'épanouit dans les sols travaillés

Facteurs favorables et nuisibilité

Le sorgho d’Alep est une plante difficile à contrôler dans les vignes du fait de son rhizome qui lui permet de s’étendre et dont la fragmentation est favorisée par le travail du sol mis en œuvre lors de l’entretien des parcelles de vigne. À ce mode d’expansion souterrain, il faut ajouter un mode de reproduction sexuée par les graines de juin à septembre avec des levées échelonnées, ce qui complique fortement la maîtrise de cette adventice. La nuisibilité du sorgho d’Alep et la concurrence vis-à-vis de la vigne ne sont pas clairement identifiées. Tout dépend évidemment du niveau de présence de cette espèce. Mais ce qui semble plus inquiéter les professionnels, c’est la propension à se développer de cette espèce émergente.

Prévention et lutte

Du fait de levées échelonnées, la lutte chimique est compliquée à mettre en œuvre et n’est de plus pas toujours pas compatible avec la volonté de limiter autant que possible le désherbage chimique. Pour endiguer la propagation de cette espèce, « un repérage puis un arrachage des pieds de sorgho d’Alep encore isolés, peut contribuer à limiter la propagation redoutée de l’espèce », explique Guillaume Fried. Par ailleurs, dans les zones enherbées, le sorgho d’Alep est en concurrence avec les autres espèces et sa nuisibilité est moindre dans la mesure où la zone enherbée est entretenue et tondue. Et, dans cette option, l’absence de travail du sol limite l’expansion de cette plante vivace à rhizomes.

Le sorgho d’Alep appartient au même genre que le sorgho cultivé (S. bicolor) avec lequel il peut d’ailleurs s’hybrider.

Habitats : bords de routes, friches, cultures estivales (maïs, tournesol, sorgho) et maraîchères, vignes, bords de rivières… Il préfère les sols argileux compacts, chauds et bien irrigués.

Pour aller plus loin : Guide des plantes invasives. Fried, G. (2017), Éditions Belin.

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