Le b.a.-ba de la biosécurité en élevage bovin
Pour prévenir l’introduction de pathogènes, leur circulation au sein de l’élevage ainsi que leur diffusion vers l’extérieur, la biosécurité repose sur deux piliers : la sectorisation et la marche en avant. S’y ajoutent de nombreux gestes barrières.
Pour prévenir l’introduction de pathogènes, leur circulation au sein de l’élevage ainsi que leur diffusion vers l’extérieur, la biosécurité repose sur deux piliers : la sectorisation et la marche en avant. S’y ajoutent de nombreux gestes barrières.
La biosécurité est un enjeu qui monte. Les exigences qui existent dans les filières porc et volaille interpellent. La sensibilisation et l’accompagnement des éleveurs de bovins s’accélèrent. L’objectif est d’évaluer les risques et de mettre en place les mesures les plus efficaces sur chaque exploitation pour réduire la circulation des virus, bactéries, champignons et parasites. Un guide des bonnes pratiques en élevage bovin, des formations et diagnostics existent.
Chaque élevage bovin doit déclarer un référent biosécurité. Pour l’instant, aucune obligation de formation. Il n’y a pas de changement de la réglementation pour les élevages de ruminants, mais « la loi Santé animale place la santé des animaux sous la responsabilité des éleveurs, ainsi que celle des négociants et transporteurs », explique Floriane Boucher, de GDS France.
Parler de biosécurité peut effrayer. Ce sont en fait toutes les installations, actions et gestes de prévention qui permettent de réduire les risques d’introduction de virus, bactéries, champignons et parasites dans l’élevage, de diffusion entre animaux, et de sortie de l’exploitation. « Ce ne sont pas seulement des contraintes. Ce sont des mesures préventives pour éviter que les animaux soient contaminés. Elles ont donc un effet bénéfique sur les résultats de santé et de production », appuie Floriane Boucher, de GDS France.
La biosécurité est l’affaire de tous
Les mentalités et les habitudes changent et intègrent de plus en plus la biosécurité. « Par rapport à il y a dix ou quinze ans, il y a moins d’achats d’animaux. Sans doute en partie en lien avec le risque d’introduire des maladies (IBR, mortellaro…). De plus en plus d’éleveurs assurent leur renouvellement et leur croissance en interne, ou alors prennent des précautions en demandant des analyses, faites le plus souvent chez le vendeur », souligne Marie Lestrade, du GDS de Dordogne. Les transporteurs intègrent la biosécurité, avec notamment du transport direct d’élevage à élevage.
Mais encore aujourd’hui, des intervenants extérieurs à l’élevage n’ont pas le réflexe des surbottes ou de bien laver leurs bottes ; marchent sur la table d’alimentation ; entrent dans l’aire paillée et touchent les animaux alors qu’ils pourraient rester derrière les cornadis. Il est important d’exiger d’eux le respect des mesures de protection et de prévention, surtout quand ils vont d’élevage en élevage.
Hiérarchiser les risques
Les GDS insistent sur la hiérarchisation des risques et des mesures préventives. Cette hiérarchisation est fonction de la fréquence et de la gravité du risque. « Le camion du laitier passant tous les deux jours sur l’élevage, il est important qu’il ne croise pas le circuit d’alimentation. C’est moins gênant s’il s’agit du camion d’aliment qui fait quelques livraisons par an », illustre Félix Mahé, d’Innoval. De même, le circuit d’alimentation peut croiser un circuit sale s’il s’agit de vider la fosse ou la fumière deux fois par an. À condition de mettre en place la parade : nettoyer et mettre de la chaux sur la zone salie.
Puis, « il faut cibler les actions qui amèneront potentiellement le plus de bénéfices pour la santé des animaux. Et qui sont les plus simples à mettre en place », indique Ludivine Flament, du GDS du Nord. Enfin, pour être durables, les actions mises en place doivent être intégrées comme une manière de travailler en routine. Ainsi, pour être efficaces et durables, les mesures doivent être choisies par l’éleveur, comme étant les plus adaptées à la réalité de son élevage.
En effet, les recommandations peuvent se heurter à la réalité du terrain. Par exemple, des bâtiments existants anciens où il est difficile d’isoler les animaux qui devraient l’être (malades, femelles qui vêlent) ou encore la pratique de l’élevage de plein air qui augmente le risque de contact avec la faune sauvage.
Penser à protéger les Hommes
La biosécurité vise aussi à protéger les femmes et les hommes travaillant en élevage. « En effet, le contact régulier avec les animaux augmente le risque de zoonoses, qui sont des maladies infectieuses ou parasitaires qui peuvent se transmettre de l’animal à l’homme et inversement », rappelle Ludivine Flament. Parmi les mesures de prévention, il faut avoir une tenue vestimentaire appropriée, réservée au travail, nettoyée régulièrement et laissée sur l’élevage dans un local dédié. « Se laver les mains après la manipulation des animaux, et particulièrement les animaux malades ; porter des gants lors des soins aux animaux malades ; porter un masque au contact d’un animal mort ; porter des gants et une combinaison imperméable au moment du vêlage et lors de la manipulation et de l’élimination des produits de mise bas, notamment pour le risque fièvre Q. »
Sectoriser son élevage avec trois zones bien distinctes
Une des premières mesures à mettre en place dans le cadre de la biosécurité est la sectorisation de l’élevage. Il s’agit de définir trois zones, explique GDS France dans son Mooc biosécurité en élevage bovin.
La zone d’élevage, où vivent et circulent les animaux, est la plus sensible. Son accès doit être très limité, réservé aux éleveurs, salariés, vétérinaire, techniciens. Elle contient les bâtiments, les parcs de contention, l’infirmerie, la quarantaine et les pâtures.
La zone professionnelle est l’espace de l’exploitation situé à l’extérieur de la zone d’élevage. Son accès est limité aux personnes et véhicules autorisés pour le transport des animaux et la livraison des intrants. On y trouve les lieux de stockage (les silos d’aliments, les fumières, les hangars de stockage de paille et fourrage et de matériel), et les ateliers de transformation le cas échéant.
La zone non professionnelle est située à l’extérieur du site d’exploitation et permet une libre circulation des personnes et des véhicules des intervenants et des visiteurs. On y trouve le parking, la zone d’habitation, et l’aire d’équarrissage qui doit être la plus éloignée possible de la zone d’élevage et en accès direct depuis la route. Chaque élevage ayant une configuration particulière, il s’agit de trouver la meilleure solution.
Adopter le principe de marche en avant
« La marche en avant permet d’abaisser le niveau de contamination et préserver de bonnes conditions sanitaires », explique GDS France dans son Mooc biosécurité. Cela consiste à organiser ses déplacements en allant du secteur le moins à risques - « le plus propre » - vers le secteur le plus à risques - « le plus sale ». Le premier niveau de la marche en avant est de commencer par soigner les animaux les plus jeunes, les plus sensibles, avant d’aller s’occuper des adultes sains, puis d’aller soigner ceux qui sont en quarantaine et enfin ceux qui sont à l’infirmerie. Si l’on doit revenir sur ses pas, il faut laver ses bottes et ses mains.
Le plan de biosécurité, un document ressource
Le plan de biosécurité n’est pas obligatoire en élevage bovin. GDS France met à disposition le formulaire dans le cadre de son Mooc et de la formation biosécurité. Il consigne la sectorisation de l’élevage, la gestion des flux (tout ce qui entre et ce qui sort de l’exploitation), et les procédures d’hygiène : plan de nettoyage et désinfection de la zone d’élevage, plan de gestion des sous-produits animaux, lutte contre les nuisibles, protection vis-à-vis de la faune sauvage, nettoyage de la bétaillère, gestion des box de vêlage, flux de bovins à l’intérieur du troupeau.
Les plans de biosécurité sont déjà obligatoires pour les filières volailles et porc, dans le cadre de la lutte contre la grippe et la peste porcine.
Les GDS déploient des outils d’accompagnement
Un guide et des formations sont accessibles à tous. Certains GDS proposent des audits.
GDS France a sorti en janvier 2022 un guide des bonnes pratiques de biosécurité en élevage bovin. Une grille d’autodiagnostic, éditée par GDS France, permet à l’éleveur d’évaluer de manière autonome, ou avec un conseiller lors d’un audit ou d’une formation à la biosécurité, son niveau de biosécurité, les points maîtrisés et ceux à améliorer.
En Bretagne, dès 2019, dans la foulée des audits mis en place pour les élevages de porcs et de volailles soumis à une obligation réglementaire, Innoval a proposé à ses adhérents un audit biosécurité en élevage bovin, face au risque économique lié à l’accroissement de la taille des troupeaux. Il est proposé sans surcoût au niveau de la cotisation. Déjà, plus de 1 800 élevages bovins ont été audités, essentiellement laitiers. Certains GDS proposent également des audits biosécurité.
Un Mooc pour se former en autonomie
Un Mooc a été créé par GDS France, le réseau des GDS, en partenariat avec la SNGTV. Cette formation gratuite en ligne se fait au rythme de l’internaute et dure trois heures. Elle peut être suivie de manière autonome ou dans le cadre d’une formation mixte comprenant une partie de mise en pratique en présentiel. « Pour l’heure, ce sont surtout des vétérinaires et des conseillers qui ont suivi cette formation. Onze éleveurs seulement ont suivi et validé le Mooc », expose Floriane Boucher. Des formations classiques sont également réalisées dans toute la France.
Les éleveurs qui ont eu un foyer de tuberculose ou en lien avec un foyer, doivent suivre une formation spécifique « tuberculose », gratuite, pour obtenir la requalification du troupeau. Le GDS du Nord a en projet une formation ciblée pour les fermes accueillant du public.
Le saviez-vous ?
Les GDS communiquent de plus en plus avec les conseillers bâtiments pour intégrer la biosécurité dans les projets bâtiments, pour que l’application des recommandations soit facile pour l’éleveur. Par exemple : intégrer la marche en avant et placer un box infirmerie à l’opposé du box de vêlage ; isoler les veaux des adultes ; créer une zone à l’écart pour les animaux destinés à quitter l’élevage.
Côté web
Pour trouver le guide des bonnes pratiques et les informations sur les formations, rendez-vous sur :