Vu par le véto
Une vraie fausse fièvre de lait
« En route pour sa quatrième lactation, préparée au vêlage avec la ration d’hiver et un bon veau au bout. Les choses ne se présentent pas si mal quand, 36 heures plus tard, cette vache manque d’allant. Qu’est-ce qu’elle peut bien avoir ? Une hypocalcémie, bien sûr ! Et cette vache de bon gabarit reçoit donc en intraveineuse un flacon et demi de soluté calcique conformément au protocole de soins et le reste du flacon sous la peau. Demain, elle sera repartie. Mais le lendemain matin, elle n’est pas repartie. Elle est sur la litière, bien vigilante et essaie de se traîner pour rejoindre les copines qui partent à la traite. Une heure plus tard, la traite finie, elle est déjà moins fringante. Et de moins en moins. Il est temps d’appeler les secours.
ELLE MEURT
Mais les secours tardent à arriver. L’humeur de Jo tourne à l’orange, et quand j’arrive une heure après son appel, elle est au rouge. Il est vrai que la vache n’est pas bien du tout, comateuse, le coeur faible et rapide, allongée de tout son long, le souffle court ! Je récupère d’abord du sang conformément à mes procédures, mais l’urgence est de la perfuser avant qu’elle meure, ce qu’elle fait quand même un petit quart d’heure plus tard sans que le calcium la réveille de son état comateux. C’est étonnant, non, cette vache qui attend 36 heures après vêlage pour faire une fièvre de lait, qui reçoit un traitement qui devrait suffire à sa guérison, qui se retrouve par terre le matin et qui dévisse en moins de trois heures sous prétexte que le véto n’est pas dans la cour dans la demi-heure ! Je fais le tour.
Tiens, la mamelle… Bizarre cette mamelle marbrée, ce quartier induré et ce lait qui pue. Elle n’est pas morte de fièvre de lait, cette vache, mais de la toxine d’une klebsielle, preuve qu’il y a des bactéries de mammite qui tuent vite ! Dommage qu’hier soir Jo n’ait pas fait le tour de sa bête comme indiqué dans les protocoles de soins. Pour le coup, les secours seraient peut être parvenus à temps.