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Allo véto : une vache laitière entièrement enflée sous la mâchoire

Mieux vaut examiner soigneusement une vache avec la région de l’auge enflée avant de conclure. La langue de bois est loin d’être la seule pathologie possible.

Seul un anti-inflammatoire a été administré à cette vache à l'auge enflée.
Seul un anti-inflammatoire a été administré à cette vache à l'auge enflée.
© C. Fouquet

« Bonjour, j’ai une vache qui est toute enflée sous la mâchoire. » Le motif d’appel de cet éleveur demande à être précisé : « C’est dur, mou, douloureux ? Elle bave, elle mange ? » « Je n’ai pas regardé tout ça, elle est bizarre. »

Alors me voilà devant Olly, vêlée il y a quatre mois. Elle a effectivement toute la région de l’auge gonflée, depuis l’arrière du menton jusqu’au début de la gorge. Elle semble avoir mangé, même si le tas d’ensilage n’a peut-être pas autant baissé devant son nez que devant ses voisines. D’après l’éleveur, l’apparition de ce gonflement a été progressive sur moins d’une semaine. Elle ne bave pas, le nez est propre et ne coule pas. La température est dans les limites normales à 38,9 °C et la production n’a pas baissé.

Plusieurs hypothèses possibles

Les symptômes permettent d’exclure différentes hypothèses, au fur et à mesure :

- l’actinobacillose ou langue de bois : Actinobacillus est une bactérie qui provoque des nodules purulents sur la langue. Il pénètre à l’occasion de blessures (dues notamment aux ronces). La langue est alors gonflée, douloureuse, peu mobile. La vache peut baver car elle a des difficultés à déglutir. Toute la région de l’auge et de la gorge peut être gonflée. Ici, la langue ne présente aucun problème de mobilité ni grosseur, on peut exclure l’actinobacillose.

- l’actinomycose : la bactérie Actinomyces provoque une infection toujours dans la bouche, mais touchant plutôt les tissus osseux. La masse est dure, adhérente à la mâchoire, et peut parfois laisser s’écouler du pus. Pour l’actinobacillose et l’actinomycose, une perfusion d’iode est recommandée (éventuellement accompagnée d’antibiotiques). Le gonflement n’a pas une consistance osseuse, l’actinomycose est écartée.

- une tumeur : sur cette jeune vache, avec une évolution sur une semaine, et une consistance peu ferme, il est possible d’exclure cette hypothèse.

- du parasitisme : un fort parasitisme provoque une baisse des protéines dans le sang. Elle cause l’apparition d’œdème, le plus souvent au niveau de l’auge. C’est un phénomène fréquent chez les petits ruminants, plus rare sur les bovins. Le troupeau ici est suivi régulièrement avec coproscopie et analyse de sang/lait. Cette vache a un joli poil, un état d’embonpoint correct, pas de diarrhée. Elle a été traitée avant vêlage et est le seul animal concerné, ce qui élimine a priori le parasitisme.

- un phlegmon : c’est une infection diffuse des tissus mous. Le point de départ peut être une morsure de vipère ou un corps étranger. Il y a souvent de la fièvre et une certaine douleur.

En savoir plus sur le phlegmon de l’auge

- une atteinte des glandes salivaires : on parle de grenouillette lorsqu’elle touche la glande sous l’auge, car l’animal prend un faciès de batracien. Le point de départ est une inflammation ou un petit calcul, qui provoque l’accumulation de salive dans la glande. L’enflure a une consistance molle, proche d’un œdème lié au parasitisme ou à un phlegmon. Il y a peu de douleur, pas de température.

- un hématome : le gonflement est toujours assez mou et peu douloureux, sans température. La zone touchée n’est pas la plus accessible pour un coup de pied, mais tout est possible.

Nos hypothèses principales pour Olly sont un phlegmon, une atteinte d’une glande salivaire et un hématome. L’absence de forte fièvre et de douleur à la palpation nous a plutôt orientés vers une atteinte d’une glande salivaire. Il a donc été décidé de se passer d’antibiotiques dans un premier temps. Seul un anti-inflammatoire a été administré. On aurait pu également faire des soins locaux (argile, pommade décongestionnante…). Bien sûr, une petite surveillance est nécessaire afin de s’assurer que le gonflement diminue progressivement et que ni fièvre, ni douleur n’apparaissent. On aurait également pu ponctionner et observer l’allure du liquide : filant et translucide comme de la salive, sanguinolent pour un hématome, ou purulent/malodorant comme du pus. Le risque est de faire rentrer des germes lors de la ponction, dans une lésion non infectée. Pour Olly, tout s’est bien terminé et elle a retrouvé un profil normal en quelques jours. Aucune prévention n’est malheureusement possible, mais le pronostic étant bon, peu d’inquiétude à avoir.

 

Comment choisir la bonne hypothèse

]]> Température : présente (infection certaine) ou non ?

]]> Atteinte de quels tissus : langue, os, tissus mous ?

]]> Consistance : dur comme de l’os, mou et souple, ferme…

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