Une utilisation inadaptée des antibiotiques sur des vaches laitières et c’est la catastrophe
Le mauvais usage des antibiotiques peut coûter cher, tant pour l’état de santé de la vache laitière que pour le portefeuille des éleveurs.
Les restrictions d’utilisation des antibiotiques vont se faire de plus en plus nombreuses dans les années à venir, en lien notamment avec l’émergence de l’antibiorésistance. Pour préserver l’efficacité des traitements, il faut les utiliser à bon escient : bonne posologie (un sous-dosage est un bon moyen de sélectionner des bactéries résistantes), bonne indication (tous les antibiotiques ne diffusent pas dans tous les organes), bonne voie d’administration, etc. Les protocoles de soins sont là pour lister les traitements indiqués sur les pathologies rencontrées en élevage. Et surtout en cas de doute, il ne faut pas hésiter à appeler son vétérinaire pour vérifier !
C’est pas le pied
« Bonjour, j’ai une vache qui boite, je peux la piquer avec quel antibiotique ? » STOP ! Avant de sortir la seringue, il faut se demander s’il n’y a pas plus économique et surtout plus efficace. Le paturon est-il gonflé ? Y a-t-il des lésions visibles sur la peau à l’arrière du pied ? Le pied a-t-il été levé pour vérifier l’absence d’abcès, de seime ou d’une autre lésion ?
Ici, la vache pose le pied de façon anormale, même au repos. Seule la partie appelée « pince » est au contact du sol. Le paturon est un peu gonflé, mais cela ne ressemble pas vraiment à un panaris. Une fois le pied levé, l’ampleur des dégâts apparaît : ulcérations, zone à vif et très douloureuse.
Diagnostic : c’est une Mortellaro bien infectée. Les antibiotiques seront utiles mais uniquement localement. On utilisera pour cela la bombe bleue bien connue des éleveurs.
Tout à l’égout suite à un détournement d’usage
Cette bombe bleue est à la fois la meilleure amie des pieds des vaches lors d’épisode de Mortellaro, mais peut aussi devenir l’ennemi du portefeuille des éleveurs.
Ce fut le cas d’un éleveur qui a reçu un résultat de tank positif aux antibiotiques. Il avait régulièrement de la Mortellaro et a entendu dire que les plaies mammaires pouvaient être dues à la même bactérie. Il s’est alors dit que le traitement qui fonctionnait pour les pieds, devrait aussi marcher sur la mamelle. Ce fut le cas, la plaie mammaire a bien évolué et séché. Malheureusement, l’application d’antibiotiques sur la mamelle – et il y en a dans la fameuse bombe — est très cadrée. Il est bien noté sur la bombe, normalement sur l’ordonnance, qu’elle ne doit pas être utilisée sur la mamelle. Les conséquences de cette application dans un petit troupeau ont été rudes.
Un antibiotique n’est pas un anti-inflammatoire
Nouvel appel : « Bonjour j’ai un veau qui tousse, il a de la fièvre malgré le traitement. » Un veau de 1 mois, avec une jolie pneumonie et un bon 40]]>°C de température. Le diagnostic est le bon : il bat des flancs, a le nez qui coule et une toux grasse.
Quel traitement a-t-il eu ? Du florfenicol. C’est parfait. L’antibiotique diffuse bien dans les poumons. Il est idéal en première intention sur ce jeune veau charolais. Et comme anti-inflammatoire ? Du Septotryl. C’est un antibiotique ! Qui est davantage indiqué dans les diarrhées que dans les pneumonies. Il n’y a pas vraiment d’intérêt en première intention à combiner deux antibiotiques. Surtout ces deux-là. Un véritable anti-inflammatoire, type méloxicam ou flunixine, a une efficacité largement prouvée pour améliorer la vitesse de guérison et limiter les séquelles lors de pneumonie.