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Une gestion de la repro en phase avec du maxi pâturage

Pour synchroniser les vêlages avec la mise à l'herbe, les éleveurs misent sur des petites vaches croisées fertiles et qui vêlent très bien. Inséminations et retours en chaleurs gérés avec des taureaux.

Voir 400 à 500 vaches aux robes bigarrées pâturant avec avidité une prairie multiespèces, cela bouleverse un peu les repères. Et pourtant, c'est l'essence même d'un système grand troupeau avec maxi-pâturage. La vache idéale pèse entre 450 kg et 500 kg voire 550 kg pour les plus lourdes. Elle est robuste, se déplace très bien et produit un lait riche. Le groupage des vêlages sur moins de deux mois nécessite de sérieuses aptitudes du côté fertilité et facilité de vêlage. Pour répondre à ces exigences, les éleveurs ont tous opté pour le croisement laitier avec des races de petite taille telles que la Jersiaise, Kiwi (croisement jersiais x frison), Frisonne néo-zélandaise... Le choix des races et le taux d'utilisation de l'insémination artificielle diffèrent d'un élevage à l'autre en fonction des opportunités d'achat de doses de semences, de la valorisation des veaux mâles...

 Jusqu'à 85 % des vêlages groupés sur trois semaines

300 vaches qui vêlent durant les trois premières semaines de mars. 85 % des vêlages en 21 jours. C'est tout sauf anodin. Et pourtant, pour Mat Boley, c'est un peu la routine à cette époque de l'année. Et l'éleveur annonce un taux de mortalité pour les veaux de seulement 3 à 4 %. Sur l'exploitation gérée par Rob Richmond (300 vaches, deux traites par jour), la moyenne tourne autour de 65 à 70 % de vêlages en trois semaines. Avec 100 % d'IA, Rob s'appuie sur la fertilité de ses vaches croisées frisonne néo-zélandaise avec de la Dairy Shorthorn (anciennement appelée Durham).

 Une sélection « naturelle » sur la fertilité

Pour obtenir des vêlages aussi groupés, Mat Boley mise sur le croisement et la fertilité des animaux depuis une vingtaine d'années. Mais aussi sur ce qu'il appelle une sélection naturelle. « Pour le renouvellement du troupeau, nous ne gardons que les 80 premières génisses qui sont nées durant les trois premières semaines de vêlage. Les autres, je les vends environ 110 euros à l'âge de 15 jours. C'est un mode de sélection simple et efficace. » Piers Badnell, consultant pour le réseau Pasture to Profit à laquelle Mat adhère, partage cette analyse. "Quand on continue à inséminer des vaches infertiles, on les garde dans son troupeau ."

Du vêlage deux ans

230 kg sur la balance, c'est le top départ pour mettre les génisses à la repro sur la ferme Bisterne Estate. « Nous évaluons le poids à l'aide d'un ruban », précise Hallan Smith. À l'instar des autres élevages visités, le vêlage deux ans est une pratique courante. La croissance des génisses est assurée par une mise au pâturage parfois dès l'âge de trois semaines et du sevrage plus ou moins tardif : entre 2,5 et 6 mois selon les élevages.

Des taureaux pour rester dans les clous

Chez Mat Boley, les vaches sont inséminées sur une période de trois semaines. Une dizaine de taureaux « assurent » les retours durant les cinq semaines suivantes. L'éleveur annonce un taux de gestation de 99 % à la fin de la saison de mise à la reproduction. Le système est particulièrement rodé. « La monotraite est un atout pour les performances de reproduction du troupeau. » Également en système bio, Rob Richmond a de son côté opté pour du 100 % IA. Les vêlages sont un peu plus étalés que chez Mat Boley. Mais pour Rob, le tout insémination est une bonne solution pour choisir des taureaux plus typés viande.

Des vaches croisées de petit gabarit

Frisonne néo-zélandaise ou Irlandaise, Jersiaise, Kiwi, Shorthon, Rouges scandinaves... chaque élevage visité pratique le croisement à sa sauce avec des évolutions dans le temps selon les opportunités. Peu importe le nom du taureau et la couleur de la robe. Les éleveurs recherchent un type de vache adapté à un système grand troupeau pâturant. La vache idéale a un petit gabarit (de 450 à 500 kg) et de bonnes pattes. Elle est fertile et vêle très facilement. Ajoutez la richesse de son lait et c'est le top du top.

Du croisement avec des races à viande

Rob Richmond (300 vaches, système bio) a opté pour le croisement entre les races Frisonne de Nouvelle-Zélande et Dairy Shorthorn. « Je n'utilise pas la race jersiaise parce que je veux aussi valoriser les veaux mâles. Je les vends entre 100 et 110 euros à l'âge de trois ou quatre semaines. Aussi, en début de saison (100 % d'insémination), je fais du croisement laitier pendant les six premières semaines et quand j'ai assez d'animaux pour assurer le renouvellement (15 %), je fais du croisement avec notamment des taureaux de race shorthorn plutôt typés viande. »

Derek Garret (450 vaches) mise également sur la valorisation du produit viande. Les vaches sont inséminées pendant six semaines (55 % de réussite en première IA) puis les retours sont gérés avec des taureaux de race hereford pendant trois à quatre semaines.

Deux fois moins de lait par vache mais plus de profit

À Bisterne Estate (500 vaches, système conventionnel), les Frisonne x Holstein du troupeau ont été croisées avec des taureaux de races jersiaise, rouge suédois, rouge norvégien, frisonne néo-zélandaise et irlandaise. « Nos vaches sont petites et très robustes. Les vétérinaires viennent très rarement et uniquement en cas de gros problème d'autant que leur cabinet est situé à 60 km de la ferme. Nous sélectionnons sur la quantité de matière utile  parce que nous sommes payés sur cette base et non pas sur la quantité de lait. En 2017, nos vaches ont produit 4 200 l à 41 g/l de TB mais seulement  32 g/l de TA. Notre but est d'augmenter le TB à 45  g/l et le TP à 34 g/l. Toutes primes confondues, nous avons été payés autour de 300 euros/1000 l en février et mars. Avant, nos vaches produisaient deux fois plus de lait mais pour un bénéfice équivalent à seulement 60 % de celui que nous avons actuellement avec les croisées », souligne Hallan Smith, le propriétaire.

Une prime de 62 000 euros pour élever les veaux mâles

Faute de débouchés suffisants, le devenir des veaux mâles est parfois problématique en Grande Bretagne. Pour éviter que les veaux ne soient euthanasiés, le supermarché Morrisons impose à Arla qui collecte le lait de la ferme Bisterne Estate (500 vaches) des normes de bien-être animal. Concrètement, le supermarché verse une prime comprise entre 37 000 et 62 000 euros selon le nombre de veaux par an au propriétaire en échange de l’élevage des mâles jusqu’à l’âge de deux à trois semaines. Les veaux sont ensuite récupérés par un engraisseur. Pour toucher cette prime, l’éleveur doit répondre à un questionnaire de 123 questions portant sur le bien-être de tout le troupeau tous les trimestres.

Des vêlages groupés au printemps et en automne

Derek et Vicki Garrett produisent du lait bio depuis 2006. Pour répondre aux attentes de leur laiterie Omsc (1), ils ont calé les vêlages de leurs 450 vaches laitières et génisses de renouvellement sur deux périodes : mars-avril et septembre-octobre. « Nous avons fait ce choix parce que notre coopérative paye mieux le lait en automne (460 €/1000 l qu’au printemps (370 € /1000l).  » Le gros des vêlages (330) se déroule en 9 semaines sur la période mars-avril. Les vaches sont traites une fois par jour. Elles produisent 3 800 l de lait. Puis la seconde série de 120 vêlages est programmée en septembre-octobre également sur 9 semaines. Les vaches sont traites deux fois par jour jusqu’aux premiers vêlages de printemps puis passent en monotraite. Elles produisent environ 5000 l de lait.

(1) Seule coopérative entièrement dédiée à la collecte de lait Bio en Angleterre.

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