Vu par le véto
Une gangrène de la vulve

« Lundi matin, je file voir cette primipare vêlée vendredi au motif qu’elle ne se lève pas et reste dans les logettes au lieu de rejoindre la traite. Évidemment, aussi près du vêlage, il me faudra aller voir illico la mamelle qui pourrait bien nous faire une mammite toxinique, et l’utérus qui pourrait bien être enflammé ou troué par un onglon au cours du vêlage.
Tout est à peu près possible, y compris une lacération intestinale au cours d’une extraction à la vêleuse ou une « simple » blessure musculosquelettique dans la stabulation ; tout, sauf un trouble métabolique comme une fièvre vitulaire.
Je trouve la bête installée dans la logette, et mon premier geste est évidemment de lui prendre la température… Ah, d’accord ! Je vois le problème ! C’est cette vulve tuméfiée qui vire au violet, comme aussi le bord supérieur de l’anus, qui d’ailleurs est complètement masqué par cette vulve aux dimensions impressionnantes.
DU MIEUX JOUR APRÈS JOUR
Pas besoin d’aller voir les bouquins ; il s’agit d’une gangrène qui s’est déclenchée à la suite du vêlage. Ce vêlage a été difficile ; le vagin a été lacéré et la génisse a reçu de la pénicilline immédiatement après. Elle fait donc une gangrène malgré la pénicilline ! La main passe difficilement dans le vagin.
Tout ce qui est actuellement bleu n’est plus irrigué et va disparaître, en espérant qu’il n’y en pas trop dans les profondeurs ; en espérant aussi qu’elle ne meure pas sous le coup des toxines…
J’effectue de généreuses scarifications de la vulve, par lesquelles sourd immédiatement le liquide d’oedème; j’inonde la bête de pénicilline, y compris localement, et la détoxifie, histoire de lui faire passer le cap. Elle va se montrer vaillante dans les jours et semaines suivants, car il a fallu éplucher les tissus morts, explorer des cavernes vaginales, laver la zone à l’eau oxygénée et guetter le tissu de granulation. Quinze jours plus tard, elle est hors de danger mais il s’en est fallu de peu. »