Ecole vétérinaire de Nantes
Une enquête montre que l´utilisation du médicament est globalement correcte mais.
Ecole vétérinaire de Nantes
Des efforts restent à fournir sur le respect de la durée et de la dose du traitement, la durée de conservation après ouverture, et la qualité du matériel servant à administrer le médicament.
Quels sont, d´après les vétérinaires, les points faibles et les points forts des pratiques des éleveurs de bovins en matière d´utilisation du médicament ? Deux étudiants de l´école nationale vétérinaire de Nantes(1) ont mené pour le SIMV (Syndicat de l´industrie du médicament vétérinaire et réactifs) une enquête auprès de trente cliniques vétérinaires, à l´automne 2005. Si les pratiques sont globalement correctes, il n´en reste pas moins quelques points noirs. En particulier le respect de la durée du traitement : c´est la principale erreur de traitement mise en cause par les vétérinaires interrogés. « Le racourcissement du temps de traitement semble être la règle », constatent les auteurs de l´étude. Viennent ensuite les erreurs de dose ; il s´agit très souvent d´un sous-dosage (plutôt sur les adultes) même si le sur-dosage est également rencontré (plutôt sur les veaux).
Des efforts restent également à fournir sur la qualité du matériel servant à administrer le médicament. « L´utilisation de matériel à usage unique (seringue, aiguille) reste le fait d´une minorité d´éleveurs (environ 15 %), même s´il est en progression. » Les vétérinaires enquêtés conseillent pourtant de plus en plus son usage et en délivrent même soit systématiquement, soit avec certains produits tels que les vaccins ou les hormones. De façon plus générale, les vétérinaires considèrent que près de la moitié de leurs éleveurs utilisent du matériel insuffisamment entretenu.
Chaîne du froid respectée pour les vaccins
S´ils sont généralement attentifs à la date de péremption des médicaments, les éleveurs, d´après leurs vétérinaires, ne sont pas suffisamment vigilants sur la durée d´utilisation après ouverture des flacons. « Les notices gagneraient à être plus claires sur la conservation des produits », soulignent les auteurs. Une durée d´un mois semble être la limite et un tiers des éleveurs dépassent cette limite. A priori, seuls 8 % des éleveurs utilisent encore un flacon un an après son ouverture.
Un certain nombre de points positifs ressortent aussi de cette étude. En particulier, tous les vétérinaires interrogés pensent que les temps d´attente sont respectés, sanction oblige. Et près d´un éleveur sur cinq prend même la précaution de l´allonger dans certaines situations.
La sensibilisation menée sur les vaccins et sur l´importance de la chaîne du froid semble avoir porté ses fruits puisque 80 % des éleveurs la respectent. La délivrance de sachets isothermes avec chaque vaccin est une méthode efficace pour éviter une rupture et rappeler les consignes d´utilisation. Des ruptures de la chaîne du froid sont tout de même suspectées : séjour trop long dans la voiture, durée de conservation trop longue entre la vaccination de plusieurs lots. A noter que les deux tiers des élevages ont une armoire ou un local dédié à la pharmacie.
![]() |
L´utilisation de seringues à usage unique reste le fait d´une minorité d´éleveurs. ©J.-M. Nicol |
Un carnet à jour dans 40 % des élevages
L´appel du vétérinaire est encore souvent précoce : la moitié des appels sont en première intention de traitement. Seuls 15 % des appels concernent des animaux pour lesquels l´éleveur a déjà tenté de multiples traitements. Le tiers restant concerne des animaux pour lesquels un seul traitement infructueux a été tenté. Quant à la délivrance du médicament, elle est principalement réalisée au comptoir (70 %) contre 30 % au cours des visites. Elle s´accompagne d´un conseil vétérinaire dans 80 % des cas, soit direct (pour 50 %) soit par répétition d´un schéma fourni lors d´un cas similaire (30 %). Dans une clientèle sur deux, un vétérinaire est présent en permanence au comptoir.
Le carnet sanitaire est encore dans une période de mise en place. « Même s´il est obligatoire et conditionne depuis le 1er janvier 2006 le niveau de versement des aides, il est présenté spontanément dans moins de 20 % des élevages (encore moins en élevages allaitants) ». Il est tout de même à jour dans 40 % des élevages. Mais un vétérinaire sur cinq déplore des réticences de certains éleveurs lorsqu´ils leur demandent leur carnet sanitaire.
L´échantillon enquêté
Trente cliniques vétérinaires, dont une majorité située dans le Grand Ouest, ont participé à l´étude. Elles font partie du réseau de relations de l´école vétérinaire de Nantes. Quatorze d´entre elles n´excèdent pas trois personnes, avec une moyenne de 1,9. Et seize emploient plus de trois personnes, avec une moyenne de 5,3. Une petite moitié des cliniques enquêtées a une clientèle laitière à plus de 50 % (82 % en moyenne), les autres travaillant avec une clientèle allaitante ou mixte. Le nombre moyen d´élevages bovins clients est de 289.
(1) S. Cousin et S. Quilly.