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Une double vaccination des vaches pour prévenir l’apparition de mammites

Les mammites sont délétères tant pour la vache que pour l’aspect financier et la sérénité de l’éleveur. Après quinze mois de double vaccination, le Gaec de la Marche a validé la poursuite de la vaccination.

La démarche préventive est inscrite dans l’ADN du Gaec de la Marche. Un Gaec familial à cinq associés dans le Sud de la Mayenne, avec 135 vaches à la traite avec une production moyenne de 35 kg. Depuis 2012, le Gaec adhère au suivi global du troupeau réalisé par la clinique vétérinaire. Cet accompagnement comprend une gestion de la reproduction, la gestion de la préparation au vêlage, la gestion des veaux, le contrôle de l’alimentation et le management global de la ferme.

En 2015, le Gaec a été confronté à un problème de qualité du lait avec des montées fréquentes en cellules somatiques dans le tank. Des bactériologies ont été réalisées sur le lait, une visite de traite a été effectuée et des solutions ont été mises en place. Les mammites étaient majoritairement contagieuses avec une dominance de staphylocoque aureus. Un prétrempage à base de dioxyde de chlore était nécessaire ; l’élevage étant équipé d’une salle de traite rotative de 30 places, ce n’était pas évident à mettre en place. La technique de traite a été adaptée et le prétrempage est devenu une habitude qui est toujours conservée (prétrempage de 2 ou 3 vaches puis essuyage puis branchement). Le post-trempage n’était pas envisageable dans cet élevage où un seul trayeur est présent à la traite.

La vigilance reste de mise

Pour limiter la contamination après la traite, et éviter que les vaches n’aillent directement se coucher, un blocage temporaire des logettes sur treuil électrique a été installé. Il fonctionne très bien et permet d’utiliser le couloir d’exercice en aire d’attente pour la traite. Les taux cellulaires sont rentrés dans les normes mais la vigilance reste de mise. Un immuno-stimulant (Imrestor) avait par ailleurs été mis en place mais, depuis, le produit a été retiré de la vente.

En 2019, après discussion, analyse du risque-coût-bénéfice et dans l’objectif de gagner en sérénité, le Gaec a décidé de mettre en place une double vaccination pour prévenir l’apparition de mammites : avec Startvac dirigé contre staphylocoque aureus et E. coli, et Ubac dirigé contre le streptocoque uberis. Ils sont tous deux commercialisés par le laboratoire Hipra et peuvent être réalisés simultanément.

Tous les producteurs ou futurs producteurs vaccinés

En pratique, la vaccination doit se mettre en place dans les élevages où une démarche qualité du lait a déjà été réalisée. Ce n’est pas une potion magique qui résoud tout, mais bien une aide. Dans cet élevage, l’hygiène de traite, l’alimentation, la qualité de l’eau, le tarissement, le management global de l’élevage sont maîtrisés et suivis. Une vaccination de masse a été pratiquée : tous les animaux producteurs ou futurs producteurs de lait ont été vaccinés.

Le protocole vaccinal comprend trois injections de chaque vaccin (Startvac et Ubac) à six semaines d’intervalle. Ensuite, le rappel avec Ubac a lieu tous les six mois alors que le rappel avec Startvac est réalisé tous les trois mois. Les génisses à vêler sont intégrées dans le programme au fur et à mesure en fonction de leur date de vêlage. Un tableur Excel permet de s’y retrouver. Il facilite grandement le travail de l’éleveur ou du vétérinaire qui peut assurer les rappels. Le responsable du troupeau laitier, Fabien Gohier, réalise lui-même les injections et gère les rappels.

Chiffres clés

° 135 vaches à la traite
° 300 ha de SAU
° 300 taurillons engraissés par an
° 5 associés et un salarié
° 35 kg/VL/j de production moyenne
° 140 000 cellules/ml
° 50-55 € HT de coût de la vaccination la première année

Avis d'éleveur : Fabien Gohier, responsable du troupeau laitier du Gaec de la Marche

« Un réel retour sur investissement »

« Ce qui a conduit à vacciner le troupeau contre les mammites, c’est le gain de temps à la traite, la sérénité (stress de rester sous les 250 000 cellules), le fait de jeter moins de lait et de pouvoir faire vieillir le troupeau (moins de réformes). Au départ, j’étais réticent à cause du prix de la vaccination. Mais l’étude personnalisée réalisée par le laboratoire Hipra, qui me démontrait que j’allais y gagner, m’a convaincu d’essayer un an pour me faire un avis. Au premier abord, les protocoles de vaccination peuvent paraître lourds et complexes, mais grâce au tableur Excel, cela se fait bien. Il est plus facile de gérer la vaccination que des traitements mammites ! Elle se fait au cou au cornadis ; l’ensemble du troupeau est vacciné en une trentaine de minutes.

Aujourd’hui, cela fait 15 mois que le troupeau est vacciné et j’ai un réel retour sur investissement. Après un an de vaccination, le nombre de mammites cliniques a été divisé par deux. Les mammites subcliniques sont devenues rares : pour les réformes, c’est plus simple. Après un peu plus d’un an d’essai, la poursuite de la vaccination a été validée au niveau du Gaec. Plusieurs associés participent à la traite, je n’ai pas eu trop de mal à les convaincre. C’est toujours difficile de gérer les vaches en mammite, et on s’habitue à ne pas avoir trop de mammites. Je suis convaincu qu’aujourd’hui, dans notre système, c’est utile. »

Le vaccin ne fait pas tout !

La vaccination est une excellente aide à la maîtrise de la santé mammaire et de la qualité du lait. Cependant, elle n’empêche aucunement l’apparition de mammite ou de montée cellulaire dans le tank. Pour exemple, cet été 2020, il y a eu une montée du taux cellulaire du tank. La pompe à péroxyde qui sert au traitement de l’eau est tombée en panne. Après réparation de la pompe, les taux cellulaires sont revenus dans les normes. Il est important de préciser qu’aucune vache n’a développé de mammite chronique à l’issue de cet épisode, mais la qualité de l’eau reste primordiale pour la santé mammaire.

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