Vu par le véto
Un troupeau de paramphistomes
Vu par le véto
NICHÉS ENTRE LES PAPILLES DU RUMEN,
quelques paisibles paramphistomes… Pourquoi vouloir à tout prix les déloger ?
©
J.-M. Nicol
quelques paisibles paramphistomes… Pourquoi vouloir à tout prix les déloger ?
« L’autopsie d’une vache à la ferme ne sert pas qu’à préciser les causes de sa mort ; elle permet également de récupérer des infos utiles à tout le troupeau. C’est l’occasion d’inspecter le rumen pour y découvrir parfois des corps étrangers dont il est bon de tarir la source, pour jeter un oeil sur l’état des papilles ruminales, pour tomber nez à nez sur un bout de bâche ou un troupeau de paramphistomes…
Ce jour-là, ils étaient une petite centaine, rouges et dodus, tapis entre les papilles du rumen et rassemblés en petites colonies. Les paramphistomes sont des douves du rumen qui partagent avec leurs cousines du foie le même cycle et très souvent les mêmes hôtes intermédiaires, gastéropodes des zones humides qui assurent une multiplication des formes larvaires.
Contrairement à leurs cousines qui traumatisent les canaux biliaires, les paramphistomes adultes fixés par une ventouse à la paroi du rumen passent le plus clair de leur vie à siroter du jus de panse. Ils campent cinq à six ans dans le rumen quand ils ne « décrochent » pas avant, de sorte que, en l’absence de traitement, leur population s’accroît au rythme des recontaminations annuelles.
La migration des larves dans la paroi intestinale entraîne, il est vrai, mais de façon très exceptionnelle, une diarrhée parfois mortelle sur des animaux lourdement primo-infestés à l’automne, mais les adultes sont de paisibles parasites auxquels on attribue - à condition d’être particulièrement nombreux - un petit ballonnement et une baisse de production difficile à quantifier…
Alors pourquoi présenter systématiquement ces parasites comme de dangereux tueurs et vouloir à tout prix les déloger sans même en avoir contrôlé l’existence et évalué leur nombre. Savez-vous qu’il faut au moins quelques centaines d’oeufs par gramme de bouse pour qu’ils représentent une menace ?
Pendant ce temps, les douves du foie, bien plus discrètes, taraudent tranquillement et dans l’indifférence les canaux biliaires… Ne vous trompez pas de cible ! »
Ce jour-là, ils étaient une petite centaine, rouges et dodus, tapis entre les papilles du rumen et rassemblés en petites colonies. Les paramphistomes sont des douves du rumen qui partagent avec leurs cousines du foie le même cycle et très souvent les mêmes hôtes intermédiaires, gastéropodes des zones humides qui assurent une multiplication des formes larvaires.
Contrairement à leurs cousines qui traumatisent les canaux biliaires, les paramphistomes adultes fixés par une ventouse à la paroi du rumen passent le plus clair de leur vie à siroter du jus de panse. Ils campent cinq à six ans dans le rumen quand ils ne « décrochent » pas avant, de sorte que, en l’absence de traitement, leur population s’accroît au rythme des recontaminations annuelles.
PETITES POINTURES !
La migration des larves dans la paroi intestinale entraîne, il est vrai, mais de façon très exceptionnelle, une diarrhée parfois mortelle sur des animaux lourdement primo-infestés à l’automne, mais les adultes sont de paisibles parasites auxquels on attribue - à condition d’être particulièrement nombreux - un petit ballonnement et une baisse de production difficile à quantifier…
Alors pourquoi présenter systématiquement ces parasites comme de dangereux tueurs et vouloir à tout prix les déloger sans même en avoir contrôlé l’existence et évalué leur nombre. Savez-vous qu’il faut au moins quelques centaines d’oeufs par gramme de bouse pour qu’ils représentent une menace ?
Pendant ce temps, les douves du foie, bien plus discrètes, taraudent tranquillement et dans l’indifférence les canaux biliaires… Ne vous trompez pas de cible ! »