Vu par le véto
Un trou fatal dans la mamelle
autour de la veine mammaire.
« Des saignements de la mamelle, j’en avais déjà vu de plusieurs sortes. J’ai vu le saignement d’une vache à séborrhée mammaire qui se lèche la plaie à s’en faire saigner, j’ai vu celui d’une petite veine superficielle qui souille une logette sans qu’on sache qui l’occupait jusqu’au moment où la coupable se dénonce en saignant de nouveau en salle de traite, j’ai vu des vaches qu’on suivait à la trace et qu’il fallait transfuser… J’ai vu le saignement massif d’une vache à hémorragie de la grosse veine mammaire pour cause de nécrose survenue à la suite d’une perfusion avec du matériel souillé…
Mais je n’avais pas encore vu d’hématome qui dilacère à ce point la mamelle et qui tue aussi rapidement. Il faut dire qu’à raison de 300 litres de sang par litre de lait produit, la mamelle est très irriguée. Celle-ci voyait passer neuf mètres cubes par jour, et à ce compte-là une déchirure peut être rapidement fatale.
MORTE DANS LA SALLE DE TRAITE
Elle est pourtant venue à la traite du matin, mais n’est passée qu’en queue de peloton, déjà bien fatiguée et sur le quai gauche, de sorte que, à part une déformation du pis et du sang en nature dans le quartier, rien n’était encore évident. Une hémorragie banale sans doute.
Sauf qu’elle n’a pas donné son lait et qu’elle était agitée et respirait bien fort. Je suis arrivé pour la voir agoniser dans l’aire d’exercice, très pâle, au bout de son sang.
Extérieurement, elle a les quartiers gauches teintés de bleu et déformés par l’hématome, et toute la périphérie de la veine mammaire déformée par du sang qui a fui et qui s’est accumulé en dilacérant les tissus sur son passage.
Une fois morte, j’ai compris en l’ouvrant que cet hématome contenait plus d’une quinzaine de litres de sang. J’ai compris aussi que, bien que la peau soit intacte, le saignement partait d’une brèche profonde du tissu mammaire. Quelque chose l’a donc dilacéré en préservant la peau. Ce quelque chose était pointu mais pas trop. Une corne pourrait bien faire l’affaire. Vous vous doutez de la suite ! »