Un projet bâtiment, ça ne s’improvise pas !
Une enquête auprès de 456 éleveurs laitiers français ayant construit un bâtiment depuis moins de dix ans a été menée au printemps 2020 par l’Institut de l’élevage. Voici leurs enseignements, conseils et partages d’expérience.
Une enquête auprès de 456 éleveurs laitiers français ayant construit un bâtiment depuis moins de dix ans a été menée au printemps 2020 par l’Institut de l’élevage. Voici leurs enseignements, conseils et partages d’expérience.

Le bâtiment est au cœur des préoccupations des éleveurs laitiers, aujourd’hui confrontés à des choix stratégiques importants. « Le poids des investissements, la montée en puissance des attentes sociétales, le maintien du pâturage, les conditions de travail… sont autant de sources d’inquiétude pour les producteurs, constate Sébastien Guiocheau des Chambres d’agriculture de Bretagne. D’où l’intérêt de comprendre les facteurs de réussite et d’échecs dans la conduite d’un projet bâtiment. « C’est pourquoi nous avons réalisé une enquête(1) en ligne au printemps 2020, à laquelle 513 éleveurs issus de l’ensemble des régions françaises ont répondu, dont 89 % ayant construit il y a moins de dix ans. »
Lire aussi : La flambée des prix des matériaux de construction leste les coûts de l'élevage
Globalement 86 % se disent satisfaits par les bâtiments construits, principalement en raison de l’amélioration des conditions de travail, de l’adaptation du projet à leurs besoins, et de la qualité de la construction et des équipements. Mais si c’était à refaire, un éleveur laitier sur 3 avoue qu’il construirait son bâtiment d’élevage différemment. A commencer par revoir certains aspects techniques, « en faisant plus simple », « en reconsidérant le logement des animaux qui méritent plus d’attention », ou encore « en réfléchissant autrement à la gestion des déjections ».
86 % sont satisfaits des nouveaux bâtiments mais…
Investir moins et mieux maîtriser le niveau d’investissement est le deuxième point mentionné par les éleveurs. 40 % d’entre eux, ne sont pas, ou pas du tout, satisfaits de la pression financière induite par le projet. Après coup, ces derniers conseillent de faire une bonne étude technico-économique pour mesurer l’impact sur le revenu. Ils recommandent aussi de prendre en compte une marge de sécurité ainsi que les éventuelles variations de conjoncture. « Sur des montants de travaux pouvant atteindre un million d’euros, un dépassement de 20 % du prévisionnel a effectivement un impact fort, insiste Sébastien Guiocheau. Un chiffrage précis du projet et adapté aux éventuelles modifications est indispensable. » Parmi les autres sources d’insatisfaction viennent ensuite le non-respect du budget et des délais sur le chantier.
40 % souffrent de la pression financière causée
Si les éleveurs ont un conseil à donner, c’est de prendre le temps de la réflexion et de se projeter dans le nouveau bâtiment pour imaginer le travail quotidien. Aller visiter des bâtiments existants, se documenter, faire simple et fonctionnel en bénéficiant d’autres expériences… sont autant d’étapes nécessaires pour réussir son projet, estiment les enquêtés. « Faire appel à un conseiller neutre, qui n’a rien à vendre, c’est le meilleur investissement que j’ai fait », concède l’un d’eux. Les producteurs mettent en avant l’importance de s’entourer des bonnes compétences et de s’investir personnellement dans le projet.

A retenir
-Prendre son temps
-Se faire accompagner de conseillers compétents et indépendants
-Visiter, se documenter
-Se fixer un objectif de revenu et définir ensuite un niveau d’investissement raisonnable
-Disposer d’un plan détaillé et validé
-Suivre le chantier
En savoir plus
Parmi les élevages enquêtés :
-Légère sur-représentation des élevages du Grand Ouest
-55 % de projets neufs
-45 % d’investissements compris entre 50 et 100 places
-25 % d’investissements à plus de 500 000 euros