Un index acétonémie disponible chez les partenaires de Génosanté
En race Holstein, Normande et Pie-rouge, un index acétonémie et un index de synthèse santé sont proposés depuis cet été à une partie des éleveurs. L’héritabilité de l’acétonémie est comparable à celle des cellules.
En race Holstein, Normande et Pie-rouge, un index acétonémie et un index de synthèse santé sont proposés depuis cet été à une partie des éleveurs. L’héritabilité de l’acétonémie est comparable à celle des cellules.
Jusqu’à présent, parmi les critères de santé, seule la résistance aux mammites cliniques était prise en compte directement dans la sélection par le biais d’un index officiel. Ce n’est plus le cas depuis le 11 août dernier, où deux nouveaux index ont vu le jour en races Holstein, Normande et Pie-rouge: un index acétonémie et un index de synthèse santé où l’acétonémie pèse pour le moment 30%, la reproduction 30%, la santé de la mamelle 30% et la longévité 10%. Ces index sont issus du projet Génosanté regroupant différents acteurs de la filière laitière (voir ci-contre). Ce sont des index officiels privés, disponibles uniquement auprès des partenaires de Génosanté. Un troisième index santé des pieds devrait suivre en 2017. Et la liste ne devrait pas s’arrêter là car d’autres événements santé sont collectés en grand nombre (métrites, mortalité, problèmes pulmonaires, caillette, fièvre vitulaire…). C’est en effet l’association des données événements santé (phénotypes) et des génotypes d’une population de vaches qui permet de bâtir les équations de prédiction servant au calcul des index génomiques. Plus cette population de vaches de référence est importante, plus les index sont fiables.
Une précision pour les jeunes veaux comparable à l’index fertilité
Pour le nouvel index acétonémie, plus de 450 000 données acétonémie sur 140 000 Normandes et 2,7 millions sur 800 000 vaches de races Holstein et Pie-rouge ont été collectées par l’outil Cetodetect développé par les entreprises de conseil en élevage de l’Ouest. Vu la masse de données utilisées, le niveau de précision de l’index génomique acétonémie est important : « 0,66 en races Holstein/Pie-rouge et 0,58 en race normande (moyenne sur les jeunes veaux ne possédant pas de performances). Il est d’un niveau équivalent à celui obtenu sur le caractère fertilité », commente Maëlle Philippe, d’Évolution, porteuse du projet. Pour les index polygéniques, le CD sur ascendance est de 0,3, d’un niveau comparable à celui des cellules ; il atteint 0,5-0,6 pour les femelles avec lactation et il est supérieur à 0,9 pour les mâles avec 100 filles ». Quant à l’héritabilité du caractère, elle est de 0,10 en races Holstein Pie-rouge et de 0,14 en race Normande. « Elle est équivalente à celle des cellules, tout en étant corrélée positivement aux taux et à la fertilité. En sélectionnant sur ces deux critères, il n’y a donc pas eu de contre sélection sur l’acétonémie.»
Face au risque acétonémie, les éleveurs disposent déjà de deux outils de détection des animaux atteints : le dosage de corps cétoniques dans le sang et un modèle de calcul d’un indicateur à partir du spectre infrarouge d’un échantillon de lait (Cetodetect). L’index acétonémie permettra d'améliorer la prévention du risque. Les chercheurs ont calculé l’incidence de l’index femelle sur le risque acétonémie. Les femelles ont pour cela été classées en quatre catégories en fonction de leur niveau d'indexation : très sensibles, sensibles, normales, résistantes(1). 50% des vaches de la catégorie « très sensible » indexée -3 à -1 font une acétonémie subclinique, 30 % des vaches « sensibles » indexées -1 à 0, mais seulement 17% des vaches « normales » indexées 0 à +1,5 et 10% des vaches « résistantes » indexées +1,5 à +3. Pour ce qui est de l'acétonémie clinique, plus de 15% des femelles avec un index génomique de -2 à -3 font une acétonémie clinique contre moins de 1% pour les femelles indexées à +1 et plus.
Un impact estimé à 6000 E/an pour un troupeau de 100 vaches
L’acétonémie est une maladie métabolique du début de lactation pouvant entraîner une baisse de production de 300 à 500 kg chez les primipares. Elle a un impact sur la repro (baisse du taux de réussite en IA1 de 20%) et augmente le risque de rétention placentaire, de déplacement de caillette et de mammites cliniques. La fréquence de l’acétonémie clinique (symptômes sévères) est estimée à 5%, et celle de l’acétonémie subclinique (augmentation des corps cétoniques dans le sang) de 12 à 20%. Le coût moyen est d'environ 250 E par vache atteinte, clinique ou subclinique. "Pour un troupeau de 100 vaches avec 24 vaches touchées dont seulement 4 avec des symptômes cliniques, l’impact atteint 6000 E/an soit 60 E par vache présente", estime Maëlle Philippe.
« En raisonnant les accouplements, il est attendu dès la première génération une réduction de 21% des cas d’acétonémie (soit 12 E annuel par vache laitière). Dans la deuxième génération, l’amélioration attendue est de 36% soit 21 E/VL d’économies cumulées », affirme-t-elle.
Améliorer la rentabilité des élevages, le confort de travail des éleveurs et la compétitivité de la filière, tout en répondant aux attentes des consommateurs en matière de bien-être animal, telle est l'ambition affichée par le projet Génosanté.
(1) Elles représentent respectivement 14% des vaches, 22%, 55% et 10%.Améliorer la compétitivité par la santé animale
Génosanté est un projet destiné à créer de nouveaux index de santé animale et à formaliser les conseils associés. Initié en 2014 par Évolution et prévu jusqu'en 2019, il rassemble aujourd'hui neuf partenaires, touchant plus de la moitié des femelles de l'Hexagone.
- Des entreprises de sélection couvrant le Grand Ouest, le Grand Sud et l’Est de la France: Évolution, Auriva et Elitest.
- Des entreprises de conseils en élevage couvrant la Bretagne, la Normandie et les Pays de la Loire: BcelOuest, Seenergi et Eilyps.
- La coopérative Agrial dont la branche lait collecte 2,6 milliards de litres de lait de vaches
- L’UMT3G associant l’Inra, Allice (ex-Unceia) et l’Institut de l’élevage, qui est chargée de l’évaluation génétique.
"Nous espérons lancer une nouvelle façon de travailler ensemble, recherche, industriels, entreprises de conseil et de sélection, en proposant un accompagnement harmonisé et optimisé des éleveurs ", souligne Maëlle Philippe d'Évolution. Ce projet est doté d'un budget de 5 millions d’euros dont 30% de subventions nationales et régionales (Bretagne, Alsace et Pays de la Loire).