« Un foie comme ça, on n’en voudrait pas »
représente
40% de la
matière sèche
du foie !
Elle n’est pas bien fringante, cette primipare tassée dans sa logette. Cela fait maintenant un mois qu’elle a vêlé et elle a plutôt bien démarré, au moins les premiers jours de lactation. Une quinzaine de jours plus tard, son patron a été involontairement soustrait à l’affection de ses vaches et lorsqu’il revient, dix jours après, il la trouve en petite forme et la mamelle à plat, l’oeil et le ventre creux et avec une petite diarrhée qui me ferait bien penser à un déplacement de caillette — qu’elle n’a pas.
Quand j’apprends qu’elle a 3 ans et qu’elle aurait dû vêler à 2, j’imagine bien dans quel état corporel elle a pu vêler et comment elle a fondu. Avec plus de sept fois la quantité tolérable de corps cétoniques, elle est en insuffisance hépatique très sévère, avec un foie très gros, très infiltré de graisse et une cétose carabinée.
Après une perfusion de sucre, de la cortisone, du propylène et quelques autres médicaments dédiés aux cas difficiles, elle se lève difficilement. Elle n’est pas tirée d’affaire.
RIEN N’Y FAIT
Elle ira mieux pendant quatre jours, avec un peu plus d’allant et d’appétit puis, vu le peu de lait qui lui reste, elle demeure en pâture où elle décline rapidement. Avec encore six fois la quantité de corps cétoniques malgré le traitement, je l’euthanasie puis je vais extraire un morceau du foie pour en avoir le coeur net. Je trouve un foie très volumineux qui déborde son emplacement normal ; ses contours sont très arrondis et sa couleur… jugez-en vous-même ! Voilà une mort évitable car cette cétose, très sévère et dépistée trop tard, était complètement prévisible. Elle aurait pu être jugulée par un traitement préventif bien avant le vêlage et un accompagnement dès les premiers jours de lactation car, dans ce scénario, la mobilisation graisseuse bat son plein au moment du vêlage et, pour des raisons hormonales, elle ne va pas s’arrêter là. »