Un boyau en zigzag
mais une espèce
de colle qui signe
que plus aucune
matière ne passe !
Malgré un déplacement de caillette au cours d’une lactation précédente, cette vache ne devait pas avoir trop de défauts puisqu’elle a été conservée pour sa 6e lactation, qu’elle démarre plutôt mal car elle fait de nouveau un déplacement de caillette, fixée cette fois par un ancrage externe de l’organe. La voilà plutôt maigre et parvenue à trois mois de lactation avec cette fois-ci une mammite, une chute de production et l’appétit en berne.
Pour que cette mammite la perturbe à ce point, se dit l’éleveur, il faut que ce soit une mammite toxinique. Et la voilà traitée comme tel avec tout ce qu’il faut en pareil cas. Trois jours plus tard, la mammite est guérie mais ce coup-ci la vache ne mange plus rien. Je trouve son rumen bien arrêté, le coeur trop rapide, les intestins pleins avec plus aucune bouse dans le rectum mais à la place une espèce de colle qui signe que plus aucune matière ne passe !
En poursuivant la fouille rectale, je palpe nettement un boyau gros comme un tuyau de poêle et des tensions sur les attaches intestinales. En vérité, cette vache est probablement occluse et la mammite n’y est pour rien.
LE CÆCUM EN ZIGZAG
L’opération devient urgente. Je procède donc quelques heures plus tard après avoir fait une analyse de sang pour écarter d’autres hypothèses. La caillette est à sa place et bien fixée, l’intestin grêle est chargé de matières et le gros tuyau de poêle est en réalité le cæcum complètement rempli et replié sur lui-même.
Au bout de trois jours sa paroi et ses ligaments sont inflammés. La vidange chirurgicale de son contenu et d’une partie du colon demande du temps mais ne pose pas de difficultés, et après avoir bien inspecté le reste de la cavité abdominale je referme la paroi intestinale. La vache, bonne fille, bouse deux heures plus tard et reprend tranquillement l’appétit et sa place dans le troupeau. Cette fois-ci, c’est certain, elle ne fera pas de 7e lactation…