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Transmission en Gaec : « Chacun son atelier et ses responsabilités pour de bonnes relations entre associés »

Au Gaec de la dame de Haye, en Meurthe-et-Moselle, pouvoir installer des jeunes est qualifié de chance. Diversifier la ferme avec un atelier par associé, tout en travaillant ensemble, fait partie de la stratégie pour un collectif viable et durable.

Stève et Yohann, deux des cinq associés du Gaec de la dame de Haye : « Chacun est responsable d'un atelier, mais nous participons tous à la traite et aux gros travaux de ...
Stève et Yohann, deux des cinq associés du Gaec de la dame de Haye : « Chacun est responsable d'un atelier, mais nous participons tous à la traite et aux gros travaux de groupe.»
© Y. Vevert

Hugo s’est installé hors cadre familial en 2020 sur le Gaec de la dame de Haye, à Remoncourt, qui comptait alors quatre associés. « Il n’y avait personne à remplacer, plante Johann Vévert, un des associés du Gaec. Hugo avait travaillé cinq ans avec nous en tant qu’apprenti en bac pro puis en BTS Acse. Il était vite apparu qu’il avait l’étoffe d’un futur associé : très impliqué dans son travail, avec un esprit de cohésion de groupe. Lui et nous préparions son installation depuis plusieurs années. »

Les associés qualifient d’opportunité cette rencontre. « Nous pensions déjà à l’avenir et au renouvellement des générations. Nous aimons le travail en groupe avec des jeunes qui sont forces de propositions. Nous préférons un associé plutôt qu’un salarié, car l’implication personnelle est plus marquée. » Enfin, les associés présents n’avaient pas d’enfant engagé dans l’agriculture ou dans la bonne tranche d’âge. « Il ne faut pas tout miser sur ses enfants », glisse Johann Vévert.

La création d’un atelier chèvres laitières

Hugo, Noé, actuellement apprenti et potentiel futur associé, et Antonin : « Nous sommes attirés par les résultats et l'ambiance de travail au sein du Gaec. »
Hugo, Noé, actuellement apprenti et potentiel futur associé, et Antonin : « Nous sommes attirés par les résultats et l'ambiance de travail au sein du Gaec. » © Y. Vevert

En anticipation de l’installation d’Hugo, le Gaec saisit une autre opportunité : la reprise d’une exploitation voisine à 3 kilomètres, en vaches laitières avec des surfaces de cultures de vente. Le Gaec ne reprendra pas le cheptel laitier. « Avec un prix du lait devenu instable, cela ne paraissait pas prudent de trop miser sur le lait de vache », exposent les associés. Grâce à cette reprise, avec Hugo, les associés montent de toutes pièces un atelier de chèvres laitières. La coopérative Eurial (groupe Agrial) cherchait des éleveurs pour approvisionner son usine de Château-Salins, en Moselle.

Un associé, un responsable

La diversification répond à plusieurs enjeux. « Économique d’abord, en ne mettant pas tous nos œufs dans le même panier. Une autre raison de ne pas faire grossir un atelier déjà existant, est d’éviter les méga-ateliers qui peuvent susciter des oppositions de riverains. Une troisième raison est que chez nous, chaque associé est responsable de son atelier, ce qui lui permet d’avoir une certaine indépendance sur sa partie, détaille Johann. C’est un élément de motivation, car nous sommes tous des entrepreneurs qui aimons nous challenger. Un des temps forts est quand la conseillère de gestion vient faire le bilan avec nous. Notre objectif est de faire partie des 25 % meilleures exploitations du groupe auquel nous nous comparons. Chaque atelier tient ce challenge. »

Une exploitation démembrable

Toujours en prévision de l’avenir, la diversification avec plusieurs ateliers et sites permet, au cas où les futurs associés souhaiteraient se séparer, qu’une partie de l’exploitation se détache des autres sans remettre en cause la viabilité de chaque partie. Ainsi, lors de la création de l’atelier chèvres et l’installation d’Hugo, les sites ont été revus. Le site des chèvres a 50 hectares attenants au bâtiment. Il est viable seul.

« Nous aurions pu choisir une autre diversification : la méthanisation par exemple. » Mais les associés sont passionnés et convaincus par l’élevage, « qui est rentable et peut nous faire bien vivre ». En outre, la méthanisation présente des risques financiers. « Et ce n’est pas dans nos finalités d’alimenter un méthaniseur avec du maïs. » Ils n’ont donc pas suivi cette voie.

Une ambiance de vrai collectif

Suite à l’arrivée d’Hugo, l’organisation a été revue, mais les grands principes de fonctionnement du Gaec, qui ont attiré Antonin et Hugo, sont restés les mêmes.

Chacun est responsable de son atelier mais la cohésion de groupe est bien le maître mot. Tout le monde participe à la traite, par roulement, aidé par les salariés et les apprentis. Il faut deux personnes pour la traite des vaches en salle rotative, pour assurer la qualité du lait et viser la prime au lait cru. Une personne pour la traite des chèvres suffit grâce à la salle de traite rotative.

Les associés participent tous ou presque aux travaux qui demandent de la main-d’œuvre. « Début décembre, il fallait tarir 200 chèvres. J’ai demandé à tout le monde de participer. Au lieu d’y passer deux heures tout seul, nous avons mis trente minutes à quatre », expose Hugo. « Cela permet à chacun d’avoir un regard plus objectif sur les autres ateliers, que si nous restions chacun dans notre atelier », assurent les jeunes.

Être nombreux pour organiser le temps libre

« Travailler à plusieurs demande au responsable de savoir déléguer aux autres et donc de savoir lâcher prise, d’accepter que le travail ne soit pas aussi bien réalisé que lorsqu'il le fait. Et même d’accepter qu’il y ait quelques couacs. C’est une condition pour réussir à s’aménager une qualité de vie et du temps libre », pointe Stève. Car c’est un des objectifs du Gaec : les semaines sont bien remplies, environ soixante heures de travail, mais les associés sont organisés pour se libérer du temps.

Chaque associé dispose de trois dimanches sur quatre et d’un samedi après-midi sur deux. Pour les congés, chacun peut se libérer entre une et trois semaines.

Une vie de Gaec conviviale

Au Gaec de la dame de Haye, il n’y a pas de réunions à proprement parler. Disons plutôt qu’elles allient convivialité et discusions sérieuses. « Nous prenons le petit-déjeuner ensemble après la traite à 9 h, dans le loft du Gaec. C’est une grande pièce de 100 m2, au-dessus du bureau du Gaec, qui comprend une grande table, un coin cuisine, une télévision, un lit. Le midi, nous déjeunons aussi tous ensemble dans ce lieu, qui est neutre. Colette, la mère de Stève, est une des salariés du Gaec. C’est elle qui gère les repas, en plus d’une partie de l’administratif », décrit Antonin. Les rendez-vous avec les technico-commerciaux sont généralement fixés à 9 h pour que tout le monde puisse y assister.

Cette organisation plaît beaucoup aussi à Noé, à qui il reste encore une année d’apprentissage sur le Gaec. En vue du départ à la retraite de Pascal, les associés et Noé envisagent déjà son installation sur le Gaec à moyen terme. Le projet reste à trouver et à monter.

L’apprentissage, porte d’entrée des hors cadre familial ?

L’apprentissage a permis à Hugo de tester son association avec les autres associés sur le Gaec. Noé réalise sa dernière année d’apprentissage avant de chercher à s’installer lui aussi. « C’est un très bon moyen de tester la relation au travail », reconnaissent Johann et les jeunes. Durant ces deux à trois ans, les associés donnent de plus en plus de responsabilités aux jeunes qui en réclament. « Ce qui nous motive aussi, c’est la transparence sur les choix d’entreprise et que nous ayons accès aux chiffres de l’exploitation », ajoute Hugo.

Fiche élevage

5 associés :

• Pascal, 60 ans et hors cadre familial, est responsable des taurillons

• Stève, 49 ans et fils des chefs de l’exploitation d’origine, est responsable de l’atelier grandes cultures

• Johann, 42 ans et hors cadre familial, est responsable de l’atelier vaches laitières

• Antonin, 31 ans et fils de Pascal, est responsable de l’atelier vaches allaitantes

• Hugo, 24 ans et hors cadre familial, est responsable de l’atelier chèvre

2 apprentis et 3 salariés à mi-temps

Bien rémunérer les jeunes

La règle d’or du Gaec est de permettre à chaque associé de se rémunérer correctement. « Quand on est jeune, il y a beaucoup d’emprunts à rembourser. Pour ne pas plomber le jeune, nous nous organisons : les comptes associés sont évidemment épurés et les parts sociales du cédant peuvent être reprises progressivement. Au départ de Pascal, il est prévu que nous partagions entre nous ses parts sociales », expose Stève. Le Gaec a même écrit dans le règlement intérieur qu’en cas de résultat insuffisant une année, le jeune puisse quand même sortir le revenu dont il a besoin.

Le Gaec n’oublie pas d’encourager ses jeunes associés. « Nous produisons du lait sous AOP munster en filière lait cru. Quand les résultats sanitaires du lait sont très bons, les jeunes reçoivent une gratification », précise Johann.

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