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Dégâts de cultures : Tous d'accord pour réguler les populations de sangliers !

Face aux dégâts agricoles croissants, agriculteurs, forestiers et chasseurs s’accordent désormais sur la nécessité de réduire le nombre de sangliers. Pour la FNSEA, les outils axés sur leur augmentation, comme les plans de chasse, devraient être supprimés pendant au moins deux ou trois ans. 

En quarante ans, le nombre de sangliers a fortement augmenté. En 2017-2018, plus de 750 000 ont été prélevés par les chasseurs, vingt fois plus que dans les années 1970 ! Suite à une forte régression des populations de grands ongulés, des actions visant à augmenter leur population avaient été mises en place dans les années 1980. Elles ont porté leurs fruits ! La baisse du nombre de chasseurs et des hivers doux facilitant la survie des petits ont aussi contribué à ce développement exponentiel. Il s’accompagne d’une hausse très forte des dégâts agricoles. Les cultures les plus impactées sont le maïs, le blé et le colza. Des dégâts liés à la destruction des semis par consommation des semences ou des résidus de récolte, et à la destruction de la culture pour consommation de la récolte. Les prairies sont également touchées, les sangliers retournant le sol à la recherche de vers de terre. Tout le territoire est concerné.

Chasse, classement en nuisible et battues

Les fédérations départementales des chasseurs sont présumées responsables des dégâts et doivent indemniser les agriculteurs. Certaines fédérations n'arrivent plus à faire face aux demandes d’indemnisation. Chasseurs, agriculteurs et forestiers s'accordent désormais sur le fait que les sangliers sont en surnombre et qu'il faut réguler leur population. Vient s'ajouter l'apparition de la peste porcine à nos frontières et le rôle des sangliers dans la propagation de cette maladie .

Le principal moyen de régulation est la chasse, ouverte de septembre à fin février dans la plupart des départements ; elle peut aussi être anticipée, à partir de juin voire plus tôt, ou encore prolongée jusqu’à fin mars. Un décret devrait paraître début 2020 pour étendre officiellement la chasse du sanglier jusqu’à fin mars sur tout le territoire. Autre moyen de régulation : le classement du sanglier dans la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, classement départemental possible chaque année via un arrêté préfectoral. Ce classement ouvre la possibilité pour les propriétaires et fermiers de détruire le sanglier à tir sur leurs terres, de jour, du 1er au 31 mars, sans avoir à acheter de bracelets de sanglier. En 2018, la Fédération nationale des chasseurs avait proposé de retirer le sanglier de la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, en contrepartie de l’allongement d’un mois de la période de chasse. Cette demande avait provoqué la colère des agriculteurs qui s’étaient mobilisés avec la FNSEA contre cette idée, finalement retirée du projet de décret. Une autre solution, enfin, est celle des battues administratives et tirs de nuit, ordonnés par le préfet ou par les maires.

 

La réglementation doit évoluer

Après plusieurs années de mobilisation, les agriculteurs ont obtenu l’extension d’un mois de la période de chasse. C'est un premier pas. « Mais les chasseurs ont déjà neuf mois pour chasser le sanglier, un mois de plus ne changera pas la situation, estime Thierry Chalmin, président de la commission faune sauvage à la FNSEA. Il faut supprimer les outils axés sur l’augmentation des populations, comme les plans de chasse ou de gestion et les consignes de tir visant à épargner femelles et jeunes. Le tir doit être libre partout au moins deux ou trois ans, quels que soient le sexe ou le poids de l’animal. » Reste que le nombre de chasseurs se réduit.

Depuis 2019, les pouvoirs publics ont pris conscience de l’enjeu de la régulation des populations de grand gibier. La création en 2019 de l’Office français de la biodiversité réforme en partie les missions de la chasse. Une mission parlementaire sur le sujet a également été demandée. Son rapport final « Restaurer l’équilibre agro-sylvo-cynégétique pour une pleine maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts » propose des solutions pour une vraie régulation. « Ce rapport marque un tournant, souligne Élodie Chauvet, de l’APCA. Il montre que l’État s’intéresse vraiment au problème, et qu’agriculteurs et chasseurs sont dans de nouvelles dispositions pour travailler ensemble à faire évoluer la réglementation. »

Chiffres clés

° 60 M€ de dégâts en 2017-2018 dont 30 M€ d'indemnisation
° 50 % des dégâts dans 19 départements du Centre et du Nord-Est
° 80 % des dégâts dans 15 % des communes

Avis d’éleveur : Anthony Barrillé, dans le Maine-et-Loire

« Les dégâts augmentent d’année en année »

« Notre exploitation est située près de la forêt de Chambiers, qui abrite une réserve naturelle sans droit de chasse. Depuis dix ans, les dégâts de sangliers augmentent chaque année. 15 ha de maïs en lait ont été touchés en 2018, 9 ha en 2019 dont une parcelle à plus de 50 % ! Il y a aussi des dégâts au semis. En 2019, j’ai dû ressemer 6 ha de maïs. Il y a aussi des dégâts sur prairies. Comme beaucoup sont des prairies naturelles humides, difficiles à ressemer, je récolte moins de foin, les chardons repoussent là où la terre a été retournée et il y a des risques de casse de matériel. Nous avons investi dans des clôtures électriques pour 16 ha de maïs. Mais cela implique au moins une heure par jour de surveillance pendant les trois semaines où le maïs est le plus sensible : il faut vérifier que les fils sont en place, que des sangliers ne sont pas enfermés dans la parcelle ! Il y a trois ans, j’ai donc passé le permis de chasse. Comme le sanglier est classé nuisible en Maine-et-Loire depuis 2018, il peut être chassé jusqu’à fin mars. Mais dans la réserve de Chambiers, il n’y a que les battues administratives. J’ai aussi arrêté de semer deux variétés de maïs en mélange, car cela allonge la période de sensibilité. »

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