Six leviers pour se soulager à la traite
Les défauts de conception, de choix d’équipements ou d’organisation à la traite se payent au quotidien. Si vous n’y prenez garde, à la longue, ils risquent de pénaliser votre santé. Posez-vous les bonnes questions et écoutez l’avis des trayeurs.
1 Favoriser une bonne circulation
Pratique aussi pour limiter les pas : une zone dédiée au stockage des produits d’hygiène et des consommables jouxtant l’entrée de la salle de traite. « Certains élevages ont aménagé un véritable espace pour stocker la machine à laver à hauteur pour les lavettes, avec un emplacement dédié pour le taxi-lait et des suspensions pour égoutter les seaux et pots », illustre Sébastien Guiocheau, de la chambre d’agriculture de Bretagne.
2 Bien choisir son faisceau trayeur
Face à la diversité de faisceaux trayeurs, l’un des facteurs à prendre en compte tient à leur prise en main. « Quand il est posé dans la main, le faisceau doit être équilibré, il ne doit basculer ni en avant ni en arrière pour ne pas trop solliciter les muscles du bras et provoquer à la longue des TMS », précise Thomas Huneau, responsable de la ferme expérimentale de Derval. Il peut y avoir des écarts de 1 kg selon les faisceaux trayeurs du marché. Les conseillers recommandent de tester grandeur nature différents modèles pour faire le bon choix.
Autre critère important d’un point de vue ergonomique : le lancement de la traite. « Les boutons placés en hauteur sont à proscrire, alerte Sébastien Giocheau. Mieux vaut actionner un bouton positionné en bordure de quai, sans avoir à lever les bras. » Certaines options évitent même d’avoir un quelconque bouton à presser, le simple fait de soulever le faisceau trayeur suffit à mettre sous vide.3 Simplifier l’hygiène de traite
Une hygiène de traite renforcée engendre un nombre d’actions exorbitant avec l’agrandissement des troupeaux. Répétés chaque jour par le même trayeur, ces gestes peuvent se révéler sources de TMS. « Selon leur situation sanitaire, certains élevages peuvent se permettre de simplifier leur protocole de traite, estime Sébastien Guiocheau. La réflexion doit se raisonner au cas par cas pour ne pas dégrader la qualité du lait : bonne situation de départ et observation d’indicateurs, pour reprendre en cas d’alerte. »
La suppression de l’hygiène des trayons avant la traite s’avère possible seulement si la propreté des vaches le permet, notamment à certaines périodes de l’année. De même, la suppression de l’élimination des premiers jets est envisageable si l’élevage présente peu de facteurs de risques de mammites d’environnement et une situation cellulaire très saine, avec un logement correct. « N’oublions pas qu’il faudra a minima maintenir une stimulation tactile de la mamelle pour déclencher le réflexe d’éjection du lait, souligne Jean-Louis Poulet, de l’Institut de l’élevage. Sans quoi, la traite risque d’être plus longue et incomplète. »
Quant à la suppression de la désinfection des trayons après la traite, là encore, cette option se trouve conditionnée par la situation cellulaire du troupeau.
4 Automatiser l’hygiène de traite
L’automatisation de la post-traite peut soulager le canal carpien en évitant d’avoir à comprimer des gobelets qui se révèlent d’autant plus durs à presser qu’il fait froid. « L’offre du marché présente des automates à géométrie variable, avec des équipements pulvérisant par-dessous et d’autre part le haut, et des solutions associant désinfection des trayons et post-trempage quand d’autres se limitent au post-trempage. Ces automates contribuent à réduire les contraintes lors de la traite, mais il faut bien considérer les bénéfices qu’ils apportent au regard de l’investissement et des coûts de fonctionnement, relativise Jean-Louis Poulet. Et vérifier également qu’ils n’engendrent pas de risques potentiels pour la santé des trayons, ni celle des trayeurs suite notamment à des inhalations. »
5 Faciliter le lavage des installations
6 Limiter les sources de désagréments
Le bruit, le manque de lumière, le froid, l’humidité, le manque de ventilation, l’excès de courant d’air, les mouches… les conditions d’ambiance peuvent nuire au bien-être du trayeur (et des vaches !). « Un éclairage approprié favorise un environnement de travail plus sûr, plus efficace et plus agréable, souligne David Guimard. Il influe aussi sur la posture du trayeur, les zones d’ombre diminuant la visibilité et imposant de se pencher pour mieux observer et intervenir sur les mamelles. » Le confort thermique est important également. Travailler dans le froid, le corps contracté, engendre des crispations musculaires susceptibles de modifier les mouvements.
Se faire remplacer pour souffler
Le fait de se ménager des temps de récupération avec une alternance des trayeurs est une piste à explorer pour ne pas s’épuiser et continuer à traire avec plaisir et sans stress. Les structures sociétaires ou avec des salariés ont un avantage de ce point de vue. « Se faire remplacer pour souffler un peu le week-end ou un jour en semaine peut se révéler salvateur, surtout en cas de douleur naissante ou persistante, précise Orianne Paillette de la MSA Côtes Normandes. La douleur est un signal du corps qu’il ne faut pas négliger. Même une pause ponctuelle peut faire un bien fou, à la fois physiquement et mentalement ! »
Mise en garde
Les rotos permettent des cadences de traite élevées (120 vaches par heure) du fait d’une grande régularité, mais avec parfois une charge physique et mentale qui peut se révéler importante pour une personne seule. Rien n’oblige à s’infliger une cadence effrénée tout le temps. C’est le roto qui doit s’adapter à l’éleveur, et non l’inverse !