Retour à la case départ pour l'AOP camembert de Normandie ?
Il aura fallu près de trois ans pour que la plainte lancée par l'AOP camembert de Normandie, à l'encontre du camembert "fabriqué en Normandie", soit annulée pour vice de forme. Aucun débat sur le fond donc. "Trois ans pour se rendre compte qu'il y a un vice de procédure, c'est surprenant", ironise Patrick Mercicier, président de l'ODG AOP camembert de Normandie. L'ODG avait porté plainte en février 2012 pour "usurpation de notoriété"; la plainte contre les industriels a été déboutée en novembre dernier. La suite de ce combat devrait se décider lors de l'assemblée générale de l'ODG prévue le 5 juin. Les représentants des 550 producteurs de camembert de Normandie chercheront-ils à faire annuler le vice de forme? Recommenceront-ils la procédure depuis le début? Ou rendront-ils les armes?
L'ODG a entamé une consultation de différentes appellations d'origine "pour avoir une vision plus claire et moins sous pression". En jeu, "l'existence de l'AOP". D'autant qu'en trois ans la donne a changé. "Ce n'est plus seulement contre le "fabriqué en" que l'ODG doit se défendre. Nous devons faire face à une dérive encore plus grave : des grandes marques (Réo, Gillot) se sont autorisées à utiliser sur des petits camemberts de 150 grammes (au lieu des 250 g habituels) fabriqués en Normandie, le visuel utilisé sur leurs camemberts AOP", s'insurge Patrick Mercier. Une façon, "en période de crise, de baisser le prix de vente en semant la confusion et en trompant le consommateur." "Les deux mots "camembert" et "Normandie" ont une notoriété qui dépasse largement les frontières, ajoute-t-il. La plus-value apportée incite à la contrefaçon."