Quoi de neuf au tarissement
Faire un petit chapochapochapo. Merci
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Pendant plus de quarante années, la plupart des vaches ont reçu le jour du tarissement un antibiotique qui a permis d'assainir les quartiers infectés et de prévenir l'infection des quartiers sains. Il y a vingt ans encore, nos vaches produisaient ce jour-là moins de 15 kg de lait et conservaient sagement l'antibiotique qui avait été déposé dans la mamelle mais aujourd'hui la surpression qui suit l'arrêt brutal de la traite ne ménage ni les vaches ni leurs sphincters qui laissent fuir le lait et l'antibiotique qu'il contient. C'est le moment choisi par le plan Écoantibio pour donner un coup de frein aux antibiotiques utilisés préventivement et un coup de main aux obturateurs ; il faut donc repenser les choses et nous en avons désormais les outils.
Pendant quarante années, les antibiotiques hors lactation (HL) ont été un formidable outil d'assainissement des mamelles contaminées au cours de la lactation et il ne s'agit en aucune façon de s'en passer aujourd'hui pour les vaches infectées.
Si le tarissement est une opportunité pour guérir les vaches infectées, il possède aussi un risque d'infections surtout dans les quelques jours qui suivent l'arrêt brutal de la traite à un moment où le canal reste perméable et peu avant le vêlage quand la mamelle se remplit à nouveau. Entre ces deux périodes et pour pas mal de vaches le canal peut rester poreux. La survenue d'une nouvelle infection est plus à risque pour les vaches actuelles taries communément avec plus de 15 kg de lait par jour et le risque s'accroît linéairement avec la production mesurée la veille du tarissement. L'antibiotique HL avait donc aussi comme ambition de limiter ces nouvelles infections mais aujourd'hui où une vache sur quatre perd du lait après avoir été tarie et aussi en vertu du plan Écoantibio qui condamne l'utilisation préventive systématique des antibiotiques, cette stratégie "tout antibiotique" est devenue obsolète.
L'arrêt brutal de la traite constitue une épreuve pour pas mal de vaches dont la mamelle devient douloureuse et qui manifestent des signes d'inconfort pendant quelques jours. Mieux vaut donc ramener leur production à moins de 15 kg/j avant de cesser de les traire, par exemple en sautant une traite sur deux pendant quelques jours mais ce n'est pas si simple en pratique. Pour les aider, le prescripteur dispose depuis peu d'un antagoniste de l'hormone laitière(1), la cabergoline, qui administrée le jour du tarissement freine la production de lait, améliore le bien-être de la vache, réduit les pertes de lait et la porosité du canal et diminue par voie de conséquence la fréquence des nouvelles infections.
C'est ensuite le rôle des obturateurs d'empêcher les bactéries de rentrer. Ils sont constitués d'une pâte de bismuth qui n'a aucune activité antimicrobienne. Avec quelques précautions lors de la pose, leur efficacité préventive est même meilleure que celle des antibiotiques HL dont l'efficacité décroît généralement après six semaines de tarissement et bien plus vite encore lorsque la vache perd son lait.
D'un côté, il y a les vaches infectées qui ont besoin de l'antibiotique HL pour guérir et qui peuvent aussi bénéficier du coup de frein de la cabergoline et/ou d'un obturateur pour éviter les fuites et d'éventuelles recontaminations surtout si la durée de leur tarissement est un peu longue.
Il y a des vaches saines auxquelles il faut absolument conserver leur statut. Écoantibio nous dit qu'elles ne doivent plus recevoir préventivement d'antibiotique. Un obturateur fera très bien l'affaire en ayant pris trois précautions : qu'elles n'aient pas trop de lait le jour du tarissement, que la pose soit rigoureusement stérile et qu'elles vivent ensuite dans un endroit propre.
Il peut y avoir enfin des vaches saines qui, taries avec moins de 12,5 kg/jour et placées dans d'excellentes conditions hygiéniques de A à Z, peuvent se passer de tout… mais avec un risque réel de contamination.
Il va donc falloir décider avant le jour du tarissement du protocole dans lequel ranger chaque vache et ne pas se tromper d'animal le jour venu ! Le mieux est peut-être de découpler les traitements de la traite et de faire repasser les vaches à tarir sur le quai pour prendre tout le temps de faire du bon boulot.
Tout cela étant fait, il est très important de surveiller de près les résultats techniques qui doivent viser plus de 70% de guérison pour les vaches infectées et moins de 10% de nouvelles infections au cours du tarissement.
Si vous n'y êtes pas, posez-vous trois questions : 1- Les vaches saines étaient-elles vraiment saines ? 2- Vos procédures d'hygiène de pose sont-elles exemplaires ? 3- Les vaches infectées ont-elles pu guérir puis se réinfecter en particulier si l'environnement des taries n'est pas propre ? Et dans ce cas, mettez cette question à l'ordre du jour de votre bilan sanitaire.