Aller au contenu principal

Quelle valorisation pour les maïs ensilés coupe haute ?

Avec des maïs prometteurs cette année, certains ont fait le choix de relever la hauteur de coupe pour récolter l’ensilage. Faisons le point sur ce fourrage plus concentré à bien rationner.

Quelle valorisation pour les maïs ensilés coupe haute ?
© D. Colineau

La récolte du maïs fourrage plante entière en coupe haute, à 55 cm, peut avoir deux objectifs : augmenter la teneur en matière sèche de l’ensilage quand on craint de ne pas attendre le seuil de 30 % MS, ou augmenter la valeur énergétique du produit récolté. Dans ce deuxième cas, la coupe haute donne un résultat intermédiaire entre l’ensilage classique plante entière et l’ensilage d’épis complets.

En 2014, des essais ont été réalisés à la station de la Jaillière, en Loire-Atlantique, et à Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse, avec une coupe à 55 cm de hauteur au lieu de 15 cm pour un ensilage classique, sur cinq variétés différentes de maïs. Il ressort que le relèvement de la barre de coupe concentre le fourrage récolté. La teneur en matière sèche augmente de 2,6 points, la teneur en fibres du fourrage diminue mais sa teneur en amidon augmente de 10 % soit 3 points d’amidon supplémentaires.

Le rendement diminue de 9 % (35 kg MS en moins par cm de hauteur de coupe et par hectare).

Quelle valorisation pour les maïs ensilés coupe haute ?

 

Le maïs « coupe haute » présente une digestibilité améliorée de 2,4 points en moyenne. Les valeurs azotées varient peu. La valeur énergétique est augmentée d’environ 0,04 UFL/kg MS. Un maïs fourrage récolté haut aura souvent une valeur comprise entre 0,95 et 1 UFL/kg MS. À noter que ce type de fourrage, plus riche en amidon qu’un maïs classique, sera à utiliser avec précaution dans les rations de vaches laitières afin d’éviter d’éventuels troubles métaboliques (acidose).

Adapter la ration pour une bonne valorisation

Le maïs coupé haut est un fourrage à haute valeur nutritive en raison de sa meilleure digestibilité. Ce fourrage sera très bien valorisé par des animaux à haut niveau de production à condition d’adapter la ration pour conserver une teneur en fibres suffisante. Il sera idéalement associé à un ensilage d’herbe, un méteil ou une luzerne, pour limiter les interactions digestives et valoriser pleinement le potentiel énergétique de ces maïs. Pour une ration de vaches laitières, on visera idéalement au minimum 35 % NDF et maximum 19-22 % d’amidon dégradable dans le rumen, soit 25 % d’amidon total.

 

D’autres essais dans le Nord-Ouest

Limagrain a également testé le comportement agronomique et énergétique des maïs ensilés coupe haute à travers un réseau de huit parcelles d’expérimentation. La suppression de 35 cm de bas de tige entraîne systématiquement une réduction du tonnage récolté. « Cette dernière avoisine 1,5 t MS/ha avec une augmentation de 1,5 % MS, indique Carol Humeau, chef produit maïs chez LG. En résumé, 10 cm de tige laissés au sol équivalent à - 0,5 t MS/ha et + 0,5 % MS. » Par contre, la concentration épi sur plante améliore les principaux indicateurs de la valeur alimentaire. Un gain moyen en amidon de plus de 8 g/kg MS et un bonus de 1,9 g/kg MS de MAT a été observé.

Avis d’éleveur : Denis Colineau, éleveur de 55 vaches à 11 500 kg

« On y gagne aussi par le moindre encombrement »

 

« Cette année, nos maïs étaient très beaux, ils mesuraient quasiment 3 mètres de haut, sans irrigation, avec des épis bien remplis. Nous les avons ensilés le 9 septembre en coupant les tiges à 55 cm du sol (14 t MS/ha). Les analyses affichent 0,95 UFL/kg MS avec un rapport grains sur tiges de 47 %. Nous nous sommes lancés dans cette technique en 2013 dans le but de concentrer la valeur énergétique des maïs pour nos hautes productrices. En fonction de la grosseur de l’épi et de la hauteur de la tige, nous adaptons la hauteur de coupe entre 25 et 60 cm.

Non seulement nous obtenons de meilleures valeurs UFL, mais nous gagnons aussi en valeur d’encombrement. Avec des maïs moins encombrants, l’ingestion des laitières augmente et elles produisent plus. Je ne m’attendais pas à voir autant augmenter la production laitière. En deux ans, les vaches ont produit 1 000 kg de lait supplémentaire en moyenne annuelle, sachant que pour compenser la perte de fibre, on incorpore désormais à la ration un méteil distribué à hauteur de 2,5 kg par jour. Si on calcule une ration avec un maïs à 1 UFL et 0,90 UEL, plutôt qu’à 0,95 UFL et 1,05 UEL, cela fait une belle différence ! J’estime que l’ingestion a augmenté de 10 %. Par rapport à un ensilage classique coupé à 15 cm, je gagne 2 à 3 kg de lait par vache sans avoir modifié les quantités de concentrés et correcteurs. Et nos vaches sont en état et remplissent bien.

Évidemment, on fait moins de rendement (10 à 14 t MS/ha en moyenne, soit une baisse de 10 à 15 %). Certains considèrent que c’est dommage de laisser des UF au sol, mais pour nous, c’est tout le contraire. Nous sommes en agriculture de conservation et travaillons en semis direct. Restituer 1,5 à 2 t MS/ha au sol, cela ne nous dérange pas. L’augmentation du taux de matière organique est bénéfique pour la fertilité du sol. C’est cohérent avec la démarche globale de notre exploitation.

Cette année, nous aurions pu encore couper plus haut. Ce n’est pas toujours évident de trouver le meilleur compromis à l’œil. C’est pourquoi notre Cuma va investir dans un analyseur de fourrages NIR installé sur l’ensileuse pour connaître le taux d’amidon en direct dès la récolte. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Denis Battaglia, éleveur laitier en Meurthe-et-Moselle, devant son silo de maïs</em>
« Nous avons toujours plus d’un an de stocks d’avance en fourrages »

Le Gaec du Rupt de Viller, en Meurthe-et-Moselle, refuse de se retrouver confronté à un manque de stocks fourragers. Au fil…

<em class="placeholder">Prairie avec une vache Normande et une vache de race Prim&#039;Holstein en Mayenne. </em>
Prairies permanentes : la Commission européenne donne son feu vert pour l’assouplissement

La demande de modification des règles des BCAE 1 et 9 encadrant les prairies permanentes et les prairies sensibles dans la PAC…

éleveurs laitiers Flore et Antoine Renoult
« Du "bale grazing" en hiver pour nos 300 vaches taries »

Le Gaec de la Louisiane, en Loire-Atlantique, pratique le « bale grazing » depuis six ans, durant deux mois l’hiver, pour ses…

<em class="placeholder">Romain Lelou devant son robot de traite.</em>
« Nos 135 vaches, traites par deux robots saturés, pâturent jour et nuit en Loire-Atlantique »
Au Gaec du Champ-Léger, en Loire-Atlantique, les éleveurs ont fait le pari de traire avec deux robots jusqu’à 140 vaches, et ce 2…
%agr
Biolait : « Nous n’avons plus les moyens d’accueillir tout le monde partout en France »

Alors que des éleveurs laitiers bio sont concernés par les annonces d’arrêt de collecte de Lactalis, Biolait, dont le slogan…

Jean-Paul Louis: « En réalisant le mélange pour six mois, nous distribuons une ration stable dans le temps. »
« Nous mélangeons tous nos coproduits en un silo unique »

Au Gaec de Grimaneau, en Meurthe-et-Moselle, les associés réalisent eux-mêmes, tous les six mois, leur propre mélange de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière