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Pâturage hivernal : « Une sortie à l’herbe en hiver, même de deux heures, est bénéfique »

Didier Salaün, éleveur dans le Finistère, pratique un pâturage hivernal d’opportunité en deux périodes : début d’hiver et fin d’hiver. Les bénéfices : un travail facilité et un gain de production.

« J’arrive à faire pâturer mes soixante-quinze vaches laitières en hiver sur trente hectares accessibles, même ici où il pleut plus de 1 000 mm d’eau par an, et où les hivers peuvent être très humides », présente Didier Salaün, éleveur en EARL à Tréflévénez, dans le Finistère.

Le premier objectif de l’éleveur est d’améliorer les conditions de travail. « Je les sors presque chaque jour, même si ce n’est que deux heures. Cela me permet de pailler les logettes, racler l’aire d’exercice et distribuer l’aliment sans être gêné par les vaches, car je dois passer par la zone de couchage et d’exercice pour travailler. »

Un gain de 0,5 et 1 litre par jour

Son second objectif, c’est de profiter de cette herbe fraîche. La chambre d’agriculture Bretagne estime que dans cette zone, la pousse de l’herbe est au moins de 7 kilos de matière sèche par hectare et par jour. « Elle peut monter à 10 kg MS/ha/j, voire 12 kg MS », ajoute Isabelle Pailler, la conseillère qui suit l’éleveur.

« Cette herbe fraîche constitue du fourrage consommé en plus, note l’éleveur. Je ne constate pas de baisse de consommation d’ensilage. Cela permet de gagner entre 0,5 et 1 litre par vache et par jour, car je ne réduis pas la ration ni les concentrés quand les vaches ne sortent que deux ou trois heures », explique l’éleveur. Le pâturage hivernal répond à son objectif de soutenir le rendement laitier de ses vaches en hiver pour rentabiliser le maïs apporté.

Un repos de deux mois pour chaque parcelle

Didier Salaün pratique deux périodes de pâturage hivernal : de mi-novembre à mi-décembre et de mi-janvier à mi-février. « Je ne les sors pas entre le 15 décembre et le 15 janvier, pour des raisons de travail essentiellement », souligne l’éleveur. Cela permet aussi à chacune des 24 parcelles de bénéficier d’environ deux mois de repos.

Pour que le pâturage hivernal ne pénalise pas la pousse de l’herbe au printemps, « il faut faire très attention à la portance du sol et aux hauteurs d’herbe ». Pour la portance, « mon repère est la marque laissée par mon talon. Je marche sur les talons : s’ils s’enfoncent, je ne sors pas les vaches ou je les mets dans une autre parcelle », expose Didier Salaün. Il fait le tour des parcelles une fois par semaine pour observer la portance et la pousse.

Ne pas entrer avant 7 cm de hauteur d’herbe

Pour la pousse, « mes repères sont de ne pas entrer dans un paddock avant qu’il y ait au moins 7 à 8 cm de hauteur d’herbe ; l’herbe m’arrive à mi-mollet. Et de les sortir à 3-4 cm de hauteur, mesurée à l’herbomètre ».

L’hiver 2023-2024 a été plus compliqué à gérer. « J’ai dû déléguer la conduite du pâturage à mon salarié, qui n’a pas la même expérience que moi. Il a laissé les vaches trop longtemps dans les paddocks : elles ont piétiné. Le printemps a été compliqué, avec peu de pousse, d’autant plus que le temps a été froid et sec. »

Durant les deux périodes hivernales de pâturage, les vaches sortent presque tous les jours, sauf si le temps est trop pluvieux. « Les paddocks mesurent 1,5 hectare environ. Comme ils sont relativement grands, je gère le pâturage au fil avant en période de pleine pousse. En hiver, j’enlève le fil et je change de paddock tous les jours. Il y a vingt-quatre paddocks et je passe dans toutes les parcelles, parce qu’elles sont toutes capables de supporter un pâturage hivernal. Les vaches restent dehors de une à six heures, en fonction de la portance du sol et surtout de la météo. Dès qu’il pleut et que je les vois se regrouper, je les rentre. »

Éviter le piétinement

L’éleveur rappelle les points de vigilance pour pouvoir réaliser du pâturage hivernal dans de bonnes conditions. « Il faut de bons chemins. Chez moi, les vaches empruntent une route communale en enrobé et des chemins empierrés. »

 

<em class="placeholder">vaches laitières entrant dans une prairie</em>
L'éleveur insiste sur le fait que tout doit être fait pour éviter le piétinement : des entrées distinctes des sorties, des bacs à eau bien placés... © D. Salaün

Il a aménagé « une entrée et une sortie distinctes par paddock, ce qui permet de réduire le piétinement par rapport à une ouverture unique ». Dans ce dernier cas, les vaches piétinent autour de l’ouverture, et traversent le paddock jusqu’au fond, avant de revenir brouter vers la sortie. « De même, le bac à eau n’est pas près de l’entrée, mais au milieu ou vers la sortie. »

« Il faut que le troupeau se disperse le plus possible et rapidement dans la parcelle pour éviter le piétinement. Quand c’est possible, je les fais entrer au milieu de la longueur d’un paddock », ajoute l’éleveur. Il insiste aussi sur le quad ou un petit véhicule équivalent pour intervenir rapidement sur des clôtures endommagées et pour aller rapidement amener et chercher les animaux en fonction de la météo.

 

Fiche élevage

75 - 80 VL

80 ha dont 69 ha de prairies et 11 ha de maïs

30 ha accessibles aux laitières en hiver

Repères

La ration hivernale

11 kg MS d’ensilage d’herbe

5 kg MS d’ensilage de maïs

Au DAC : 2 kg de tourteau de colza tanné et 1 kg de maïs grain acheté

Pour 20 l/VL/j, sachant que la majorité des vaches étaient en deuxième partie de lactation à l'hiver 2023-2024, et que l’ensilage d’herbe était de mauvaise qualité. L’objectif de l’éleveur est de 25 l/VL/j minimum.

Pas de pâturage hivernal pour les génisses

Chez Didier Salaün, les génisses ne sortent pas entre fin novembre et fin février, car leurs paddocks sont beaucoup moins portants. L’hiver 2022-2023 plus sec était une exception. « Elles ne sont restées qu’un mois en bâtiment. Les croissances ont été très bonnes ; je n’ai jamais eu de génisses aussi lourdes que cette année-là. »

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