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Covid-19
« Nous ne fabriquons plus de tommes depuis mi-mars. »

Patricia Rocher, en Earl dans la Manche : "J’espère que cette pandémie va au moins redonner de la considération à notre travail."
© DR

« Nous transformons 50 000 litres de lait sur les 350 000 l que nous produisons en tommes au lait cru. Nous vendons nos fromages par l’intermédiaire de grossistes dans toute la France. Mais la crise du coronavirus a tout bloqué depuis mi-mars. J’espère qu’elle ne va pas créer une nouvelle crise laitière. Il est encore trop tôt pour connaître précisément l’impact qu’aura le confinement sur la vente de nos fromages. Nos tommes sont affinées pendant deux à trois mois. Elles ne peuvent rester plus longtemps dans la cave. La situation serait plus critique si nous fabriquions de la crème, du beurre ou des yaourts. Normalement, nous doublons nos ventes à partir des fêtes de Pâques. Mais pour cela il faut que nos produits soient accessibles. Je suis très en colère contre les fermetures de certains lieux de ventes en plein-air. Depuis la fermeture de la restauration hors foyer et de certains marchés, c’est simple, nous n’avons plus vendu de tommes. La cave est tellement pleine que nous avons dû arrêter la fabrication de fromages. Et de son côté Lactalis nous informe qu’il n’est pas en mesure de garantir la collecte de la totalité du lait produit dans les semaines à venir. L’année 2020 avait très bien démarré pour nous. Nous allions atteindre notre objectif de quatre fabrications par semaines à raison de 48 semaines par an. Malheureusement tout est à l’arrêt depuis mi-mars. Nous producteurs, nos matières premières sont fraiches, saines, locales et de qualité, et maintenant on nous bloque les débouchés de vente. C’est incompréhensible. Le confinement s’annonce trop long pour pouvoir envisager les mois à venir sans nos intermédiaires habitués aux ventes en plein air. Comment limiter la casse ? Le manque de chiffre d’affaires s’annonce catastrophique. Nous devons changer nos habitudes de vente. Nous avons pris contact avec les circuits courts crées depuis le Covid-19 et envisageons de proposer des livraisons de commandes collectives, de quartiers ou de villes, mais aussi de contacter les mairies qui ont encore des marchés pour obtenir une place afin d’essayer de vendre un minimum. Nous sommes encore tellement sous le choc de ce stop du 16 mars. Nous commençons à trouver quelques débouchés et solutions locales pour vendre au mois des tommes qui sont en cave. J’espère que cette pandémie va au moins redonner de la considération à notre travail. Nous sommes le premier maillon de la chaîne. Pour être paysan, il faut être dynamique, polyvalent et rigoureux. »

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