Pas d'effet de l'ensilage de maïs brins longs sur la production
D’après un essai d’Arvalis, ni le niveau d’éclatement du grain, après six mois de conservation, ni la récolte en brins longs n’ont d’impact sur les performances laitières. L'essai se poursuit pour évaluer la possibilité de s’affranchir de l’apport de fibre mécanique dans la ration.
D’après un essai d’Arvalis, ni le niveau d’éclatement du grain, après six mois de conservation, ni la récolte en brins longs n’ont d’impact sur les performances laitières. L'essai se poursuit pour évaluer la possibilité de s’affranchir de l’apport de fibre mécanique dans la ration.
Lancé en France par le constructeur Claas sous le nom de Shredlage, l’ensilage de maïs en brins longs est désormais proposé par d’autres marques sous d’autres noms (ProfiCracker chez Kemper, DuraSchredder chez New Holland). Cette technique de récolte consiste à couper la plante en brins longs et à pulvériser les grains grâce à un rainurage en croix de l’éclateur, qui cisaille dans les deux sens, et à un différentiel de vitesse très marqué (40 - 50 %) entre les deux rouleaux. Les tiges sont éclatées dans le sens de la longueur et il n’y a pas l’effet « mégot » de la coupe traditionnelle.
L’objectif affiché est de mieux valoriser la ration et par conséquent d’améliorer la production et la santé des vaches. Aussi bien aux États-Unis qu’en Allemagne, les essais menés en stations expérimentales ont montré peu ou pas d’effet sur la production. En France, les pratiques étant différentes, Arvalis a mené ses propres essais sur les troupeaux laitiers des stations des Trinottières (Maine-et-Loire) et de La Jaillière (Loire-Atlantique). Pour un résultat semblable.
Dissocier l’éclatement des grains et la taille des particules
« L’objectif était de dissocier l’effet de l’éclatement des grains et de la taille des particules sur les performances zootechniques des animaux », explique Hugues Chauveau, d’Arvalis-Institut du végétal. Sur les deux stations, trois lots de 20 vaches alimentées individuellement ont été comparés, selon trois modalités de récolte du maïs ensilage : éclatement insuffisant et brins courts (E-) ; éclatement optimal et brins courts (E+) ; éclatement optimal et brins longs (SCH). Le niveau d’éclatement est déterminé par un nouveau test, le Corn Silage Processing Score (CSPS).
Pour espérer voir de « potentiels effets de la technique de récolte », les responsables de l’essai ont décidé « d’extrémiser tous les facteurs », à savoir un taux de matière sèche à la récolte élevé (36 % au Trinottières et 38 % à La Jaillière) et des rations avec maïs fourrage en plat unique (73 % de maïs, 2 % de paille, 23 % de tourteau de colza, 1 % d’urée et 1 % de CMV aux Trinottières ; 67 % de maïs, 6 % d’enrubannage, 26 % de colza et 1 % de CMV à La Jaillière). Des rations relativement sécurisées quant à la teneur en amidon (moins de 23 %) et en fibres (plus de 19 % de cellulose brute). Aux Trinottières, les vaches ont produit 34,5 kg de lait par jour et, à La Jaillière, 30,5 kg, quelles que soient les modalités de récolte du maïs. Pas de différence non plus sur les taux ni sur le tamisage des refus.
La conservation gomme les effets du niveau d’éclatement
Précision importante : les silos ont été ouverts après six mois de conservation. L’essai n’a pas pu être mené plus tôt pour des raisons logistiques. « Nous ne disons pas que l’éclatement du grain n’a pas d’importance par rapport aux performances de production, mais qu’après six mois de conservation, les effets de l’éclatement du grain ont été gommés, même sur des maïs récoltés tardivement, explique Hugues Chauveau. Quant à la taille des particules de la ration, elle n’a pas eu d’impact sur les performances d’ingestion et de production. »
Si le silo avait été ouvert juste après la récolte, le niveau d’éclatement aurait pu avoir un effet sur les performances des vaches mais pas la taille des brins, estime l’ingénieur d’Arvalis. « Avec des années où les reports de stocks sont de moins en moins importants, conduisant à ouvrir très rapidement les silos sans respecter les 45-60 jours de conservation recommandés, l’éclatement du grain est un véritable enjeu », reconnaît-il. En revanche, les essais ont montré « une meilleure digestibilité de l’amidon avec un niveau d’éclatement élevé ». Les teneurs résiduelles d’amidon dans les bouses restent néanmoins tout à fait acceptables (150 à 200 g/VL/j selon les régimes).
Arvalis a poursuivi l’essai pour évaluer la possibilité de s’affranchir de l’apport de fibre mécanique dans la ration (paille, enrubannage) avec du maïs brins longs, un argument souvent mis en avant par les constructeurs. Ce qui aurait pour effet de concentrer un peu plus la teneur en énergie de la ration et potentiellement d’aller chercher un peu plus de production. Il est en cours de traitement.
Des silos brins longs bien conservés
Les densités moyennes de silo sont identiques entre coupe conventionnelle et brins longs. Pas de différence non plus dans la proportion de particules de moins de 8 mm. En revanche, dans les silos brins longs, il y a un transfert de la tranche 8-19 mm (45 % du poids brut contre 65-75 % en coupe classique) vers les plus de 19 mm (28 % contre 3-6 %). Les profils fermentaires sont également très proches et dans les normes d’une bonne conservation.
Quantifier l’éclatement du grain en laboratoire
La méthode du Corn Silage Processing Score (CSPS), développée outre-Atlantique, permet de mesurer le niveau d’éclatement des grains de maïs de manière précise. Elle est proposée en France par quelques laboratoires d’analyses de fourrages. Un échantillon de 150 ml de maïs ensilage plante entière est tamisé agressivement avec un tamis à maille carrée de 4,75 mm de côté. La teneur en amidon des différentes fractions est mesurée. Le niveau d’éclatement est jugé excellent lorsque la fraction fine des particules tamisée (moins de 4,75 mm) contient au moins 70 % de l’amidon total. Il est insuffisant à moins de 49 % et bon entre les deux.
Les écarts peuvent être très importants avec des CSPS allant de 30-35 à 80-90. Mais plus le niveau d’éclatement est faible à la récolte, plus il se bonifie pendant la conservation. Ainsi, les silos E- de l’essai Arvalis, volontairement mal éclatés, ont gagné 12,5 points en six mois (de 45 à 57,5) tandis que les silos bien éclatés (E+ et SCH) n’ont pris que 6 points supplémentaires (de 74 à 80).