PAC: 80 % d'aides en moyenne dans le revenu 2019 des exploitations laitières
Comment se positionnent les exploitations laitières par rapport aux autres exploitations ? L’Inrae dresse un état des lieux instructif sur les aides PAC et les revenus moyens des différents systèmes de production.
Comment se positionnent les exploitations laitières par rapport aux autres exploitations ? L’Inrae dresse un état des lieux instructif sur les aides PAC et les revenus moyens des différents systèmes de production.
Dans une période où l’on débat de la réaffectation des aides de la future PAC, il est utile de savoir d’où l’on part. C’est ce qu’a fait l’Inrae en dressant, à partir des données du Rica (Réseau comptable d’information agricole), une photographie des aides et des revenus des différents systèmes de production. Cet état des lieux dressé en 2019, mais aussi sur la période 2010-2019, montre d’abord une grande hétérogénéité de revenu.
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En moyenne sur dix ans, les exploitations spécialisées bovins lait(1) dégagent un revenu par actif familial de 24 600 euros (en euros constants), inférieur de 5 000 euros à la moyenne nationale. C’est deux fois moins que ce que dégagent les exploitations de grandes cultures(2) ou viticoles. En revanche, les exploitations de céréales-oléoprotéagineux ont un revenu par actif familial à peine plus élevé (27 000 €/actif familial) : il est en forte baisse sur la période 2010-2019 (-56 % entre le début et la fin de la période).
Remise en cause de l’efficacité des aides couplées
Le poids des aides directes dans la formation du revenu est très élevé, en particulier dans les exploitations de ruminants. En bovins lait, il est de 87 % en moyenne sur dix ans. « C’est moins qu’en céréales-protéagineux (114 %), qu’en ovins-caprins (126 %) et surtout qu’en bovins viande (195 %), un secteur qui a vu le poids des aides augmenter ces dernières années pour atteindre 250 % en 2019 », souligne Vincent Chatellier, économiste à l’Inrae. Ces pourcentages supérieurs à 100 % amènent l’institut de recherche à porter un regard très critique sur les aides couplées, notamment les aides aux vaches allaitantes. Malgré leur augmentation, le revenu n’augmente pas. Les aides couplées échapperaient en grande partie aux éleveurs pour être récupérées par l’aval de la filière en maintenant des prix bas.
En 2019, le montant des aides directes par exploitation, toutes productions confondues (y compris celles comme la viticulture peu aidées) s’élève en moyenne à 30 700 euros, contre 36 500 euros en bovins lait. Mais quand on ramène les aides à l’actif, les laitiers font partie des moins bien lotis avec 19 100 €/UTA d’aides directes. Les exploitations bovines allaitantes sont les plus soutenues avec 37 100 €/UTA.
Une grande diversité d’aides pour les laitiers
Si l’on s’intéresse à la structure des aides en 2019, il y a là aussi de grosses différences entre secteurs. Le secteur laitier bénéficie d’une grande diversité de formes d’aides, contrairement au secteur des cultures. « Ce sont ces différences qui rendent la réforme compliquée », commente Vincent Chatellier.
« Des travaux ont été menés à partir de ces données par l’Inrae avec différents scénarios extrêmes pour estimer l’impact sur les revenus de différents choix », précise le chercheur. Ils montrent notamment que les laitiers gagnent beaucoup en mettant les aides couplées dans un pot commun et en les redistribuant à l’UGB (en moyenne + 4 000 €/exploitation). Et que les écorégimes de la future PAC pourraient permettre de redistribuer davantage d’aides que les outils de redistribution classiques (convergence, paiement redistributif…).