Overdose de farine
et une situation bien compromise.
« Lorsque Roland appela, je me suis dit : « Tiens, il ne sera pas le dernier et cette question fait pourtant l’objet d’une feuille dans les protocoles de soins et de traitements ». Oui mais ça n’est pas parce que c’est écrit que c’est lu et une fois lu, ça n’est pas nécessairement appliqué ! La preuve…
Personne ne saura dire pourquoi le portail tubulaire cette fois-là n’était qu’à moitié fermé mais toujours est-il qu’au moment de la traite, les premières vaches sorties ont pu se mettre à table dans le joli tas de farine entreposée juste à côté. Une bonne heure plus tard, elles sont cinq-six, prises en flagrant délit. Passé la surprise et le désagrément des bouses qui balisent le tas, Roland ne s’inquiète pas vraiment, à tel point qu’il ne s’intéresse ni à l’identité des fugitives ni à ce qu’elles pourraient avoir consommé.
MOINS UNE !
Ça n’est pas la nette baisse de lait constatée sur deux vaches et la diarrhée aigrelette qui lui mettent la puce à l’oreille, mais plutôt le ballonnement du rumen et l’ébriété qui en tient une des deux. « Elle se purge », pense-t-il. L’après-midi, l’ébriété tourne au coma éthylique puisqu’elle est maintenant incapable de se lever. C’est alors que Roland appelle, 20 heures trop tard.
Avec le renfort de bicarbonate distribué aux cinq-six dès la veille au soir et toute la nuit, l’acidose aurait pu être maîtrisée sans trop de mal, mais à cette heure-ci la situation n’est pas brillante. Le contenu de la panse est à pH 5 et celui des urines aux alentours de 6, le coeur est rapide et la congestion sévère, la panse ballonnée et ses mouvements absents. Avec une grande perfusion pour lutter contre la déshydratation et l’acidose sanguine, avec du bicarbonate par voie orale et malgré le potassium administré, l’acidose se négocie mais la vache rentre en hypokaliémie qui la maintient par terre. Cinq jours plus tard, elle quitte l’infirmerie, tarie mais vivante ! Ce n’était pas gagné… »