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Outils de monitoring : Des clés pour bien équiper vos vaches

Collier, boucle auriculaire, bracelet, dispositif posé sur la queue… Le point sur les avantages et limites des différentes « familles » d’outils de monitoring.

Pour bien choisir un équipement, il faut d’abord faire le point sur ses objectifs, ses besoins… Côté équipements, la fiabilité et les prix ne sont pas les seuls critères différenciants. Il faut donc aller chercher d’autres critères avant de prendre sa décision. La portée des capteurs, la possibilité d’avoir une solution autonome en énergie (capteur solaire) et la connexion à internet peuvent faire la différence, notamment en cas de pâturage, tout comme l’ergonomie du logiciel associé aux capteurs… Sans oublier la compatibilité avec d’autres équipements et logiciels de gestion de troupeau.

Les colliers règnent sur le multiservice…

« Grâce à leur antériorité, les colliers sont plus répandus dans les élevages que les boucles auriculaires », note Clément Allain, de l’Institut de l’élevage. « C’est un produit connu, validé par plus de douze ans d’utilisation en France et plus de vingt ans dans le monde, confirme Philippe Lorenzi, d’Allflex. Leur durée de vie de sept ans et leur facilité d’utilisation (changement d’une vache à l’autre) plaisent aux éleveurs. » La durée de vie de leur batterie est environ deux fois plus longue que celle des boucles. Revers de la médaille : à l’achat, les colliers coûtent plus cher que les boucles.

Leur polyvalence est également un atout. Les colliers sont de plus en plus souvent utilisés dans le cadre d’une offre multiservice : repro, santé, bien-être animal… « Avoir et partager un maximum d’informations avec les conseillers, vétérinaires, laiterie… permet d’épauler l’éleveur parfois à distance comme nous avons pu le constater pendant le confinement. Ces données permettent aussi de simplifier la vie des éleveurs, poursuit Philippe Lorenzi. Les boucles comme les colliers ne sont toutefois pas à ce jour les meilleurs outils pour détecter les vêlages. Ce sont plus des indicateurs de difficultés autour du vêlage qu’un réel outil de détection. Ils sont aujourd’hui moins précis sur le moment où va se dérouler le vêlage que les dispositifs posés sur la queue ou le thermomètre intravaginal. »

Chez Medria, le Vel’Live (capteur dans un collier) a cependant pris le relais du Vel’Phone (thermomètre intravaginal) parce qu’il est très simple à utiliser. « Il ne nécessite pas de poser un capteur spécifique sur l’animal. Et nous venons d’automatiser les alertes. L’éleveur n’a même plus besoin d’activer le service sur le site pour recevoir les alertes vêlage », explique Thomas Aubry, de Medria Solution.

L’offre en colliers étant abondante, quels critères retenir pour choisir une marque de collier plutôt qu’une autre ? En l’absence d’études comparatives indépendantes, le tri par la performance des outils est très compliqué à réaliser. « La fiabilité des colliers est comparable », indique cependant Clément Allain. La différenciation par le prix est également complexe pour plusieurs raisons. Certains comme Zoétis, Nedap, Allflex… proposent par exemple du multiservice en version collier et/ou boucle auriculaire avec achat de l’équipement.

De son côté, Medria ne vend plus le matériel, mais le met à disposition des utilisateurs depuis septembre 2019. « Nous avons fait évoluer notre offre pour permettre aux éleveurs d’équiper 100 % du troupeau, sans préoccupation matériel (mise à disposition de capteurs). À travers le bouquet Farm’Live et ses quatre services (Vel’Live, FeedLive, TimeLive et HeatLive), l’éleveur et son conseiller pilotent les vêlages, la reproduction, l’alimentation, la santé, le bien-être mais aussi la conduite générale du troupeau », indique Thomas Aubry.

L’accès aux quatre services coûte entre 2,50 et 3 euros par vache et par mois. Il faut également acheter une base pour récolter les données issues des capteurs. Elle coûte 1 690 euros HT quand il y a moins de cinquante capteurs, et 2 990 euros HT lorsqu’il y en a plus de cinquante. « Il est aussi possible d’acheter le matériel sur du monoservice, pour un détecteur de chaleurs ou de vêlages, au prix de 130 euros hors taxes par capteur. »

… Mais les boucles auriculaires gagnent du terrain

À l’instar des colliers, les boucles sont multiservices (chaleurs, rumination…). Côté avantages, elles peuvent être posées sur des animaux très jeunes. « Nous avons beaucoup moins de recul sur les boucles que sur les colliers. Les premières sont sorties il y a quatre ou cinq ans, souligne Clément Allain. Leur performance semble équivalente à celle des colliers, mais leur boitier étant plus petit, la durée de vie de leur batterie (environ 2 à 3 ans) est inférieure à celle des colliers (6 à 7 ans). »

Les options de renouvellement des batteries diffèrent selon les sociétés. Chez Allflex par exemple, quand la batterie ne fonctionne plus, il faut changer la boucle. La société annonce cependant en tenir compte dans ses tarifs. A contrario, il est possible de changer les batteries sur les boucles Smartbow (Zoétis). « Leur renouvellement est compris dans le prix des abonnements », précise Benoît Delalleau, vétérinaire chez Zoétis.

Autre particularité de la boucle Smartbow, elle offre la possibilité de géolocaliser en temps réel les vaches dans le bâtiment avec une précision de 1,60 à 1,80 m. « Cette option peut s’avérer intéressante pour les grands troupeaux dont les vaches ne pâturent pas », souligne Clément Allain.

Côté tarif, la boucle Smartbow est proposée au prix unique de 160 euros par vache (« Starter Pack ») comprenant le matériel, l’installation, la mise en service et la formation de l’éleveur. Puis vous avez le choix entre des deux formules d’abonnement. La « Standard + » est à 8 euros par vache et par an. Elle comprend les fonctions de détection de chaleurs et de suivi de la rumination. La formule « Avancé » comprend en plus la localisation en temps réel des vaches dans le bâtiment pour 4 euros de plus par vache et par an.

Chez Allflex, le prix s'établit à 70 euros HT, 82 euros HT ou 90 euros HT selon le niveau de service choisi : « Starter » uniquement pour la reproduction dont la détection des chaleurs, « Advanced » pour le suivi de la santé et du vêlage en plus, ou « Premium » avec le suivi de la nutrition et du stress thermique en plus. Avec les versions colliers, les tarifs sont respectivement de 110 euros, 135 euros et 150 euros. Il faut ajouter 1 500 euros pour le boitier qui récupère les données fournies par les capteurs, soit un coût total de 10 à 30 euros par vache et par an selon le service et le nombre d'animaux équipés.

Dans ces deux exemples, les sociétés ne proposent pas directement de service de conseil. L’éleveur reste libre de travailler avec ses interlocuteurs habituels.

Les podomètres ne mesurent pas la rumination ni l’ingestion

Des fabricants comme notamment Afimilk, Nedap (Boumatic, Lely, GEA Farm technologies)... proposent des podomètres. Ces systèmes ont fait leur preuve pour l’identification des animaux et la détection des chaleurs. En analysant le comportement, les podomètres peuvent aussi aider à détecter des troubles de la santé comme les boiteries ou fournir une indication sur l’imminence d’un vêlage (environ 4 à 6 heures avant). « Chez Nedap et Afimilk, ils intègrent l’identification électronique de l’animal pour la salle de traite par exemple », précise Clément Allain. En revanche, les podomètres ne permettent pas de mesurer la rumination ni l’ingestion. « Comme nous sommes de plus en plus sollicités par les éleveurs pour avoir les données d’ingestion et de rumination, nous allons aussi proposer le collier que vient de lancer Afimilk », précise Hervé Quintin, responsable technique BCEL Ouest.

Pour des raisons historiques, BCEL Ouest propose deux gammes d’outils de monitoring. Celle développée par Medria (collier) et celle d'Afimilk (podomètre). Comment choisir ? « Dans les très grands troupeaux de plus de 120 vaches, le podomètre est une porte d’entrée pour le système Afimilk parce qu’il permet de se passer d’une porte de tri pour identifier de façon très fiable les animaux à la traite. Avec un podomètre, la place du pied en entrée d’une salle de traite est en effet très stable. En revanche, avec les colliers ou les boucles auriculaires, l’identification est moins précise », selon Hervé Quintin.

Attention à la compatibilité avec des outils d’autres marques. À titre d’exemple, la solution Afimilk est aussi proposée par Fullwood. « Si vous avez une salle de traite simple avec un décrochage automatique, le système Afimilk peut être utilisé quelle que soit la marque de la salle de traite. En revanche, cela peut poser un problème quand l’éleveur a des compteurs à lait d’une autre marque », prévient Hervé Quintin.

À titre indicatif, pour une installation Afimilk proposée par BCEL Ouest, comptez 4 500 euros HT pour le lecteur et logiciel, 96 euros HT par podomètre avec sa sangle, auxquels s’ajoutent 300 euros HT pour le pont Wifi pour ramener internet dans la stabulation (plus frais de câblage au mètre) et les frais de montage-câblage selon l’installation et l’onduleur.

Mise en garde

Les exemples de solutions de monitoring cités dans cet article ne représentent pas une liste exhaustive des offres commerciales. L’Institut de l’élevage vient de publier un inventaire complet des capteurs et des robots (traite, alimentation…) sur son site www.idele.fr 

Moocall, SmartVel, Alert’Vel… sont des outils dédiés uniquement à la détection des vêlages. Ils envoient des alertes une à deux heures avant le vêlage. Leur durée de vie est d’environ 7 ans.  

Les capteurs sur la queue pour détecter les vêlages

« Ces équipements sont parfois préférés au thermomètre vaginal (Vel’Phone) parce qu’ils sont moins invasifs et ne présentent pas de risque d’infection pour l’animal », explique Clément Allain. « Nous continuons à déployer des Vel’Phone notamment dans des élevages allaitants, comme en Belgique, qui ont besoin de leur grande précision pour programmer des césariennes », précise cependant Thomas Aubry, de Medria Solutions. 

A priori, leur fiabilité est comparable d’une marque à l’autre. Les outils ont connu des évolutions du côté du dispositif servant à les fixer sur la queue. Ainsi, le système de fixation du Moocall a été modifié en 2017 pour adapter la fixation du dispositif en fonction des races et de la taille des animaux.

De leur côté, les kits Smart’Vel incluent désormais un nouveau système de fixation par bande spéciale longue durée et respirante. « Les taux de tenue sont encore meilleurs et la pose du capteur ainsi que son retrait sont facilités », assure Charles Prévost, d’Evolution.

Les stratégies commerciales diffèrent selon les distributeurs. Ainsi, chez Gènes Diffusion, le Moocall est vendu 274 euros HT. « Ce tarif inclut un an de garantie et d’utilisation, puis il faut se réabonner (122 €/capteur/an - tarif dégressif) », indique Julie Junge, de Gènes Diffusion.

Chez Evolution, un kit Smart’Vel avec quatre capteurs est proposé à 3 195 euros HT (ou moins de 2 300 euros HT pour deux capteurs). Ce prix inclut un abonnement pour trois ans. Puis, selon l’évolution des modalités et les opérateurs, prévoyez environ 195 euros HT par an pour le renouvellement de l’abonnement. La durée de garantie est de cinq ans. « La durée de vie des capteurs est d'environ sept ans », indique Charles Prévost.

Des boucles ou du GPS pour géolocaliser les animaux

L’offre est scindée en deux grandes familles. La première concerne les systèmes permettant de géolocaliser les vaches dans les bâtiments à partir de capteurs posés dans des boucles auriculaires (Smartbow, Nedap (fournisseur de Lely…) et GEA) ou des colliers (Smartag pour Boumatic, GEA, Lely…). Intéressants pour les grands troupeaux restant la plupart du temps dans un bâtiment, ces systèmes atteignent vite leurs limites quand il s’agit de repérer les animaux dehors« Au-delà de l’aspect pratique, cela coûterait trop cher d’installer plusieurs antennes dans des prairies », explique Clément Allain, de l’Institut de l’élevage. D’où l’intérêt de la géolocalisation avec des colliers GPS. « Cela peut avoir un intérêt quand les animaux sont difficiles à repérer dans une pâture. Mais l’inconvénient de ces systèmes est qu’ils sont très gourmands en batterie », prévient-il.

Les bolus n'ont pas la cote

Les bolus ont du mal à percer sur le marché, pour plusieurs raisons. « C’est contraignant à faire ingérer aux animaux. Les sondes de mesure du pH ne sont utilisables que pendant trois à cinq mois. Elles ne sont par conséquent éventuellement intéressantes qu’en début de lactation pour mesurer le risque d’acidose. La société SmaXtec préconise de ne poser des bolus que sur quelques animaux sentinelles pour voir s’il y a des problèmes au niveau de la ration », explique Clément Allain, de l’Institut de l’élevage. Par ailleurs, certains bolus mesurent aussi la température, mais cette variable n’est pas facile à utiliser car une hausse de température n’est pas spécifique d’un trouble en particulier, et donc son interprétation n’est pas aisée.

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