Rejet d'azote par vache laitière
Nouvelles normes Corpen: les herbagers plus impactés
Les nouvelles normes
Corpen ont été
appliquées aux systèmes
fourragers en place
à la station de Trévarez
dans le Finistère.
A partir du 1er septembre prochain, la norme unique de rejet de 85 kg d'azote par vache laitière sera remplacée par une valeur variant de 75 à 126 kg selon le niveau de production des vaches et le temps passé à l'extérieur (Réussir Lait n° 256, p. 16).
Ces nouvelles normes ont été appliquées aux deux systèmes actuellement en place à la station expérimentale laitière de Trévarez : le système S1 à dominante maïs (56 % de maïs dans la SFP) avec 15 ares pâturés par vache et un niveau de production proche de 9000 kg/vache/an et le système S2, plus herbager (24 % de maïs dans la SFP) avec 40 ares pâturés par vache et un niveau de production laitière légèrement inférieur à 8 000 kg/vache/an.
Le temps de présence des animaux à l'extérieur a été évalué en fonction de quatre journées type : 100 % en bâtiment, 4 heures à l'extérieur en période de transition, 8 heures à l'extérieur en pâturage de jour et 20 heures à l'extérieur en pâturage jour et nuit. Mi-juillet, l'administration n'avait pas indiqué les critères définitifs retenus pour le calcul du temps de présence à l'extérieur. « Ils devraient être proches de ceux utilisés dans nos calculs avec, sans doute, une journée type supplémentaire correspondant à 12 heures par jour à l'extérieur », estime Pauline Defrance au pôle herbivores des chambres d'agriculture de Bretagne.
À Trévarez, compte tenu du calendrier fourrager, les vaches du lot S1 passent l'équivalent de 3,7 mois à l'extérieur, ce qui correspond d'après les nouvelles normes à un rejet à 91 kg N/vache/an. «Le temps de présence à l'extérieur des vaches du lot S1, inférieur à 4 mois, est assez faible. Mais cela correspond aux pratiques spécifiques de gestion du pâturage mises en oeuvre à la station. En période de pâturage, en effet, dès que l'herbe représente moins de la moitié de la ration, les vaches sont rentrées en bâtiment la nuit, même si le temps est clément. Si les vaches restaient nuit et jour dehors même lorsque l'herbe pâturée représente moins d'une demi-ration, le temps passé à l'extérieur serait de 4,8 mois par an, avec une norme de rejet à 111 kg N/vache/an. »
À l'extérieur, 100 % de l'azote excrété par les vaches est considéré épandu
Les vaches du système S2, elles, passent l'équivalent de 6,5 mois à l'extérieur. Elles se retrouvent ainsi juste en dessous du seuil des 7 mois, conduisant à des rejets de 101 kg N/vache/an. Le système plus herbager S2 est donc plus impacté que le système S1 par l'application des nouvelles normes. La quantité d'azote organique/ha SAU y augmente de 15 %, contre 5 % pour le système à dominante maïs. « Les deux systèmes S1 et S2 restent cependant sous le seuil des 170 kg N organique par ha SAU, ce qui devrait être le cas de la plupart des systèmes laitiers spécialisés. »
Quels leviers pour ne pas dépasser les 170 kg d'N/ha
1 Limiter l'effectif de génisses. Élever uniquement le nombre de génisses nécessaires au renouvellement et pratiquer le vêlage précoce (24 mois au lieu de 30) permet de réduire la production d'azote de 20 à 25 kg/ha SAU.
2 Ajuster le temps passé à l'extérieur à la part d'herbe pâturée dans la ration. A Trévarez, lorsque les vaches reçoivent plus de 10 kg de MS d'ensilage de maïs/jour, elles passent la nuit en bâtiment. Ce type d'ajustement peut permettre à des élevages en limite de seuil de ne pas le franchir. L'inconvénient principal est le travail supplémentaire pour l'entretien du bâtiment qui reste ouvert. « Par contre, les vaches ont le temps de consommer le maïs et le concentré. Lorsqu'elles arrivent au champ le matin elles ont un peu faim et pâturent bien. »
3 Si ces leviers ne suffisent pas, la solution peut passer par une augmentation de la SAU et/ou la mise en place de plan d'épandage chez des tiers, la réduction des importations de déjections en provenance de l'extérieur - s'il y en a et si c'est possible - ou encore la diminution ou l'arrêt des éventuels ateliers complémentaires, voire la réduction de l'effectif vaches laitières.