Mycotoxines : « Nous n'hésiterons plus à traiter car nous avons gagné 3,5 litres par vache »
En Meurthe-et-Moselle, le Gaec des 3 M analyse depuis quatre ans les mycotoxines de son maïs via l’Observatoire des mycotoxines. En 2023, le niveau de DON est apparu à risque.
En Meurthe-et-Moselle, le Gaec des 3 M analyse depuis quatre ans les mycotoxines de son maïs via l’Observatoire des mycotoxines. En 2023, le niveau de DON est apparu à risque.
Du « yo-yo ». C’est le mot qui revient à la bouche de Danielle et Alexandre Michel pour décrire la production des laitières à l’hiver 2023. Pas de grosse chute de lait. Ni de pic élevé. Ils illustrent : « Un jour, une vache pouvait être à 30 kilos. Deux jours avant elle était à 37 kilos. Le TB est descendu à 34-35, mais nous n’avions pas de signes cliniques d’acidose, ni de pattes rouges ni de diarrhées. » Les résultats « en dents de scie » font hésiter les éleveurs, car ils savent que leur ensilage de maïs contient des mycotoxines. « Nous avons d’abord pensé que cela pouvait être dû à un coup de grippe. »
Fiche élevage
Gaec des 3 M
• 2 associés
• 590 000 litres
• 63 prim’Holstein à 10 000 kg
• 1 robot de traite depuis un an
• 20 ha de maïs sur 180 ha de SAU
« On s’attendait à cartonner en lait »
Depuis quatre ans, Danielle et Alexandre Michel font analyser les mycotoxines de leur maïs juste après récolte, via l’Observatoire des mycotoxines. Leurs résultats sont intégrés à la base de données annuelle, en échange de 50 % de remise sur la facture du laboratoire. « Ici, dans le Grand Est, depuis dix ans c’est la catastrophe sur les maïs à cause du climat et notamment de la sécheresse. En 2022, nous avons ensilé le 15 août. Sauf en 2023, où ils étaient au top. Nous nous attendions à cartonner, à ce que les vaches prennent cinq kilos de lait. »
Si les maïs étaient exempts de mycotoxines en 2022, les résultats affichent, le 30 octobre 2023, 1 378 ppb en DON, 192 ppb en nivalénol et 76 ppb en zéaralénone, sur une base de 88 % d’humidité. « Les résultats en DON sont proches du repère du seuil de risque haut, qui est de 1 500 ppb », commente Jérôme Larcelet, de l’Observatoire des mycotoxines et nutritionniste du Gaec pour Seenorest. Les nivalénol et zéaralénone sont sous les seuils bas. « Même si nous avions les résultats des analyses, nous avons attendu les symptômes avant de mettre un traitement en place. »
Remettre la flore ruminale d’attaque
Les éleveurs patientent en espérant que les résultats s’améliorent. Sans succès. « L’échantillon a été prélevé au début du silo, le front d’attaque fait trois jours. Nous voulions être sûrs de ne pas être tombés sur un coin plus contaminé que dans le reste du silo. » Fin janvier, ils décident d’incorporer un traitement de lutte contre les mycotoxines à la ration – composée à 50 % d’herbe et 50 % de maïs –, comprenant des enzymes, des parois de levure, des argiles et un booster pour remettre la flore ruminale d’aplomb. La « dose d’attaque » du capteur est de 100 g/VL/j. « C’est ce qui est préconisé par la firme, affirme Jérôme Larcelet. Cela permet de taper fort au départ, pour détoxifier les vaches et retrouver une flore ruminale efficace. »
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« On a gagné deux à trois litres de lait par vache en quelques jours. Et surtout, les résultats se sont stabilisés », constatent les deux associés. Le coût du traitement, revenant à « 0,46 €/VL/j » est selon eux « mérité ». Progressivement, Jérôme Larcelet leur a conseillé de diminuer la quantité de 10 grammes par semaine, voire de l’arrêter pendant quinze jours à trois semaines et d’observer les effets sur le troupeau : « les seules réponses aux mycotoxines, ce sont les vaches qui nous les donnent », glisse-t-il.
« Tant que le silo contaminé est ouvert, il est nécessaire de garder un capteur dans la ration », tranche Alexandre Michel. Au bout de trois semaines de traitement, « pour limiter les coûts, nous avons opté pour un autre complément alimentaire, moins onéreux, à 0,16 €/VL/j, composé de trois argiles et de charbon végétal ». En revanche, l’an prochain, « si nous avons la moindre suspicion, nous agirons plus vite que cette année ».