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Les laiteries de Charentes-Poitou misent plus sur l´optimisation des charges
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Les coopératives picto-charentaises fabriquent beaucoup de produits industriels. Pour s´adapter aux évolutions du secteur, elles visent l´amélioration des performances industrielles et le développement de petits créneaux.
Les coopératives de Charentes-Poitou réalisent 85 % de la collecte de la région. Elles sont confrontées à trois types de problèmes. Premièrement, « la déprise laitière fait que les coûts de collecte sont deux fois plus élevés que dans les zones à haute densité d´élevage. Pour contenir au maximum ces coûts, les laiteries passent des accords entre elles. Il reste encore des marges de progrès dans ce domaine », indique Alain Lebret, vice-président du Glac. Deuxièmement, les coopératives fabriquent beaucoup de produits industriels : près de 50 % du lait est transformé en poudres et caséines. Le troisième handicap des coopératives est le manque d´innovation sur les produits au lait de vache. Christophe Limoges, président de la section lait de la FDSEA des Deux-Sèvres, s´inquiète : « Les éleveurs sont préoccupés par l´avenir des coopératives et du prix du lait. Cet été, la zone Charentes-Poitou a accepté une baisse de la valeur des grammes différentiels, suivant ainsi l´évolution prise par certaines zones comme la Bretagne-Pays de la Loire. Mais je crains que les entreprises ne mettent pas à profit cet argent pour innover. »
Alain Lebret explique que « pour gagner en valeur ajoutée, l´accent est mis sur l´amélioration des performances industrielles pour réduire les coûts ». La restructuration est déjà bien avancée pour les caséines et les poudres, avec des partenariats entre entreprises.
L´adaptation des coopératives passe aussi par le développement de certains créneaux, comme les fromages ingrédients. Eurial-Poitouraine est l´une des quatre entreprises engagées dans le projet de construction d´une usine de mozzarella en Loire-Atlantique.
Le beurre AOC cherche un nouveau souffle
Pour le beurre AOC(1), Alain Lebret déclare urgent d´opérer une restructuration industrielle et commerciale. « Le Glac a prévu de fermer une beurrerie, pour regrouper toute l´activité beurre AOC à Surgères. Sur ce site, nous avons les moyens de faire aussi du beurre AOC pour d´autres entreprises. Par exemple, Eurial et le Glac pourraient fabriquer et commercialiser le beurre ensemble pour être plus compétitives et fortes commercialement. »
Même si depuis 8 ans, les ventes de beurre AOC Charentes-Poitou se maintiennent (22 000 t/an), les débouchés changent. Le beurre est de plus en plus vendu à l´industrie agroalimentaire (64 % des ventes en beurre vrac). « Les marchés sont durs, et quand l´aide européenne au beurre pâtissier sera supprimée, ça risque de faire mal », indique Christophe Limoges. Cet éleveur expose sa vision de l´avenir du secteur. « Aujourd´hui il y a 12 emballages différents. Localement, ces marques sont très ancrées mais sur le marché national une marque suffirait. Par ailleurs, les entreprises se disputent les marchés. Il faudrait que les transformateurs travaillent ensemble, pour mettre en commun les mises en marché et avoir plus de poids face à la distribution. »
Christophe Limoges ajoute que « il faudrait aussi développer l´AOC en quantité pour mieux valoriser les 40 % de beurre non-AOC que les industriels produisent. Dans le même temps, il faut améliorer sa valeur ajoutée, ce qui est enclenché à travers le toilettage du cahier des charges ; et à travers un gros programme de promotion qui est financé par les éleveurs et les laiteries, et aidé par les collectivités territoriales. »
La déprise laitière inquiète la Coopérative laitière de la Sèvre, qui se situe dans la plaine de Niort, une région particulièrement touchée. « Pour l´instant, malgré la perte de producteurs, le quota reste produit. On a même reçu des demandes de quotas. Il faut dire qu´on paye bien le lait (317 euros par 1000 litres en 2005) », modère Jean-Luc Moreau, président de la coopérative. La Coopérative laitière de la Sèvre est positionnée sur le haut de gamme en beurre et crème. Elle produit du beurre AOC, dont une partie sous la marque Echiré. Le beurre d´Echiré est considéré comme le fleuron du beurre français. Les clients reçoivent un beurre très frais, fabriqué la veille, avec du lait de 24 heures.
La Coopérative laitière de la Sèvre cultive l´excellence
Mais « le marché français est saturé et difficile, même sur le haut de gamme. On exporte donc de plus en plus, vers le Japon, dans toute l´Europe. Et on va se lancer sur le marché chinois. Il s´agit de niches. On vise les grands hôtels, les grands chefs cuisiniers », expose Jean-Luc Moreau. La coopérative sort aussi régulièrement des innovations au niveau de la présentation. La dernière est un pot en porcelaine de 30 grammes. Elle prévoit aussi à l´avenir, « d´augmenter un peu les quantités vendues en beurre d´Echiré, et de mieux valoriser la crème, qui n´a pas la même notoriété que le beurre ».