Le suivi repro classique doit faire peau neuve en vaches laitières
Le Gaec des châteaux montre un exemple de suites à donner à un suivi repro lorsque l’IVV et la réussite à l’IA sont mieux maîtrisés. Les vétérinaires pourraient faire évoluer le suivi en y intégrant notamment la maîtrise des effectifs.
Le Gaec des châteaux montre un exemple de suites à donner à un suivi repro lorsque l’IVV et la réussite à l’IA sont mieux maîtrisés. Les vétérinaires pourraient faire évoluer le suivi en y intégrant notamment la maîtrise des effectifs.
Lors d’un suivi de reproduction, l’un des critères d’alerte le plus souvent utilisé est l’intervalle vêlage-vêlage (IVV). L’intérêt économique de la maîtrise de ce critère ne fait plus débat, il est même possible d’évaluer l’économie potentielle réalisée en améliorant l’IVV sur le site Reproscope de l’Institut de l’élevage.
Ce critère, le Gaec des châteaux, en suivi repro avec notre clinique depuis quelques années, le maîtrise relativement bien avec un IVV à 390 jours. Or, en septembre 2019, cet élevage mixte laitier/allaitant avec 110 prim’holstein et 35 blanc bleu belge, nous fait intervenir plusieurs fois d’affilée pour des suites de vêlage de génisses difficiles. Ces génisses vêlées étaient soit trop grasses, soit beaucoup trop maigres ; elles vêlaient toutes au-delà de 30 mois. Malgré les soins prodigués, trois d’entre elles, qui ne se sont pas relevées après leur vêlage, ont dû être euthanasiées.
180 animaux non productifs pour 110 vaches
Après discussion avec les éleveurs, il a été décidé de revoir l’alimentation du troupeau en se concentrant dans un premier temps sur les élèves. Tous les plans d’alimentation ont été travaillés en partant du plan d’allaitement jusqu’au premier vêlage.
180 animaux non productifs ont été comptabilisés dans le seul atelier laitier. Les animaux présentant un retard de croissance trop important (tous les périmètres thoraciques ont été mesurés) ont été réformés en visant un vêlage à maximum 2,5 ans. Ces animaux ont été vendus très rapidement avec pour conséquence directe un apport de trésorerie. Et pour conséquence indirecte la réforme d’un bâtiment situé à un kilomètre de la ferme. Il sert maintenant de lieu de stockage.
Trois ans après, le Gaec insémine en semence sexée 25 génisses par an, arrivant ainsi à environ 60 animaux improductifs. Il insémine toutes ses vaches avec des doses de blanc bleu, ce qui permet une meilleure valorisation des veaux. Il travaille sur la sélection en génotypant ses élèves. Il utilise la stérilisation pour éviter aux vieilles vaches de se faire chevaucher par les jeunes en chaleur, mais aussi pour allonger leur lactation.
Regarder plus largement le troupeau
Le Gaec des châteaux montre un exemple de suites à donner au suivi repro. Pour participer plus activement à la réussite économique de l’élevage, les vétérinaires auraient tout intérêt à regarder plus largement le troupeau, ceci en relation avec les autres intervenants de l’élevage.
Le suivi repro classique pourrait être amélioré en y intégrant la maîtrise des effectifs en élevage. Plus d’animaux improductifs implique d’avoir plus de bâtiments, de stocks de fourrages/paille/aliments secs, de capacité de pâturage, de personnel pour s’en occuper et de capacité de trésorerie.
Ce sureffectif oblige aussi à sortir des vaches ayant peut-être juste atteint leur seuil de rentabilité alors qu’elles arrivent en troisième lactation, et leur pleine capacité de production. Or, combien d’élevages laitiers ont plus d’animaux non productifs que productifs ? Combien de veaux mâles laitiers naissent tout en n’ayant quasi aucune valeur économique, et donc sans accès à un éventuel traitement car celui-ci s’avère souvent plus cher que le veau lui-même ?
Comment maîtriser ses effectifs
La bonne gestion des effectifs passe par :
• la maîtrise de la croissance 0-2 mois : elle impacte l’âge au premier vêlage, la production en première voire deuxième lactation, les performances de reproduction en première lactation, et la durée de carrière productive ;
• la maîtrise sanitaire de l’animal en croissance, surtout des diarrhées et pneumonies ;
• la maîtrise de l’âge de la mise à la reproduction : plus vous inséminerez tôt vos animaux (13-14 mois dans le meilleur des cas), moins vous aurez besoin de génisses de renouvellement. Beaucoup, en inséminant les génisses uniquement à la rentrée des pâtures, perdent facilement 4 à 5 mois ;
• l’utilisation de semences sexées sur les génisses et du croisement sur les vaches.