Aller au contenu principal

« L’autochargeuse permet de récolter l'ensilage d'herbe avec une main-d’œuvre limitée »

Dans les Côtes-d’Armor, le Gaec du Pré neuf récolte 23 hectares avec une autochargeuse en Cuma. Une prestation facturée 60 euros de l’heure de tracteur et 60 euros par remorque.

Il est préférable que les parcelles ne soient pas trop éloignées du silo pour limiter le temps passé par l'autochargeuse sur la route.  © Krone
Il est préférable que les parcelles ne soient pas trop éloignées du silo pour limiter le temps passé par l'autochargeuse sur la route.
© Krone

« Avant, nous faisions de l’enrubannage par entreprise. Quand la Cuma a investi dans une remorque autochargeuse il y a six ans, nous sommes passés à l’ensilage d’herbe brins longs », expose Philippe Calvez, installé à Yffiniac dans les Côtes-d’Armor avec sa femme et leur fils. Depuis, face à l’évolution des pratiques des agriculteurs, la Cuma de Trégueux, dont Philippe est président, dispose aussi de deux ensileuses automotrices équipées de pick-up pour récolter l’herbe. « Nous sommes concernés sur le secteur par le problème des algues vertes dans la baie de Saint-Brieuc. Il y a eu une prise de conscience générale, tous les agriculteurs ont intégré de façon plus ou moins importante de l’herbe dans la ration », souligne-t-il. Le Gaec a fait le choix de continuer à récolter à l’autochargeuse. « On est limité en main-d’œuvre sur l’exploitation. Avec l’autochargeuse,  un seul chauffeur suffit, je tasse avec mon tracteur. Avec l’automotrice, il faudrait mobiliser un chauffeur pour l’ensileuse et trois chauffeurs pour les remorques. »

Trois coupes de fin mars à début juillet

Sur les 122 hectares que compte l’exploitation, 67 hectares sont en herbe dont 10 de prairies naturelles, 17 de ray-grass anglais – trèfle blanc pâturés et 40 de ray-grass hybride – trèfle violet. Une partie de ces 40 hectares (17 ha) est réservée à l’affouragement en vert de mars à septembre avec une petite autochargeuse de 7 m3. « Ce sont des parcelles proches à 500-600 mètres, avec un terrain bien stabilisé. Je fais en général huit coupes », précise l’éleveur.  

Les 23 hectares de RGH-TV restants sont récoltés avec l’autochargeuse de 42 m3 de la Cuma, avec une première coupe fin mars-début avril, une deuxième fin mai et une troisième début juillet. L’objectif est de récolter tôt une herbe de qualité, à 32-33 % de matière sèche. « Dès que je vois une fenêtre météo de cinq jours, j’appelle le chauffeur pour me positionner dans le planning. » Une quinzaine d’agriculteurs utilisent l’autochargeuse pour l’ensilage d’herbe (elle sert aussi de remorque au moment des ensilages de maïs). Les deux ensileuses peuvent offrir une issue de secours si le matériel n’est pas disponible.

Pour la fauche, le Gaec du Pré neuf utilise soit sa faucheuse de 3,40 mètres, soit le groupe de fauche de 9 mètres de la Cuma. Il est équipé en propre d’un andaineur double de 8 mètres. « On fane le lendemain, et on attend un à deux jours pour andainer et récolter. » L’autochargeuse est équipée de démêleurs qui permettent de détasser l’herbe au moment du déchargement. « Cela fait un gros volume, j’essaie d’étaler au maximum avec la griffe et de tasser au mieux. »

La Cuma vient de renouveler son autochargeuse avec une Schuitmaker de 42 m3 (110 000 €HT). « Notre ancienne machine avait un inconvénient : quand l’arrivée d’herbe était trop importante, les couteaux se rétractaient, et l'herbe était mal coupée. Notre nouvelle autochargeuse est conçue de façon à favoriser une alimentation plus régulière limitant les contraintes sur les couteaux, ce qui permettra d’avoir des brins plus courts, dans l’idéal 6-7 cm. »

En moyenne une heure pour faire un voyage

Les parcelles sont en moyenne situées à 3 km de la ferme, au maximum à 8 km. « Selon les coupes, on récolte entre 1,5 et 2 hectares avec une remorque. Il faut en moyenne une heure pour faire un voyage. » La Cuma facture le tracteur (Fendt 240 ch 824) 60 euros par heure et l’autochargeuse 60 euros par remorque : un tour revient donc à 120 euros. L’entretien (affûtage des couteaux, graissage…) est assuré par le chauffeur.

L’ensilage d’herbe est stocké dans un silo de 7,50 m de large et 42 m de long sur une hauteur de 2 m. « Cela permet d’avoir une vitesse d’avancement suffisamment rapide pour éviter l’échauffement. Je débâche tous les trois jours. » Le Gaec n’utilise pas de conservateur. L’ensilage est repris au silo avec une griffe et la ration est distribuée avec un bol mélangeur. « Je mets d’abord l’ensilage d’herbe en faisant tourner les couteaux, ce qui permet de réduire les brins à 3-4 cm. J’ajoute au dernier moment le maïs pour ne pas le hâcher trop finement. » Les vaches reçoivent une ration avec deux tiers d’ensilage de maïs,  et un tiers d’ensilage d’herbe. Depuis l’arrivée de deux robots GEA en décembre, elles sont passées en ration semi-complète, et continueront à pâturer cinq heures par jour. « Notre métier a complètement changé. Il est beaucoup moins contraignant. Je ne comprends pas qu’on n'ait pas mis de robot plus tôt ! »

Chiffre clés

100 vaches à 9300 litres
23 ha de RGH-TV ensilés
1,5 à 2 ha récolté par remorque de 42 m3
En moyenne 1 h pour charger-décharger
D'où une prestation facturée 120 €/remorque

Avis d'expert : Marine Futsch, responsable fourrages BCEL Ouest

« Attention à bien tasser et à la reprise au silo »

 

 
Marine Futsch, responsable fourrages BCEL Ouest © C. Anthoine
Marine Futsch, responsable fourrages BCEL Ouest © C. Anthoine
« La récolte à l’autochargeuse a l’avantage de mobiliser moins de monde. Elle est plus adaptée aux petits chantiers, et aux fauches précoces avec un objectif de qualité plus que de volume. La récolte se faisant en brins longs (5-6 cm variable selon les équipements), la densité au silo est plus hétérogène : on estime à -10 % la densité par rapport à des brins courts. On doit être particulièrement vigilant au moment du tassage car c’est plus compliqué d’étaler en couches fines avec un gros volume qui arrive d’un seul coup. Des rouleaux démêleurs à l’arrière de l’autochargeuse peuvent améliorer l’homogénéité des couches. Il faut également être vigilant lors de la reprise de l’ensilage car avec des brins longs, on a tendance à amener davantage d’air au niveau du front d’attaque : il est conseillé de privilégier encore plus une coupe franche.

 

Sinon les préconisations restent les mêmes. Ne pas faucher trop ras (au minimum 7 cm) pour éviter la contamination par de la terre ou des pierres, préserver la pérennité de la prairie et favoriser la valeur alimentaire. Faucher et faire des andains le plus larges possible pour maximiser la surface exposée au soleil et ainsi optimiser la vitesse de séchage. Mettre en place une couverture hermétique rapidement après confection du tas. L’andainage est important car les brins d’herbe doivent arriver perpendiculairement au dispositif de coupe intégré dans l’autochargeuse. L’objectif, pour optimiser la conservation, reste de récolter autour de 35 % de matière sèche, voire 40 % avec un fourrage très riche en azote pour éviter la solubilisation de l’azote. Il peut être intéressant d’utiliser un conservateur avec un fourrage riche en azote qui a de la valeur. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière